
Après plus de deux ans d’intérim, le Liban a de nouveau un gouvernement. Composé notamment de cinq femmes et de personnalités comme Ghassan Salamé, ancien émissaire de l’ONU en Libye, il devra revoir les accords – comme celui avec le FMI – et préparer les élections législatives prévues en 2026.
Un nouveau gouvernement dirigé par Nawaf Salam a été formé samedi 8 février 2025 au Liban après plusieurs semaines de difficiles tractations, mettant fin à plus de deux ans de gouvernance intérimaire dans un pays profondément marqué par la récente guerre entre Israël et le Hezbollah.
Le Premier ministre libanais a dit espérer que son nouveau gouvernement serait un « gouvernement de réforme et de salut », dans une déclaration télévisée quelques instants après la formation de son cabinet.
Il a ajouté qu’il s’efforcerait de « rétablir la confiance entre les citoyens et l’État, entre le Liban et ses voisins arabes, et entre le Liban et la communauté internationale », après la guerre et des années d’effondrement économique largement imputé à la corruption généralisée et à la mauvaise gestion.
Son gouvernement est confronté à la tâche ardue de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour débloquer des milliards de dollars auprès des donateurs internationaux, de superviser un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et de reconstruire le pays.
« Le président (Joseph) Aoun a signé un décret acceptant la démission du gouvernement du Premier ministre (par intérim) Najib Mikati (…) et un autre sur la formation d’un gouvernement de 24 ministres » dirigé par Nawaf Salam, a déclaré la présidence dans un communiqué.
Cinq femmes et des personnalités
Le nouveau gouvernement comprend cinq femmes, dont Tamara Elzein, ancienne secrétaire générale du Conseil National de la Recherche Scientifique, et Haneen Sayed, qui a travaillé comme spécialiste pour la Banque mondiale.
Il compte également Ghassan Salamé, ancien émissaire de l’ONU en Libye et père de la journaliste Léa Salamé.
L’ancien député Yassine Jaber, qui entretient des liens étroits avec mouvement chiite Amal, un allié du Hezbollah, a été nommé au poste stratégique de ministre des Finances. Certains ont critiqué cette nomination, la considérant comme un avantage pour le président du Parlement Nabih Berri, chef d’Amal.
Longtemps force dominante de la politique libanaise, le Hezbollah a subi des pertes considérables lors de la guerre avec Israël, tandis que la chute du président syrien Bachar al-Assad, allié du mouvement pro-iranien, a porté un coup à sa ligne d’approvisionnement en armes.
L’affaiblissement du Hezbollah a permis à l’ancien chef de l’armée Joseph Aoun, considéré comme le candidat préféré de Washington, d’être élu président et d’approuver Nawaf Salam comme Premier ministre.
L’ambassade des Etats-Unis a salué samedi la formation du nouveau gouvernement, en espérant qu’il mettra « en oeuvre les réformes nécessaires ».
La veille, Morgan Ortagus, l’adjointe de l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, a mis en garde, après avoir rencontré Joseph Aoun, contre toute présence du Hezbollah au gouvernement, estimant que le mouvement avait été « vaincu » par Israël.
Le Hezbollah, allié du Hamas, avait ouvert un front contre Israël après le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023, qui avait dégénéré en guerre ouverte.
« Un nouveau chapitre plus radieux »
L’ambassadrice de l’Union européenne au Liban, Sandra De Waele, a félicité « l’engagement du gouvernement à mener un programme de réformes », qu’elle a qualifié de « nécessaires pour l’avenir » du pays.
La représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a estimé que la formation du gouvernement « annonce un nouveau chapitre plus radieux » pour le pays.
Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu samedi avec Nawaf Salam pour le féliciter et a réitéré l’engagement de la France à aider le Liban à faire face aux « multiples défis », selon l’Elysée.
Nawaf Salam avait déclaré que son gouvernement exclurait les membres des partis politiques et toute personne ayant l’intention de se présenter aux élections législatives prévues pour l’année prochaine.
Ses ministres ne sont donc pas membres de partis politiques, mais il les a nommés après avoir consulté les dirigeants politiques dans un pays où le pouvoir est depuis longtemps partagé selon des quotas confessionnels.
Avant que le nouveau gouvernement ne puisse exercer ses pouvoirs, il doit rédiger une déclaration ministérielle qui doit être soumise à un vote de confiance au Parlement dans les 30 jours.
Le Parlement libanais, qui compte 128 sièges, est principalement dominé par des partis traditionnels à base confessionnelle.
La communauté internationale a longtemps exhorté le Liban à mettre en place des réformes pour débloquer des milliards de dollars destinés à stimuler une économie minée depuis 2019 par une crise financière.
Le nouveau gouvernement devra revoir les accords, notamment avec le Fonds monétaire international (FMI), et préparer les élections législatives.
Au Liban, l’équilibre des pouvoirs a été bouleversé après la guerre entre Israël et le Hezbollah, puissant mouvement chiite très influent dans le pays.
AFP / France 24 / Provinces26rdc.com
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