
Le village de Mukondo, situé à 7 kilomètres de Katanga dans le groupement Manzia, chefferie des Baswagha (territoire de Lubero, Nord-Kivu), a été la cible d’une violente attaque dans la nuit du lundi 13 octobre 2025. Le bilan provisoire fait état de 19 morts, dont des femmes et des enfants, ainsi que deux blessés graves, selon plusieurs sources locales.
Des témoins rapportent que les assaillants, identifiés comme des rebelles présumés ADF (Forces démocratiques alliées), ont ouvert le feu sur la population vers 22 heures locales avant d’incendier une partie du village. Vingt-six habitations ont été brûlées et de nombreux biens pillés.
Surpris dans leur sommeil, plusieurs habitants ont fui vers la brousse, mais certains ont été rattrapés et exécutés.
Selon Kambale Kuona Espoir, président de la société civile de Katanga-Mukondo, « les groupes d’autodéfense et les éléments des FARDC présents dans la zone n’ont pas pu empêcher l’attaque, malgré les alertes ». Il appelle à un renforcement du dispositif sécuritaire pour protéger les villages exposés aux incursions répétées.
De son côté, l’administrateur du territoire de Lubero, Alain Kiwewa, indique que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par leurs partenaires, ont lancé des opérations de traque contre les assaillants. Il exhorte la population au calme et à la vigilance.
Cette attaque s’ajoute à une série d’incursions attribuées aux ADF dans le territoire de Lubero, où les communautés rurales restent particulièrement vulnérables.
La destruction des habitations et la perte de moyens de subsistance aggravent davantage la crise humanitaire déjà sévère dans cette région du Nord-Kivu.
Nord-Kivu : 11 ans de massacres à Beni, les victimes toujours sans justice
Onze ans après la première attaque meurtrière des Forces démocratiques alliées (ADF) à Beni, les familles des victimes continuent de réclamer justice et réparation. Malgré les procès sporadiques, l’impunité persiste et le nombre exact de victimes reste inconnu.
La population de Beni, dans la province du Nord-Kivu, a commémoré, mercredi 15 octobre 2025, le onzième anniversaire des massacres de civils en ville. Ce jour-là, en 2014, au moins 33 personnes avaient été tuées lors d’une incursion attribuée aux ADF, un groupe armé affilié à l’État islamique. Cette première attaque urbaine avait plongé toute la population dans le deuil.
Chaque année, les Congolais se souviennent encore de cet événement tragique. Les familles des victimes se recueillent au cimetière de Masiani, où reposent les personnes tuées lors de cette nuit sombre. Ce mercredi, des travaux d’assainissement ont été organisés au mausolée dédié aux victimes.
« Ce jour-là, plusieurs de nos proches ont été tués. Chaque année, nous venons entretenir leurs tombes. Moi, j’ai perdu ma femme, mon frère et ma tante. J’ai moi-même été blessé par balle et je suis devenu handicapé », a témoigné Kasereka Mupika, un rescapé rencontré sur le lieu.
Des victimes toujours non identifiées
Onze ans après, les tueries se sont poursuivies et étendues bien au-delà de Beni. Initialement actives dans le « triangle de la mort » (Eringeti, Watalinga et Beni), les ADF ont depuis atteint le territoire de Lubero, la province de l’Ituri et une partie de la Tshopo.
Selon Maître Paulin Muliro, avocat conseil des victimes des massacres de Beni, de nombreuses victimes restent encore non identifiées. Son programme d’identification, lancé depuis près d’un an, se heurte à de multiples obstacles.
« Il existe plusieurs catégories de victimes, directes et indirectes. À Beni et Lubero, tout le monde est touché. Personne ne détient le chiffre exact des victimes. Nous appelons à une collaboration entre acteurs pour constituer une base de données unique », a-t-il expliqué.
Des violences sans réparation
Les victimes attendent toujours justice et réparation. Malgré quelques procès organisés par la justice militaire contre des membres présumés des ADF ou leurs collaborateurs, la majorité des familles restent insatisfaites.
« Le Fonds national des réparations des victimes [Fonarev] est venu constater la situation, mais sans suite concrète. La justice militaire rend parfois des verdicts, mais les victimes ne sont pas toujours associées aux procédures. Condamner les coupables, c’est bien, mais il faut aussi garantir la non-répétition », a déploré Maître Muliro.
Des crimes ignorés par Kinshasa
La société civile de Beni reproche au gouvernement congolais de négliger le dossier des ADF, pourtant responsable de milliers de morts depuis une décennie.
« La guerre des ADF semble complètement oubliée. Dans les discussions de Doha et ailleurs, on ne parle presque jamais des massacres de Beni. C’est comme si cette tragédie ne concernait plus personne », a dénoncé Maître Pépin Kavotha, président de la coordination urbaine de la société civile.
Les ADF, groupe armé d’origine ougandaise affilié à l’État islamique, sont accusés de massacres, d’enlèvements, de pillages et d’incendies dans les zones de Beni, Lubero et Ituri. Malgré les opérations militaires conjointes « Shujaa » menées par les FARDC et l’armée ougandaise (UPDF), le cycle des violences se poursuit.
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