Les élections cumulées du 30 décembre dernier ont donné leur secret. Félix-Antoine Tshisekedi (Fatshi) a été proclamé par la Ceni 5ème président de la Rd Congo, confirmé par la Cour constitutionnelle. La passation du pouvoir entre lui et le président sortant, Joseph Kabila, a eu lieu au cour d’une cérémonie avec plusieurs invités étrangers et nationaux.
Mais la question qui se pose est celle de savoir avec quel Parlement Fatshi va-t-il travailler pour faire appliquer son programme gouvernemental, quand on sait que la plateforme Front commun pour le Congo (FCC) se targue d’avoir, théoriquement la majorité au niveau du Parlement qu’à celui des provinces. Espérant ainsi voir le nouveau premier ministre sorti de ses rangs. Il recueille 830 candidats sur 1200 à tous les niveaux.
Au niveau du Cap pour le Changement (CACH) qui regroupe l’UDPS de Tshisekedi et l’UNC de Vital Kamerhe, cette majorité du FCC n’est que factice. Le FCC n’est pas un parti politique ni un groupe parlementaire pour se prévaloir d’un groupe politique. Mieux encore, il n’a pas de statut politique reconnu. Tout parti politique ou plateforme ayant adhéré au FCC, l’avait fait pour des besoins électoraux tout en gardant son statut de parti politique et donc d’adopter, une fois les élections passées, une ligne qui cadre avec ses idéaux.
Ce qui justifie la prise de décision par le président Tshikekedi de nommer un informateur pour dégager la véritable majorité au Parlement, d’autant plus que le PPRD, parti de Kabila et ses alliés ne comptent que 33 députés au Parlement. Et donc, incapable de s’adjuger la majorité à tout seul. Une réflexion qui fait grincer les dents à l’ancienne majorité de Kabila où les débats sont houleux, sans doute pour la dispute des postes.
Mais comme on le sait, cette coalition qu’est le FCC reste une plateforme électorale composée de dizaines de partis ou autres regroupements ayant un mot à dire au Parlement. Ce n’est pas un groupe parlementaire. Le ralliement de ses différentes composantes à une majorité n’est donc pas automatique. Ainsi, l’élection passée, chacun fait désormais valoir ses intérêts, en vue d’obtenir un maximum de postes et pourquoi pas celui de Premier ministre. Des tractations « houleuses », selon plusieurs sources.
Déjà, dans un courrier adressé lundi soir au coordonnateur du Front commun, Bahati Lukwebo, deuxième force parlementaire avec l’AFDC et ses alliés, rappelle que le PPRD, le parti du président Kabila et ses satellites ne représentent que 33 % du poids politique de nouvelles assemblées. Il réclame une répartition « proportionnelle » des postes. Sans quoi, il choisira sa voie.
Selon des sources fiables, plusieurs partis envoient des signaux au CACH pour former une majorité au Parlement. Peut-on s’attendre à l’éclatement du FCC avant mars ? Rien n’est impossible pour celui qui connait la classe politique congolaise. Elle est comme du poisson qui suit là où l’eau va.
Même démarche pour les responsables de AABC, autre regroupement qui, dans un autre courrier réclament quatre postes de gouverneurs et de vice-gouverneur. Ce qui ne les empêche pas de rappeler leur attachement « à l’autorité morale du FCC », à savoir le président Kabila, et d’insister sur « la nécessité de ne pas aboutir à des frustrations ».
Vers la nomination d’un informateur ?
Jean-Pierre Kambila, ex. directeur adjoint de cabinet de Joseph Kabila et membre du PPRD, estime qu’il faut attendre la désignation d’un Premier ministre pour que « ces problèmes soient réglés ». Il assure aussi que le mode de désignation des gouverneurs a fait l’objet d’un accord il y a plusieurs semaines et qu’il est convenu que dans chaque province le parti politique ayant obtenu le plus grand nombre de sièges soit prioritaire.
Surenchères internes au FCC ou risque d’éclatement ? Du côté de la coalition Cash du président Félix Tshisekedi, minoritaire dans la nouvelle Assemblée, on se défend en tout cas de chercher à créer des dissidences. « Nous restons prudents et nous observons », assure Vidye Tshimanga, l’un de ses porte-parole, pour qui « l’objectif » reste de former avec le FCC « la majorité la plus large possible ». La question du choix ou non de nommer un informateur pour s’acquitter de cette tâche devrait être tranchée dans les prochaines 48 heures.
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