
Welwitschia dos Santos, dite « Tchizé », dit avoir « fui » l’Angola. Cette déclaration survient après que le groupe MPLA (parti au pouvoir) ait suggéré la suspension du mandat de la députée, conformément à la Constitution, en raison d’une absence de plus de trois mois du pays.
Mariée à un Portugais, Tchizé dos Santos, 40 ans, a déclaré à l’agence de presse portugaise Lusa avoir été forcée de fuir l’Angola parce qu’elle craint pour sa liberté et sa vie. Elle a aussi évoqué le cas d’un autre député du MPLA, Manuel Antonio Rabelais, ancien ministre de l’ex-président Eduardo dos Santos père de la députée arrêté alors qu’il s’apprêtait à partir pour Lisbonne; il est accusé de détournement de fonds.
Tchizé dos Santos a fait cette déclaration quelques jours après que le chef du groupe MPLA au parlement angolais lui a suggéré, dans une lettre datée du 7 mai, de faire suspendre son mandat par le président de l’Assemblée, conformément à la Constitution (article 151), qui indique que le mandat de député « doit être suspendu » en cas d’absence du pays dépassant les 90 jours ce qui est le cas de Tchizé dos Santos. Il ajoutait qu’elle pourrait reprendre ses activités à la fin de son absence.
Destituer le Président
Tchizé dos Santos a réagi violemment, assurant qu’elle n’avait pas choisi de séjourner à l’étranger (elle est à Londres, comme sa demi-sœur Isabel) mais qu’elle y était forcée. Dans sa déclaration à Lusa, elle a appelé à la « destitution » du successeur de son père, le président Joao Lourenço, pour « persécution » à son égard et « coup d’État contre les institutions ».
Le chef de l’État actuel, qui s’est lancé dans une opération anti-corruption aux allures de purge après le long règne d’Eduardo dos Santos, a fait éjecter la demi-sœur de Tchizé, Isabel dos Santos – la femme la plus riche d’Afrique – de son poste à la tête de la compagnie publique des pétroles, Sonangol; Isabel est accusée d’avoir d’étourné plusieurs dizaines de millions de dollars vers une de ses propres sociétés. Le demi-frère de Tchizé, Jose Filomeno dos Santos, dit « Zenu », a également été éjecté de son poste à la tête du Fonds souverain d’Angola, en janvier 2018; il est sous enquête pour un transfert de fonds suspect qui lui a déjà valu 6 mois de prison.
Très suivie sur les réseaux sociaux
Tchizé, issue du second mariage d’Eduardo dos Santos, est licenciée en communication sociale. Elle a été productrice d’émissions TV pour deux chaînes brésiliennes, Globo et TV Record; vice-présidente du Comité para-olympique angolais; présidente du club de foot Benfica Luanda; elle est députée depuis 2006 et membre du comité central du MPLA. Elle se vante d’être plus « suivie » sur les réseaux sociaux que le MPLA ou le Président. « Est-ce cette popularité de la députée que je suis qui est une des causes de l’intimidation et de l’hostilité dont je fais les frais au sein de mon propre parti? », a-t-elle écrit sur Facebook.
Le porte-parole du MPLA, Paulo Pombolo, a déclaré samedi l’appel de Tchizé dos Santos à la destitution du chef de l’État « très grave ». L’affaire, a-t-il ajouté, va être soumise à la Commission de discipline du MPLA. Il n’a pas écarté la possibilité d’une suspension de la députée par le groupe parlementaire, par le parti ou par le président de l’Assemblée. « Ce sont les règles du parlement, pas celles du parti », a-t-il ajouté. Selon lui, Tchizé dos Santos avait évoqué la santé de ses enfants dans sa lettre au président de l’Assemblée nationale demandant l’autorisation de quitter le pays.
La Libre Afrique
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