Avec l’abdication de l’empereur Akihito, mardi 30 avril 2019, le Japon s’apprête à changer d’empereur. Son fils Naruhito lui succèdera mercredi 1er mai, ouvrant une nouvelle « ère ». Comment les Japonais, dont le temps reste rythmé par les règnes de leurs empereurs, vivent-ils ce changement d’époque ?
Akihito est le premier empereur du Japon moderne à abdiquer depuis le retrait d’un de ses prédécesseurs il y a deux siècles. Et il a fallu voter une loi spéciale pour l’autoriser à prendre sa retraite à l’âge de 85 ans, dans la 31e année de son règne, l’ère Heisei.
Depuis deux siècles, un changement d’époque au Japon intervient à la mort d’un empereur dans une atmosphère de tristesse. Cette fois-ci, c’est donc différent, les Japonais changent d’empereur et entrent dans la première année de leur nouvelle ère Reiwa, dans la bonne humeur.
Ce changement d’ère est accompagné d’un congé inédit de 10 jours consécutifs. Et, incroyable mais vrai, certains se disent « mécontents » que leur traditionnelle « golden week », une série de jours fériés, ait été rallongée, courant du 27 avril au 6 mai inclus.
Un évènement important pour le pays
Ces 45% de mécontents disent en effet que 10 jours de vacances d’un coup, c’est trop. Les Japonais n’ont pas l’habitude de prendre de longues vacances. Sur 18 jours de congés octroyés en moyenne aux salariés l’an dernier, seulement neuf jours ont été pris.
Les banques sont fermées, mais la plupart des commerces restent ouverts. Et une majorité de Japonais profitent de ces jours de congés pour voyager a l’étranger ou dans leur archipel.
Pour les Japonais, ce changement d’empereur et d’ère impériale est en revanche un évènement important. La raison pour laquelle le gouvernement a décidé de les gratifier d’une « semaine dorée » rallongée ?
La famille impériale, un enjeu politique
La famille impériale fait partie du décor. Selon un sondage, l’immense majorité des Japonais disent éprouver « un sentiment positif » ou de respect pour l’empereur Akihito. Mais 22% expriment de l’indifférence, et les plus jeunes ignorent tout ou presque de la famille impériale, jusqu’au nom du prochain empereur Naruhito.
Certains soupçonnent la droite nationaliste, proche de groupes religieux liés au shinto, la religion première des Japonais, d’avoir eu l’idée de ce congé inédit pour revenir, comme avant la Seconde Guerre mondiale, par un battage médiatique intense, à un culte shinto centré sur l’empereur.
La vénération de la maison impériale, une valorisation de la famille plus que de l’individu. Avant-guerre, le père d’Akihito, Hirohito, avait été divinisé de son vivant. L’actuel empereur est considéré dans le shinto comme une sorte de pape. Dans leur majorité, les Japonais se disent non croyants.
RFI
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