Dans un rapport présenté dernièrement devant te Conseil de sécurité, le SG de l’Onu a appelé, une nouvelle fois, la classe politique congolaise à se tourner vers la dynamique du Centre interdiocésain. Appel fait après une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016. Selon Antonio Guterres, « Le processus politique (en RDC) continue d’être entravé par l’intransigeance et la politique spectacle, au lieu d’être facilité par l’exigence de bonne foi et l’esprit de compromis ».
Les Nations unies font fi du dernier développement politique en RDC. La nomination du gouvernement Bruno Tshibala ou encore le processus en cours de désignation des membres du Conseil de suivi de l’Accord sont de nul effet pour l’ONU. Dans un rapport récent, le secrétaire général appelle, une nouvelle fois, la classe politique congolaise à se tourner vers l’Accord du 31 décembre 2016, conformément à la dynamique du Centre interdiocésain, seul cadre pour un processus électoral apaisé.
La République Démocratique du Congo continue de tourner en rond. Le temps passe mais rien de concret n’est fait pour résoudre la crise politique. La tension politique persiste entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. L’insécurité gagne toujours du terrain et plusieurs contrées dé la République ne sont pas épargnées par cette gangrène qui met en mal l’intervention des forces de l’ordre. Renverser la tendance devient de plus en plus une gageure. Le Kasaï, le Tanganyika, la partie Est de la République restent toujours des foyers d’insécurité où la mort et les violences font bon ménage et se poursuivent inlassablement.
Ce décor s’amplifie, malgré la récente nomination du gouvernement piloté par le Premier ministre Bruno Tshibala dont l’équipe est composée principalement des membres de la Majorité présidentielle et de quelques débauchés du Rassemblement. C’est même pour cette raison que la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a qualifié la mise en place de ce gouvernement d’entorse à l‘Accord global et inclusif du 31 décembre 2016. Monté sur base de l’arrangement particulier du Palais du peuple, signé le 27 avril 2017, le gouvernement Tshibala reste un stratagème de la famille politique du chef de l’Etat destiné uniquement à retarder le processus électoral. Non inclusif, suite à l’absence du Rassemblement dirigé par Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, l’actuel exécutif n’est pas en mesure de garantir la cohésion nationale, gage d’un processus électoral apaisé.
L’ONU PERSISTE ET SIGNE
Dans un rapport du secrétaire général, daté du 17 mai, fait devant le Conseil de sécurité, soit un jour seulement après l’investiture du gouvernement Tshibala, l’Onu décortique la situation politique de la République démocratique du Congo. Dans ce rapport, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, réaffirme son attachement à l’Accord de la Saint-Sylvestre conclu entre les acteurs politiques de la RDC sous la médiation de la Cenco. Cette communication du secrétaire général fait suite à la résolution 2348 du 30 mars 2017 du Conseil de sécurité qui avait chargé le secrétaire général de le tenir informé par écrit tous les 45 jours, des progrès réalisés et des obstacles qui pourraient se poser aux niveaux politique et technique dans la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016.
Dans son exposé, le secrétaire général de l’Onu a édifié le Conseil de sécurité en relatant le développement des principaux faits politiques en RDC et de la stagnation que connaît l’Accord du 31 décembre 2016. « Les divisions persistantes entre factions politiques en République démocratique du Congo ont fait courir le risque de voir remis en cause le large consensus obtenu avec la signature de l’accord politique du 31 décembre », constate le SG de l’Onu.
Pour Antonio Guterres, l’application intégrale, en toute bonne foi, de l’accord politique du 31 décembre, comme le prévoit la résolution 2348 (2017), reste la seule voie viable vers la création d’un climat politique apaisé et la tenue d’élections crédibles en République démocratique du Congo ».
Cependant, le secrétaire général de l’Onu redoute que certains facteurs puissent avoir une « incidence négative sur le processus électoral ». « Les incertitudes politiques, conjuguées à l’amenuisement de l’espace politique, l’intensification de la violence dans la région du Kasaï, la précarité des conditions de sécurité dans certaines régions de l’Est de la République Démocratique du Congo et la détérioration rapide de la situation socioéconomique risquent d’aggraver une situation déjà difficile », relève Antonio Guterres dans son rapport.
De même, le secrétaire général de l’ONU constate que « le processus politique continue d’être entravé par l’intransigeance et la politique- spectacle, au lieu d’être facilité par l’exigence de bonne foi et l’esprit de compromis qui s’imposent à toutes les parties ». « Si une telle situation devait se poursuivre, les tensions politiques pourraient se raviver et le processus électoral pourrait accuser des retards supplémentaires ».
Pour lui, le gouvernement’ devrait, dans un geste de bonne volonté, s’employer à appliquer les mesures de confiance envisagées dans l’accord et veiller au respect de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales garantis par la Constitution », prévient le patron de l’Onu.
L’ONU EXIGE L’ENRÔLEMENT AU KASAÏ
Pour autant, l’Onu encourage la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à continuer le processus d’enrôlement des électeurs. Il importe au plus haut point que tout soit mis en œuvre pour mener à terme le processus d’inscription des électeurs partout dans le pays, y compris les provinces du Kasaï, dans les délais fixés par la Commission électorale nationale indépendante, afin que puissent être organisées des élections crédibles conformément à l’accord ».
Concernant le Kasaï, l’Onu trouve anormal qu’on ne puisse pas enrôler près de 6 à 8 millions d’électeurs vivant dans les provinces du Kasaï, soit 20% du corps électoral national. Antonio Guterres est d’avis que l’espace Kasaï représente « une importance particulière pour le caractère inclusif et crédibilité de la mise à jour des listes électorales et des élections à venir ».
Et de souligner : « la Commission devrait veiller à mettre en place un processus d’inscription largement représentatif organiser des campagnes de sensibilisation visant à garantir une forteparticipation dans tout le pays et publier le calendrier électoral sans tarder ».
Comme pour prouver qu’il exige toujours la reprise des négociations entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement, le secrétaire général maintient que son représentant spécial en RDC, le patron de la Monusco, et son envoyé spécial, continueront «d’exercer leurs bons offices en coordination avec les autres parties prenantes régionales et internationales concernées pour appuyer de manière concertée l’application intégrale de l’accord, en vue de l’organisation des élections dans les délais prévus».
Il ne reste plus qu’aux parties prenantes à la crise en RDC de répondre favorablement à cet appel des Nations unies en donnant des signaux de bonne foi indiquant qu’elles sont réellement engagées dans la voie qui mène vers les élections à la fin de cette année.
LE POTENTIEL
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