Israël renvoie les travailleurs gazaouis à Gaza et «coupe tout contact» avec le territoire

Alors qu’Israël a annoncé avoir encerclé la ville de Gaza après une semaine de combats au sol et des frappes meurtrières sur le territoire palestinien, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce vendredi en Israël, et appelle à des « mesures concrètes » pour épargner les civils.

L’armée israélienne a annoncé avoir achevé « l’encerclement de la ville de Gaza », une semaine après le début de l’opération terrestre israélienne dans le territoire palestinien, où quatre écoles de l’ONU abritant des déplacés ont été touchées jeudi.

Le Hezbollah libanais a annoncé jeudi avoir mené des attaques simultanées sur « 19 positions » israéliennes, auxquelles Israël a riposté avec une « vaste frappe », qui a fait quatre morts selon l’Agence nationale d’information (ANI) libanaise à Beyrouth. Cette montée des tensions à la frontière libano-israélienne intervient alors que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours ce vendredi sur la future implication, ou non, du groupe chiite dans le conflit qui a éclaté entre le Hamas et Israël.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Israël a indiqué renvoyer dans la bande de Gaza tous les travailleurs gazaouis bloqués depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dans l’État hébreu, et « couper tous les liens » avec l’enclave palestinienne.

Jeudi, 400 étrangers et binationaux ont traversé le point de passage de Rafah entre Gaza et le Sinaï égyptien. L’Égypte a annoncé aider à évacuer « environ 7 000 étrangers ».

Depuis le 7 octobre, 1 400 Israéliens ont été tués, dont 333 soldats, et l’armée israélienne fait état de 240 personnes retenues en otage par le Hamas. 9 061 Palestiniens sont morts à Gaza, dont plus de 3 500 enfants, a indiqué jeudi midi le ministère de la Santé sur place, contrôlé par le Hamas.

Témoignage d’une Gazaouie à Gaza Ville

À Gaza, le peuple palestinien court un grave risque de « génocide », disent des experts des Nations Unies. Ils préconisent une action rapide pour stopper les frappes meurtrières israéliennes.

Depuis sa fenêtre à Gaza Ville, Assiya observe une pluie de tracts se déverser sur le quartier voisin, décrit notre correspondant, Sami Boukhelifa. Des ordres d’évacuation, lâchés par les avions israéliens. Ils annoncent un bombardement. « On vient d’envoyer des alertes par les papiers jetés par le ciel, comme quoi il faut évacuer tout de suite. Il faut que les gens partent là-bas, c’est la rue qui est juste sur la mer », explique Assiya.

La rue qui donne sur la mer, c’est le camp Al-Shati, littéralement le camp de la plage, un camp de réfugiés palestiniens. Il se trouve à un kilomètre de l’appartement d’Assiya. « Le bâtiment où nous sommes, c’est au milieu de la ville de Gaza. Et même si on va sortir, on ne sait pas où aller. On a essayé de trouver une maison, de trouver une école, mais il n’y en a pas », se lamente-t-elle.

Plus d’un million de personnes ont fui le nord de la bande de Gaza, et s’entassent dans des appartements ou des écoles, situés dans le centre et le sud de l’enclave, des zones où les bombardements sont moins intenses.

Blinken arrive en Israël pour parler avec Netanyahu de la situation des civils palestiniens

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé ce vendredi matin à Tel-Aviv, où il entend notamment faire pression sur Israël pour assurer la protection des civils palestiniens pris au piège de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.

M. Blinken, dont c’est le deuxième déplacement au Proche-Orient depuis le début de cette guerre, doit s’entretenir vendredi matin avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et participer à une réunion de son cabinet de sécurité, d’après un journaliste de l’AFP qui l’accompagne. Lors de ce déplacement vendredi à Tel-Aviv, puis ce week-end en Jordanie, le secrétaire d’État américain affiche plusieurs objectifs : faire pression sur l’allié israélien pour protéger les civils palestiniens de Gaza et en Cisjordanie occupée, et assurer un flux continu de l’aide humanitaire qui arrive encore un trop petit nombre dans la bande de Gaza.

Discours très attendu du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ce vendredi

Des dizaines de milliers de personnes sont attendues dans les quatre rassemblements prévus dans différentes régions du pays, où le discours sera retransmis sur des écrans géants, raconte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.

Les violences ont fait 70 morts au Liban, dont 52 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP, et neuf tués côté israélien d’après les autorités. Ce discours est prévu à 13H00 TU à l’occasion d’une cérémonie organisée dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, pour honorer les « martyrs » de la puissante formation pro-iranienne tombés depuis le 7 octobre. Les violences ont fait 70 morts au Liban, dont 52 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP, et neuf tués côté israélien d’après les autorités.

À l’approche de ce discours, les Libanais sont partagés entre inquiétude et fébrilité. Les adversaires politiques du Hezbollah ne cachent pas leur crainte que le Liban soit entraîné dans la guerre, ce qui constituerait un « crime contre le pays », comme l’a dit jeudi le chef chrétien, Samir Geagea. De leur côté, les partisans du Hezbollah et des Palestiniens n’attendent pas moins qu’une déclaration de guerre contre Israël.

Quelques signaux laissent croire que le ton d’Hassan Nasrallah sera ferme et menaçant. D’abord la machine de mobilisation de la base populaire du Hezbollah tourne à plein régime. Il y a aussi le message de soutien envoyé par les combattants du Hezbollah à leurs frères d’armes à Gaza, dans lequel ils affirment qu’ils ont « le doigt sur la gâchette ». Cette démarche symbolique est très significative. Le plus important signal reste, enfin, l’escalade sans précédent initiée par le Hezbollah sur le front libano-israélien jeudi.

Violents affrontements le long de la frontière libano-israélienne entre le Hezbollah et l’armée israélienne

Artillerie, aviation, drones armés et roquettes sont entrés en action des deux côtés de la frontière pendant des heures jeudi. Une salve de roquettes a aussi été tirés par le Hamas à partir du Liban vers la localité de Kyriat Chmona dans le nord d’Israël. Le bilan de ces échanges de tirs est de six morts au moins dans les rangs du Hezbollah, et un blessé en Israël, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.

L’escalade est d’abord qualitative, car le Hezbollah a utilisé pour la première fois depuis le début des affrontements des drones kamikazes pour attaquer le QG d’un bataillon israélien. Une escalade aussi quantitative car pour la première fois, le parti de Hassan Nasrallah a pris pour cible simultanément 20 positions israéliennes, soit la moitié des sites militaires installés par Israël le long de la frontière avec le Liban.

La riposte israélienne était tout aussi vaste que l’attaque du Hezbollah. Des avions de combat ont mené des raids sur les abords d’une dizaine de localités libanaises et l’artillerie a tiré des centaines d’obus le long de la frontière, provoquant des incendies dans des vergers et des dégâts dans des habitations. Ce vendredi matin, des tirs d’artillerie sporadiques se poursuivent aux abords de plusieurs localités du sud-Liban.

Des drones américains au-dessus de Gaza

Des drones de surveillance américains ont volent au-dessus de Gaza pour tenter de trouver des traces des otages retenus par le Hamas, ont rapporté deux responsables américains à l’agence de presse Reuters. Un des responsables a précisé que des drones survolent la bande de Gaza depuis plus d’une semaine, alors que 10 Américains sont portés disparus et pourraient figurer parmi les 240 personnes retenues en otage à Gaza.

Les Émirats mettent en garde contre le risque d’embrasement régional

Les Émirats arabes unis ont mis en garde ce vendredi 2 novembre contre le risque de voir le conflit entre Israël et le Hamas s’étendre à la région, ajoutant qu’ils travaillaient « sans relâche » à l’obtention d’un cessez-le-feu humanitaire. « Alors que nous continuons à travailler pour arrêter cette guerre, nous ne pouvons pas ignorer le contexte dans son ensemble et la nécessité d’apaiser les tensions dans la région, alors que nous approchons d’un point critique », a déclaré Noura al Kaabi, ministre d’État aux Affaires étrangères, lors d’une conférence organisée dans la capitale des Émirats, à Abou Dhabi.

« Le risque de débordement régional et d’escalade est réel, de même que le risque que des groupes extrémistes profitent de la situation pour promouvoir des idéologies qui nous enfermeront dans des cycles de violence », a-t-elle ajouté.

Combats urbains dans Gaza, quelles difficultés ?

Israël a annoncé jeudi avoir achevé « l’encerclement » de la ville de Gaza après une semaine de combats au sol contre le Hamas. Les soldats israéliens se préparent donc à des combats urbains dans la ville de Gaza. Quelles peuvent être les difficultés de tels combats ? Question posée à Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’IESD, l’Institut d’études de stratégie et de défense.

Vous avez des menaces qui peuvent venir d’en haut, avec les buildings, c’est pour ça que vous avez des frappes aériennes qui sont importantes pour détruire certaines zones, et niveler un peu ce champ de bataille. Vous avez aussi la menace de pièges, d’obstacles dans les zones urbaines, et même dans les rues, tout simplement.

Le Croissant-Rouge palestinien rapporte entendre de nouveaux bombardements à l’hôpital Al-Quds à Gaza

« Des bombardements répétés sont entendus dans les environs de l’hôpital Al-Quds. Cette vidéo montre la situation horrible que vivent les 14 000 personnes déplacées dans l’hôpital », expose le Croissant-Rouge palestinien sur X. L’organisation annonce aussi avoir reçu 2000 rapports de portés disparus sous les décombres dans la bande de Gaza, parmi lesquels 1100 enfants.

Israël renvoie les travailleurs gazaouis et « coupe tout contact » avec Gaza

Israël a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi renvoyer à Gaza tous les travailleurs gazaouis bloqués depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, et « couper tous les liens » avec le territoire contrôlé par l’organisation islamiste. « Les travailleurs de Gaza qui se trouvaient en Israël le jour du début de la guerre vont être renvoyés à Gaza », a indiqué le cabinet de sécurité israélien dans un communiqué.

De façon générale, « Israël coupe tous les liens avec Gaza, il n’y aura plus de travailleurs palestiniens de Gaza », a souligné le cabinet. Quelque 18 500 Gazaouis bénéficiaient d’un permis de travail en Israël au moment du déclenchement de la guerre, selon le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens. Contacté par l’AFP, le Cogat n’a pas immédiatement fourni le nombre de travailleurs gazaouis qui se trouvaient en Israël au moment du début du conflit. Ce chiffre a été évalué à jusqu’à 4 000 personnes par des médias israéliens.

Les républicains américains ont adopté une large enveloppe pour Israël, mais pas pour Gaza

Aux États-Unis, la Chambre des représentants contrôlée par les républicains, vient de faire passer une loi pour aider Israël après les attaques du Hamas. Mais le Sénat et le président démocrate ne l’entendent pas de cette oreille. En effet, Joe Biden réclamait que cette aide aille de pair avec des fonds pour Gaza, l’Ukraine, et des partenaires en Asie.

Le nouveau « speaker » de la Chambre, Mike Johnson, propose plus de 14 milliards de dollars pour Israël. Ce jeudi, la quasi-totalité des républicains ont voté pour et une douzaine de démocrates les accompagne, mais la plupart ont voté contre alors que le sujet est habituellement bipartisan, raconte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin.

Deux raisons à cette rupture d’unité. D’abord les républicains y associent des baisses de financement pour les services fiscaux, une priorité de Joe Biden et des siens, qui affirment que le texte va creuser le déficit en faisant rentrer moins d’argent dans les caisses. Ensuite, dans cette loi, il n’y a rien pour l’aide humanitaire à Gaza et rien pour l’Ukraine.

« Ce texte n’a aucune chance de passer au Sénat », prévient donc le chef de la majorité démocrate à la Chambre haute. Commet un certain nombre de sénateurs républicains, il veut lui aussi ce que demande Joe Biden : une rallonge globale à plus de 100 milliards de dollars pour toutes les questions de sécurité nationale à travers le monde. Le président prévient que si d’aventure, le texte de la Chambre arrive jusqu’à son bureau, il utilisera son droit de véto. Autrement dit, l’épreuve de force est annoncée et l’inévitable négociation va retarder d’autant l’aide à l’Ukraine et à Israël.

Antony Blinken attendu en Israël ce vendredi

Le secrétaire d’État américain entame sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre. « Nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza », a déclaré M. Blinken avant de quitter Washington.

 


RFI / Provinces26rdc.com

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