Batteur de cuivre, un métier qui se transmet de père en fi

En République démocratique du Congo, la région du Katanga compte plusieurs artistes dont le métier est de battre le cuivre au four pour fabriquer des tableaux de décoration ou des monuments. Parmi les grands noms de cette riche région minière, il y a les célèbres Chenge Baruti et Gabriel Kalumba, dont les œuvres ont fait le tour du monde. Des leaders dans le métier de batteur de cuivre qui ont transmis leur savoir-faire à la jeune génération. Faute de formation, le métier de batteur de cuivre se transmet de père en fils. Reportage à Lubumbashi de Denise Maheho.

Maître Ntumba, un batteur de cuivre, vit dans le quartier populaire de Kalebuka à Lubumbashi. Cet homme de 1,70 m  passe du temps à dessiner sur une feuille de carbone, puis à faire des tracés au ciselet sur du cuivre. Il est spécialisé dans la fabrication des tableaux destinés à la décoration murale intérieure. « Mes tableaux portent sur différents thèmes. Ici, la femme, la famille, là le marché traditionnel, là encore, le paysage… J’ai participé à plusieurs expositions, par exemple au Burkina Faso au Salon international de l’artisanat où on était avec feu maître Liyolo. Puis j’ai exposé au Mali, en Zambie, au Zimbabwe, en Afrique du Sud. »

Un vieux métier qui n’attire plus beaucoup des jeunes. Maître Ntumba essaye pourtant de partager sa passion sans compter. Après avoir formé une vingtaine des jeunes du quartier, dont son fils aîné, c’est à présent au cadet de 9 ans, Dany Kabamba, qu’il transmet son savoir-faire. « J’observe papa quand il travaille et j’apprends. Le plus difficile dans ce métier, c’est de battre le cuivre, surtout quand c’est une tôle ondulée. Il faut la chauffer à plus de 100 degrés, puis l’aplatir à coup de marteau. Je compte un jour ouvrir mon propre atelier. »

Un peu plus loin, dans la commune de la Kenya, dans une combinaison bleue, Didier Madi fabrique lui aussi des tableaux en cuivre. Il l’a appris auprès de maître Ntumba il y a plus de 20 ans. « Première étape, je dessine sur du papier. Ensuite, à l’aide du papier carbone, je calque ce dessin sur une feuille de cuivre. Puis j’utilise ces petits burins pour tracer et reprendre le dessin. Là, ce qu’il me reste, c’est réchauffer la tôle sur du charbon de bois pour la rendre souple et pouvoir créer des reliefs. Enfin, je mets les couleurs, noire et rouge. »

Aujourd’hui, ces passionnés du cuivre battu craignent pour l’avenir de leur métier. Il n’y a plus beaucoup d’acheteurs et la matière première se fait rare. Mwembia, un autre artiste : « Pour préparer la relève, il faut avoir la matière première. Or la société LATRECA qui est ici, premiers laminoirs en Afrique, qui nous approvisionnait en tôles légères de cuivre, ne produit plus. On s’est rabattu sur des tôles en cuivre récupérées des toitures des maisons. Aujourd’hui, même ces tôles de récupération sont introuvables, que faire ? »

Alors que le Katanga produit plus d’un million de tonnes de cuivre, plusieurs ateliers de batteur de cuivre sont fermés à Lubumbashi, car toute la production est destinée à l’exportation.


RFI /provinces26rdc.net

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