« Génocide » à Gaza, « responsabilité » des États-Unis dans le conflit, engagement du Hezbollah… Hassan Nasrallah a prononcé vendredi son premier discours depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Voici ce qu’il faut en retenir.
Toute la région était suspendue à son discours. Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a averti vendredi que l’éventualité « d’une guerre totale » était « réaliste », soulignant que « toutes les options » étaient sur la table concernant le front libanais avec Israël.
Pour sa première prise de parole très attendue depuis le début de la guerre, le chef de la milice a également assuré que l’attaque du 7 octobre était une décision « 100 % palestinienne », et a insisté sur la responsabilité des États-Unis dans le conflit. Voici ce qu’il faut retenir de son discours
Une décision « 100 % palestinienne »
Hassan Nasrallah a commencé par saluer dans son discours la mémoire des « martyrs », alors les affrontements au Liban ont fait « 57 morts » parmi les combattants du Hezbollah, a-t-il annoncé. « Aux familles nous adressons nos félicitations et nos condoléances pour la perte de leurs proches », a-t-il déclaré, évoquant aussi le « sacrifice » des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Abordant le « contexte » de l’attaque du 7 octobre, le chef du Hezbollah a évoqué « quatre sujets pressants pour les Palestiniens » : les milliers de prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, la mosquée d’Al-Aqsa et Jérusalem, le blocus sur Gaza, ainsi que « les nouveaux dangers » qui menacent la Cisjordanie, notamment les colonies (israéliennes) et les tueries et les arrestations quotidiennes.
« Tous ces problèmes ont été oubliés », a-t-il souligné, mais ils se sont imposés « une fois de plus aux yeux du monde entier ». L’attaque du 7 octobre est le résultat d’une « décision 100 % palestinienne », a-t-il assuré. « Le secret entourant cette opération a garanti son succès », a-t-il également estimé.
Hassan Nasrallah a qualifié cette attaque d’« acte d’héroïsme », qui a conduit à un « tremblement de terre ». Elle a également révélé la « faiblesse » et la « fragilité » d’Israël, a-t-il ajouté, estimant aussi que « le soutien rapide des États-Unis à Israël a révélé l’échec de cette entité ». « Les sacrifices actuels à Gaza et en Cisjordanie en valent la peine », a poursuivi le chef du Hezbollah, pour qui il n’y avait pas d’autres options. « L’autre option était d’attendre la mort », a-t-il ainsi déclaré. « C’était le choix qui s’imposait », a-t-il ajouté.
Un « génocide » à Gaza
Israël était « perdue » et « en état de choc » après l’attaque du 7 octobre, a-t-il indiqué aussi. « Tous les civils (en Israël) qu’on accuse le Hamas d’avoir tué, sont morts sous les balles et les missiles de l’armée israélienne qui se comportait de manière folle », a-t-il affirmé.
Le chef du Hezbollah a estimé que « la plus grande erreur d’Israël » était de se fixer « des buts qu’elle ne peut pas atteindre », à savoir « éliminer le Hamas » et libérer les otages.
Hassan Nasrallah a également accusé les Israéliens de commettre un « génocide » à Gaza, en tuant « surtout des civils », dont « une majorité des femmes et d’enfants ». « Ils n’ont pas été capables d’obtenir un seul succès militaire en un mois », a-t-il tancé, à part « commettre un massacre ». Cela prouve selon lui « la nature barbare et brutale de cette entité » d’Israël.
Les États-Unis « responsables »
Le chef du Hezbollah a ensuite pointé le rôle des États-Unis, « complètement responsables de ce qui se passe à Gaza ». « L’Amérique est ce qui empêche un cessez-le-feu à Gaza », a-t-il dénoncé. « Elle doit être tenue responsable et punie pour ses actes », a-t-il aussi estimé.
Hassan Nasrallah a aussi exhorté la population mondiale à prendre position dans le conflit, en soutenant que « défendre la population de Gaza est un acte d’humanité ». « Ceux qui sont silencieux doivent reconsidérer leur humanité », a-t-il ajouté.
Il a ensuite estimé que cette guerre était un moment « historique » et « décisif ». « Cela demande à tout le monde de prendre ses responsabilités », a-t-il déclaré, estimant qu’il fallait poursuivre « deux objectifs » : mettre fin à « l’agression de Gaza » et aider le Hamas à obtenir la « victoire ». « La victoire de Gaza signifie la victoire des Palestiniens », a-t-il souligné.
Une issue à laquelle auraient selon lui intérêt les pays de la région, « principalement le Liban ». « Les pays arabes et islamiques doivent tenter de mettre fin à la guerre », a-t-il exhorté, estimant qu’ « il ne suffit pas de condamner » et appelant ces pays à « cesser les exportations vers Israël ».
« Toutes les options sont sur la table »
Hassan Nasrallah a ensuite insisté sur l’« importance » de l’engagement du Hezbollah dans le conflit. « Pour ceux qui demandent au Hezbollah d’entrer dans une guerre ouverte, ce qui se passe à la frontière peut paraître modéré. Mais ce n’est pas le cas », a-t-il indiqué, assurant que « ce que nous faisons à un grand impact ».
Le chef de la milice chiite s’est ainsi félicité d’avoir contraint une grande partie des forces militaires israélienne à défendre la frontière. Il a également souligné la « terreur » que ces actions ont provoquée, les Israéliens craignant que « ce front ne donne lieu à une escalade supplémentaire ou à une guerre à l’échelle mondiale ». « Cela pourrait arriver », a-t-il mis en garde.
« Toutes les options sur notre front sont sur la table et nous pourrons y recourir à tout moment », a-t-il ainsi affirmé, en tentant de dissuader les Américains d’intervenir. « Les menaces contre nous ne servent à rien. Vos forces navales en Méditerranée ne nous effraient pas et ne nous ont jamais effrayés », a-t-il ainsi déclaré.
Le Parisien / Provinces26rdc.com
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