L’auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr remporte le prix Goncourt pour « La plus secrète mémoire des hommes »

Oubliée l’édition 2020 qui avait été reportée pour cause d’épidémie et de fermeture des librairies, le prestigieux prix littéraire a été décerné ce mercredi midi au restaurant Drouant.

Mohamed Mbougar Sarr a remporté ce mercredi 3 novembre le prix Goncourt 2021 pour son roman La plus secrète mémoire des hommes. Il a obtenu 6 voix au premier tour. Ce prix récompense aussi un petit éditeur, les éditions Philippe Rey.

Le jeune écrivain sénégalais était donné favori par une majorité de journalistes littéraires interrogés par la revue Livres Hebdo. Son âge, 31 ans, en fait le vainqueur le plus précoce depuis le Goncourt 1976.

Dans son livre, Mohamed Mbougar Sarr décrit un personnage d’écrivain maudit africain évaporé dans la nature après la publication d’un livre culte et honni.

«Je ressens beaucoup de joie. Tout simplement», a-t-il déclaré à la presse à son arrivée à Drouant, dans le quartier de l’Opéra à Paris. « Il n’y a pas d’âge en littérature. On peut arriver très jeune, ou à 67 ans, à 30 ans, à 70 ans et pourtant être très ancien», a-t-il ajouté.

« Un retour aux fondamentaux du Goncourt »
Les autres finalistes étaient Sorj Chalandon, Louis-Philippe Dalembert et Christine Angot. Les deux premiers ont reçu des voix alors qu’aucune n’est allée à Christine Angot qui avait remporté, la semaine dernière, le prix Médicis.

«Avec ce jeune auteur, on est revenu aux fondamentaux du testament du Goncourt. 31 ans, quelques livres devant lui. Espérons que le Goncourt ne lui coupera pas son désir de poursuivre», a commenté Philippe Claudel, du jury.

«Ça c’est fait au premier tour. C’est écrit de façon flamboyante. C’est un hymne à la littérature», a souligné Paule Constant, autre membre du jury

Le prix Renaudot a également remis ce mercredi à Drouant à Amélie Nothomb pour Premier sang.

Des thèmes graves

Cette année, les thèmes des quatre romans finalistes étaient plus graves que les années précédentes : l’inceste chez Christine Angot, la mythomanie d’un père engagé avec les nazis chez Sorj Chalandon, les violences policières chez Louis-Philippe Dalembert, et la difficulté de la littérature africaine à se faire reconnaître chez Mohamed Mbougar Sarr.

Christine Angot a remporté mardi 26 octobre le prix Médicis pour « Le Voyage dans l’Est » (éditions Flammarion), récit de l’inceste dont elle a été victime de la part de son père.

Dans « Enfant de salaud » (éditions Grasset), Sorj Chalandon met au jour le passé collaborationniste de son père.

L’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert signe avec « Milwaukee Blues » (éditions Sabine Wespieser) une fiction s’inspirant du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd par un policier blanc, en mai 2020.

Des centaines de milliers d’exemplaires

Le prix Goncourt, décerné par un jury de sept hommes et trois femmes, ne rapporte qu’un chèque de 10 € à son lauréat, mais il garantit des centaines de milliers d’exemplaires vendus.

En 2020, le Goncourt avait été remporté par L’Anomalie, roman phénomène d’Hervé Le Tellier, dans lequel une galerie de personnages voient leurs destins se croiser au cours d’un vol Paris-New York chamboulé. Ce prix 2020 avait généré en librairie un engouement jamais vu depuis L’Amant de Marguerite Duras en 1984.


AFP / Ouest-France /provinces26rdc.net

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