L’empereur du Japon abdique ce mardi après 30 ans de règne

Le prince héritier Naruhito, fils aîné de l’empereur, ne succédera officiellement à son père que le 1er mai à minuit. Il s’agit de la première abdication en 200 ans.

Le trône impérial du Japon va connaître sa première abdication en deux siècles. Vêtu d’une volumineuse chasuble de soie brun doré réservée au seul souverain, l’empereur du Japon a conclu ce mardi les ultimes cérémonies. Coiffé d’un couvre-chef noir surmonté d’une très haute crête, Akihito a « annoncé » dans la matinée à ses ancêtres et aux dieux son renoncement, dans plusieurs sanctuaires du Palais impérial.

La cérémonie majeure, de dix minutes seulement, a eu lieu à 17 heures locales (10 heures en France) dans la plus belle salle du Palais, « Matsu no Ma » (la salle de pin). Akihito a mis un terme à plus de 30 ans passés comme « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple ». Ces deux rituels ultra-protocolaires et très brefs étaient fermés au public et diffusés sur la chaîne publique NHK avec une solennité rare.

La population nippone vit des festivités historiques et quasi inédites puisque, cette fois, la nation n’est pas endeuillée comme c’était le cas en 1989 (mort de Hirohito aussi appelé empereur Showa), 1926 (mort de l’empereur Taisho) ou 1912 (mort de l’empereur Meiji).

Mesures spéciales de sécurité

L’empereur Akihito du Japon, sa femme l’impératrice Michiko et leurs fils le prince héritier Naruhito et le prince d’Akishino (Fumihito) lors de la cérémonie officielle des voeux du nouvel an au palais impérial le 1er janvier 2018 à Tokyo (© Abaca)

Akihito demeure néanmoins empereur jusqu’à minuit, lorsque le pays entrera dans une nouvelle ère baptisée Reiwa (belle harmonie), qui doit s’étendre sur toute la durée du règne de son fils Naruhito.

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Des mesures spéciales de sécurité ont été mises en place, encore renforcées après que, la semaine dernière, le petit-fils de l’empereur, le prince Hisahito, a été l’objet d’un acte considéré comme une menace : deux couteaux ont été trouvés sur sa table de classe dans son collège.

Des comptes à rebours sont prévus dans des lieux aussi divers que des boîtes de nuit, parvis de gares, observatoires ou sanctuaires shinto, quasi religion qui régit en partie les rites impériaux. Toutefois, l’ensemble des événements relatifs à ce changement s’étale sur des mois, avec un autre point culminant à l’automne quand seront accueillis des chefs d’Etat et nombreuses personnalités.

Discours très attendu

Akihito et son épouse Michiko ont effectué ces dernières semaines leurs ultimes pèlerinages à travers le pays qu’ils ont sillonné trois décennies durant, notamment pour aller réconforter les sinistrés après les nombreuses catastrophes naturelles de leur ère de règne.

Le couple impérial est très respecté, ce qui tient beaucoup à la relative proximité qu’il a su créer avec les citoyens. L’impératrice Michiko est le sujet d’un « véritable engouement populaire » et « l’empereur a su entrer dans l’aire de l’affection par exemple en serrant des mains », précise Hideya Kawanishi, professeur de l’Université de Nagoya.

Héritant des titres nouveaux d’empereur émérite et impératrice émérite, ils cèdent le palais impérial à Naruhito et son épouse Masako, respectivement âgés de 59 et 55 ans. Naruhito deviendra ainsi le nouveau « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple », selon la définition donnée par la Constitution entrée en vigueur en 1947 et par laquelle l’empereur a perdu son statut semi-divin. Son premier discours mercredi, après l’intronisation, dans lequel il devrait distiller l’esprit qu’il compte donner à son règne, est très attendu.


L’express

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