Mohamed Touré et son épouse Denise ont été condamnés lundi, par le tribunal fédéral de Fort Worth (Texas), à sept ans de prison et à la saisie de leurs biens pour trafic d’être humain, travail forcé, hébergement d’un étranger en situation illégale et, dans le cas de ce fils de l’ancien dictateur guinéen Sékou Touré, déclarations mensongères au FBI.
Le couple Touré avait fait venir à son domicile de Southlake, une banlieue de Dallas, une fillette d’un village pauvre de Guinée-Conakry, Djenna Diallo, lorsqu’elle était encore enfant (sa date de naissance n’est pas connue), en janvier 2000. Elle s’en était enfuie en 2016, avec l’aide de voisins.
« Comme la famille »
Selon la défense, la fillette était traitée comme les cinq enfants du couple, un peu plus jeunes qu’elle et faisait partie de la famille. Ils ont présenté comme preuves des photos de sorties familiales auxquelles elle participait et des témoignages des cinq enfants, dont seule la plus jeune vit encore avec ses parents.
La défense a assuré que Djenna Diallo avait manipulé les faits pour avoir le droit de rester aux États-Unis alors que le couple allait la renvoyer en Guinée. D’ailleurs, n’aurait-elle pu fuir bien avant? « Non », a répondu la victime, « parce que je n’avais pas de famille où aller ».
Ni école, ni soins médicaux
Selon l’accusation, Djenna Diallo devait s’occuper des cinq enfants Touré, faire la cuisine et le ménage et s’occuper du jardin. Contrairement aux enfants du couple, elle n’allait pas à l’école et ne recevait pas de soins médicaux; les vêtements qu’on lui achetait étaient de moindre qualité que ceux des enfants Touré.
La jeune femme, âgée aujourd’hui d’une vingtaine d’années, a dit qu’elle était quelquefois battue par sa patronne avec un fil électrique; à une occasion, M. Touré s’était assis sur elle pour l’immobiliser pendant que sa femme frappait. Djenna Diallo n’a jamais été payée et ses patrons avaient confisqué ses papiers d’identité; le visa de tourisme avec lequel elle était entrée aux États-Unis a expiré en mars 2000 et aucune demande n’a été faite pour le renouveler.
L’accusation a aussi souligné que M. Touré avait fait de fausses accusations au FBI en affirmant que le couple était occupé aux démarches pour adopter la jeune femme.
Prison et bien saisis
Le procureur avait requis dix ans de prison contre les deux accusés. Ils ont été condamnés à sept ans de prison ferme et trois ans de résidence surveillée, au paiement de 288.000 dollars de compensation à leur jeune victime et à la saisie de leur maison, d’une valeur de plus d’un demi-million de dollars, et de leurs comptes en banque – sur lesquels arrivaient d’ »importantes sommes » de Guinée, selon les enquêteurs.
Mohamed Touré est toujours soutenu par le parti héritier de celui de son père, qui régna sur la Guinée de 1958 à 1984.
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