Birmanie : le retour d’une grande fête bouddhique, entre joie et tristesse

Des milliers de personnes ont participé jeudi à une procession bouddhique sur le lac Inle, dans l’une des plus grandes cérémonies religieuses de Birmanie, partagées entre la joie de se retrouver après trois éditions annulées, et la tristesse du conflit civil.

Durant les 17 jours de la fête de la pagode Hpaung Daw U, une barge dorée en forme d’oie transporte quatre images sacrées du Bouddha d’un village à l’autre autour du lac Inle, dans l’Etat Shan (Est).

Le lac, de 22 kilomètres de long, est considéré comme l’un des principaux sites touristiques de Birmanie, mais pandémie de coronavirus et coup d’Etat ont fait fuir les visiteurs.

Les événements ont aussi conduit à l’annulation des trois dernières éditions du festival religieux, privant la population locale d’une occasion de vénérer les images supposées apporter félicité.

Pour son retour cette année, la procession a été suivie dès l’aube par des dizaines de bateaux avec des dévots à leur bord, au son des tymbales et des tambours accompagnant la flottille.

« Nous prenons du plaisir ici, mais sur l’autre rive la situation n’est bonne », rappelle Phuu Pyae Thwe, une étudiante de 18 ans.

« La situation nous attriste. Nous sommes aussi inquiets d’éventuels affrontements qui peuvent éclater sur le chemin », poursuit-elle auprès de l’AFP.

La dernière des cinq images sacrées du Bouddha conservées dans la pagode Hpaung Daw U, située sur le lac Inle, est la seule à ne pas faire le voyage. Elle était tombée à l’eau il y a plusieurs dizaines d’années.

La procession aquatique, qui convoque de vieilles traditions birmanes dans un cadre naturel spectaculaire, a attiré de nombreux touristes étrangers durant la décennie de transition démocratique initiée en 2011.

– « Nous prions pour elles » –

Mais le coup d’Etat en 2021 contre Aung San Suu Kyi a inversé la dynamique. Les combats entre la junte et ses opposants ethniques et politiques ont étranglé l’économie et isolé le pays.

Dans la ville voisine de Nyaungshwe, un employé d’hôtel a déclaré de manière anonyme à l’AFP que 80% du personnel avait été licencié.

« Beaucoup d’hôtels sont fermés parce qu’il n’y a ni touristes locaux, ni touristes étrangers », selon cette source.

L’Etat Shan se trouve hors des points chauds du conflit civil, qui s’étend sur une majorité du territoire.

Mais en mars dernier, à quelques heures du lac Inle, une trentaine de personnes qui s’étaient réfugiés dans un monastère pour échapper aux combats ont été tuées. La junte et ses opposants ont accusé le camp adverse d’être à l’origine du massacre.

« Nous faisons de bonnes actions pour les personnes en Birmanie qui souffrent. Nous prions pour elles », déclare Than Nyunt, une résidente de 75 ans.

Sur le lac, Htway Yi libère sa joie de revoir les images sacrées. « Nous sommes heureux maintenant. Je veux que le lac soit aussi fréquenté qu’avant », lâche-t-elle.


AFP / Provinces26rdc.com

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