
Dans une motion d’information à l’Assemblée nationale, le député André Lite Asebea sollicite la démission du vice-ministre ai de l’Intérieur. Le feuilleton du diamant de 80 carats ou l’affaire Lambert Mende continue à défrayer la chronique. Que ce soit dans les rues, tout comme dans les salons huppés de la capitale, on en parle encore sans cesse. Tout est fonction de l’œil avec lequel chaque commentateur regarde Lambert Mende, dans ses anciennes fonctions de ministre de la Communication et médias, doublé de la casquette de porte-parole du Gouvernement Tshibala.
Cependant, à l’Assemblée nationale, les députés nationaux sont unanimes que leur collègue Lambert Mende, mérite bien autre chose, qu’un traitement déshumanisant, généralement réservé aux inciviques de grand chemin. A ce sujet, la dernière réaction en date est celle du député André Lite Asebea. Cet élu direct du peuple sollicite la démission de Basile Olongo, actuel ministre ad intérim de l’intérieur et sécurité.
Dans une motion d’information présentée à la plénière, ce député national explique qu’il s’agit d’une mesure conservatoire, afin d’éviter que « Ndeko Basile » ne puisse instrumentaliser sa position actuelle au sein du gouvernement sortant, pour soit orienter, soit gêner l’enquête déjà en cours sur cette affaire de diamant.
« Qu’un député national couvert par les immunités parlementaires ait subi un tel traitement inhumain et dégradant, de la part des forces de sécurité et de défense de l’Etat, nous choque profondément », déclare le député André Lite Asebea, sur un ton à la fois de révolte et d’indignation. Sa motion tombe comme un éclairage qu’il apporte à la chambre basse du Parlement, en rapport avec l’arrestation musclée et les violences infligées à Lambert Mende, le dimanche 19 mai dernier.
Y allant de son décryptant des propos défensifs et très largement médiatisés de Basile Olongo sur cette affaire, André Lite Asebea fait remarquer que ces derniers ont été truffés de graves contradictions. « Tantôt il affirmait tout ignorer sur cet enlèvement du collègue, tantôt, il accusait la victime de mensonge et de montage grossier d’une banale invitation pour répondre des faits infractionnels lui imputés…», note l’auteur de la motion d’information.
Par ailleurs, ce député national est d’avis que les sanctions et les poursuites en catastrophe contre les seuls général Awashango et colonel Mupepe de la PNC ne sauraient satisfaire les députés nationaux. « Le donneur d’ordre ainsi que tous les autres acteurs de cette forfaiture contre un membre de l’Assemblée nationale, qu’ils soient au gouvernement, dans les Forces armées de la RD Congo (FARDC) ou l’Agence nationale de renseignements (ANR), doivent en répondre devant leur juge naturel (…)», renchérit André Lite Asebea. Forum des As publie ci-dessous, l’intégralité du verbatim de ce député national devant ses collègues en plénière.
Ci-après ladite motion in extenso :
MOTION D’INFORMATION
Concerne : Éclairer l’Assemblée Nationale sur l’arrestation musclée et les violences infligées à l’honorable Mende, député national, le dimanche 19/05/2019
Honorable Présidente de l’Assemblée Nationale,
Honorables Madame et Messieurs les membres du Bureau,
Honorables Députés et Distingués collègues,
Je vous remercie Madame la Présidente et tous les collègues pour votre solidarité spontanée après l’enlèvement d’une rare brutalité dont a été victime l’un d’entre-nous, l’Honorable Lambert Mende Omalanga.
A la dernière séance, vous nous avez fait part de toutes les démarches entreprises par notre Bureau en faveur du collègue Mende dont les vrais tenants et aboutissants de l’arrestation sauvage par des éléments de la Police nationale congolaise et de la PM (FARDC) dimanche 19 mai n’ont malheureusement pas encore été élucidés ou justifiés jusqu’à ce jour. Tout ce que nous savons aujourd’hui, c’est que ce dimanche, peu avant 15h00’, le domicile du Député national Mende Omalanga a été envahi par un commando mixte PNC-FARDC qui s’est emparé de lui sans aucune procédure et l’ont molesté ainsi qu’en témoignent les images qui circulent en boucle sur les réseaux sociaux, depuis lors.
Il a été emmené vers la Direction des Renseignements généraux de la police nationale congolaise à Kinshasa-Gombe où le général Vital Awashango l’informa qu’il avait reçu l’ordre d’une « haute hiérarchie » non autrement identifiée, de l’entendre pour clarifier une affaire de diamant qui aurait disparu de la province du Sankuru avec ses propriétaires, des creuseurs artisanaux arrivés la veille de cette province et que c’est pour cela qu’il l’avait invité en ses bureaux.
C’est pour avoir exigé la production d’un mandat justifiant cette intrusion chez lui que notre collègue Mende a reçu des coups qui lui ont provoqué notamment un saignement au nez. Les informations réunies aujourd’hui renseignent que la finalité de l’opération était de s’accaparer du fameux diamant au profit du l’autorité donneur d’ordre. Elle était coordonnée par le général Awashango lui-même conjointement avec un cadre de l’ANR qui reste à identifier et qui y a affecté les éléments PM-FARDC détachés par l’armée nationale à la protection des installations du QG de l’ANR. Le colonel PNC Mupepe Samwani et le directeur Kalala César de l’ANR en étaient chargés de l’exécution de l’exécution sur terrain. Cette conjonction PNC-FARDC-ANR dans une « simple invitation » à un Député national doit être absolument clarifiée.
Honorable Présidente,
Qu’un député national couvert par les immunités parlementaires ait subi un tel traitement inhumain et dégradant de la part des forces de sécurité et de défense de l’État nous choque profondément.
Le vice-ministre de l’Intérieur et sécurité assumant l’intérim de ministre de l’Intérieur et sécurité s’est abondamment exprimé dans les médias sur cette affaire de façon contradictoire, affirmant tantôt tout ignorer sur cet enlèvement du collègue, accusant tantôt la victime de mentir et de faire un montage d’une banale invitation pour répondre de faits infractionnels lui imputés ; puis déclarant avoir sanctionné les auteurs de cette barbarie qui ne se justifiait guère à l’égard d’un Député national tout en disant que l’honorable Lambert Mende était condamnable pour avoir détenu illégalement un diamant des creuseurs artisanaux qui était « destiné à la Présidence de la République » et qu’il l’aurait « détourné » vers sa résidence.
Toutes ces interventions publiques confuses du ministre a.i. de l’Intérieur et sécurité indiquent sans le moindre doute qu’il avait un intérêt particulier dans cette expédition de type mafieuse ayant abouti à l’arrestation arbitraire assaisonnées de violences sur un député national en violation de la Constitution et des Lois de la République.
Dès lors que le général Awashango, le colonel Mupepe et d’autres exécutants actuellement poursuivis sont des préposés de la PNC placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, les déclarations intempestives et contradictoires du ministre a.i. Olongo à ce sujet sont manifestement de nature à gêner les efforts de la Justice pour la manifestation de la vérité sur ces faits dont il est de toute évidence l’auteur intellectuel.
Honorable Présidente, les sanctions et poursuites en catastrophe contre les seuls général Awashango et colonel Mupepe de la PNC pour ce que nous déplorons ne sauraient nous satisfaire. Le donneur d’ordre ainsi que tous les autres acteurs de cette forfaiture contre un membre de l’Assemblée Nationale, qu’ils soient au gouvernement, dans les FARDC ou l’ANR, doivent en répondre devant leur juge naturel.
En effet, ce dossier ne peut pas être clos sans que cette Auguste Assemblée n’ait su qui a donné l’ordre à la fois à la PNC, aux FARDC et à l’ANR pour agresser un député national. C’est pour cette raison que je sollicite à titre conservatoire la démission de ses fonctions au sein du gouvernement du ministre a.i. de l’Intérieur Basile Olongo afin, d’une part, d’éviter qu’il instrumentalise cette position pour gêner ou orienter l’enquête en cours et, d’autre part, de lui permettre d’assurer sa propre défense.
Cela constituerait un signal fort susceptible de dissuader à l’avenir quiconque se hasarderait à fouler aux pieds les droits garantis des citoyens congolais. Je vous remercie pour votre attention soutenue.
Laisser un commentaire