Les occidentaux sont sur le départ. À une semaine des élections du 23 décembre, les chancelleries occidentales multiplient des messages envers leurs ressortissants. La France, la Grande Bretagne et la Belgique l’ont déjà fait. Les USA viennent de les rejoindre en invitant les citoyens américains à « quitter la RDC » le plus tôt possible. Les élections du 23 décembre rimeraient-elles avec un chaos annoncé ? En Occident, on n’exclut plus cette hypothèse.
Le 23 décembre 2018, les 40 millions d’électeurs enregistrés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) seront appelés aux urnes. Le 21 décembre déjà, ça sera la fin d’une campagne électorale qui a révélé de grandes frictions dans l’opinion publique.
Sur les 21 candidats président de la République, trois émargent du lot, à savoir Emmanuel Ramazani Shadary du Front commun pour le Congo (FCC), Martin Fayulu de Lamuka et Félix Tshisekedi de Cap pour le changement (Cach). C’est par la partie Est de la RDC que les trois candidats en lice ont lancé leur campagne avant de se livrer à la conquête des provinces du Centre et de l’Ouest. Pour le moment, le jeu semble presqu’ouvert.
À première vue, c’est l’opposition qui a du vent en poupe ; le candidat du FCC ayant rencontré partout où il est passé une nette hostilité de la population qui est déterminée à rompre avec les années Kabila. Sans doute, le sprint final se discutera-t-il entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi. Ce sont les premières leçons de ces trois semaines de campagne, avant que les urnes ne livrent leur verdict le 23 décembre prochain.
C’est dire que les élections du 23 décembre sont entourées d’un grand suspense. L’avenir du pays y est également mis en jeu. Tout se joue maintenant au niveau de la Céni, en sa qualité de pouvoir organisateur des scrutins. Depuis tout ce temps, son président, Corneille Nangaa, a continué à clamer la transparence et l’équité, malgré ses méthodes décriées, notamment le recours à la machine à voter et un fichier électoral corrompu par des millions d’électeurs fictifs. Selon les milieux occidentaux, il y aurait des tensions en l’air et que, le 23 décembre, tout pourrait basculer dans un sens comme dans un autre.
Kinshasa, toutes les chancelleries occidentales sont sur le qui-vive ; elles multiplient des messages de prudence envers leurs ressortissants se trouvant encore en RDC. La France, la Belgique et la Grande-Bretagne l’ont déjà fait, obligeant le personnel non essentiel de leurs ambassades ainsi que leurs ressortissants à prendre des dispositions nécessaires pour se mettre à l’abri avant la date fatidique du 23 décembre. Y- aurait-il de la poudre en l’air ? Les milieux occidentaux redoutent des troubles généralisés, au regard des germes de conflit constatés çà et là en pleine campagne ; voire un peu avant.
Washington craint le pire
Tout récemment, le gouvernement américain a « ordonné le départ de la RDC du personnel non essentiel » de son ambassade à Kinshasa.
«Veuillez noter que le 14 décembre 2018, le gouvernement des États-Unis a ordonné le départ du personnel ne faisant pas partie de l’urgence et de leurs familles de la RDC. L’ambassade des États-Unis exhorte les citoyens américains à quitter le pays par des vols commerciaux au départ », dit un communiqué de l’ambassade américaine.
L’ambassade américaine rappelle à ce propos que les élections prévues pour le 23 décembre sont entourées d’une grande incertitude et pourraient à la limite déclencher des manifestations de grande envergure susceptibles de « limiter davantage les services du personnel consulaire, même à Kinshasa » à intervenir en faveur des ressortissants des États-Unis.
L’UE indexe la Céni
À l’instar des États-Unis, l’Union européenne subodore aussi l’apocalypse au terme des scrutins de dimanche prochain. Dans une déclaration faite par son porte-parole à la politique étrangère, l’UE note qu’«à quelques jours seulement du scrutin du 23 décembre 2018, des incidents, dont certains ont entraîné des pertes en vies humaines et des dégâts importants, viennent d’entraver le
bon déroulement de la campagne électorale en RDC. Il est important de faire toute la lumière sur ces incidents ».
Souscrivant pleinement à la déclaration de la Porte-parole de la Représentante spéciale du secrétaire général des Nations-Unies en RDC, publiée le 12 décembre 2018, relativement à l’importance d’une campagne électorale libre et ordonnée et la tenue d’élections transparentes, paisibles et crédibles, l’UE estime qu’ « il est essentiel que tous les acteurs congolais participent de manière pacifique et constructive au processus électoral, dans le plein respect des libertés fondamentales. Dans ce cadre, la Commission électorale nationale indépendante porte une responsabilité particulière dans la gestion transparente et efficace des prochaines étapes ».
De toutes les façons, le 23 décembre 2018, le peuple congolais ira aux urnes dans un processus électoral financé de bout en bout par Kinshasa. Après cette date, la RDC rentrera dans un cycle dont l’issue n’est pas connue d’avance. Mais, dans les chancelleries occidentales, on entrevoit déjà un chaos dont l’onde de choc pourrait se propager dans toute la région.
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