Le patron de l’OMS a tenté jeudi de convaincre les pays de surmonter leurs égoïsmes dans la lutte contre la COVID-19 pour sauver 5 millions de vies, mais il faut 23,4 milliards de dollars sur les 12 prochains mois.
Profitant de la réunion des 20 pays les plus industrialisés ce week-end à Rome, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, leur a demandé d’agir de « manière décisive » pour enrayer une pandémie qui a fait près de cinq millions de morts répertoriés depuis fin 2019.
« Faire ces investissements pourrait sauver plus de 5 millions de vies principalement dans les pays à faibles et moyens revenus », a martelé le docteur Tedros, lors d’un point de presse.
« Nous sommes à un moment décisif, qui demande un leadership décisif pour rendre le monde plus sûr », a-t-il ajouté soulignant aussi que « cette pandémie est loin d’être terminée ».
Il a demandé aux dirigeants du G20 de financer « dans sa totalité » l’accélérateur ACT, l’acronyme anglais d’Accès aux outils contre la COVID-19, un dispositif créé par de grandes agences sanitaires internationales, mais aussi la Banque mondiale ou la fondation Bill et Melinda Gates.
Ici et maintenant
« Financer l’accélérateur ACT dans sa totalité est un impératif pour la sécurité sanitaire mondiale pour nous tous. C’est maintenant qu’il faut agir ! », a lancé le docteur Tedros.
Il évalue les besoins financiers du dispositif — créé en avril 2020 — à 23,4 milliards de dollars d’ici à septembre 2022, dont sept milliards de dollars chacun pour les tests et les vaccins.
« L’accès inéquitable aux tests de COVID-19, aux traitements et aux vaccins prolonge la pandémie dans le monde entier et présente le risque de l’émergence de nouveaux variants plus dangereux », relève l’organisation, dévoilant la nouvelle stratégie.
« Jusqu’à présent, seuls 0,4 % des tests et 0,5 % des vaccins injectés dans le monde entier ont été utilisés dans les pays à faibles revenus, malgré le fait que ces pays comptent pour 9 % de la population mondiale », insiste l’OMS.
Mais cette stratégie rendue publique jeudi risque de subir le même sort que les tentatives précédentes. Pour mettre fin à la pandémie, il faut faire des sacrifices au profit des pays moins bien lotis, a toujours fait valoir le docteur Tedros : « personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est ».
« Nulle part, l’inéquité n’est aussi flagrante que sur le continent africain où seule 8 % de la population a reçu une dose de vaccin », a rappelé le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Le patron de l’OMS répète le même message depuis des mois sans être entendu.
Contre son avis et celui de son organisation — qui demande que les vaccins disponibles soient dirigés prioritairement vers les pays où les taux d’immunisation restent très bas -, de nombreux pays ont entamé la vaccination des enfants de moins de 12 ans et généralisé la dose de rappel.
« Près d’un million de doses de rappel sont injectées chaque jour, soit trois fois plus que ce qui est donné dans les pays à revenu faible », a assené la docteure Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l’agence onusienne.
Plus de transparence
Le bilan de l’accélérateur ACT souffre du manque de financement et d’accidents de parcours qui ont empêché le dispositif Covax de fonctionner à plein régime.
Il n’a pu livrer que 425 millions de doses de vaccin dans 144 pays, loin des objectifs initiaux.
Mais, selon l’OMS, le dispositif ACT a permis de réduire de moitié le prix de tests rapides, d’augmenter l’accès à de l’oxygène, aux équipements de protection ou à trois millions de doses de dexamethasone, un corticoïde efficace dans la lutte contre les formes graves de la maladie.
La nouvelle stratégie promet d’être plus transparente, de mieux écouter les pays à faibles et moyens revenus ainsi que les organisations représentant la société civile.
La Presse /provinces26rdc.net
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