A quelques heures des élections générales prévues ce dimanche en République démocratique du Congo, le président Joseph Kabila a prononcé son traditionnel discours de vœux.
Pendant la dizaine de minutes qu’a duré l’adresse à la nation de Joseph Kabila, samedi soir, aucun mot, aucune allusion sur son départ annoncé de la présidence de la RDC.
Joseph Kabila a passé en revue les principaux défis auxquels son pays fait face. Il y a d’abord celui sanitaire de l’épidémie d’Ebola qui frappe son pays. Elle avait déjà fait au 28 décembre 359 décès et elle continue de progresser, reconnaît le président congolais.
Joseph Kabila est également revenu sur le défi sécuritaire qu’il qualifie de terroriste, avant d’effleurer les problèmes économiques dus à la chute des prix des matières premières.
Au cœur de son discours, la question des élections générales prévues aujourd’hui et la démocratie. Le président congolais a appelé au calme les habitants des zones de l’est du pays, où des manifestations de protestations ont eu lieu ces derniers jours, après l’annonce par la Commission électorale nationale indépendante du report des élections dans ces régions. Aux électeurs exclus, le président Kabila a demandé de « retourner aux bons sentiments de tolérance et de patriotisme » et il leur a promis qu’ils pourraient voter pour les législatives et provinciales, dès que « les circonstances le permettront ».
Aucune allusion dans son discours aux reports successifs des élections ni aux difficultés logistiques rencontrées. Joseph Kabila s’est plutôt réjouit de la ténue des scrutins ce dimanche. « Il n’y a pas de doute. Le RDC est (…) non seulement une République mais bien plus, une démocratie », a-t-il affirmé.
Le président Kabila s’est également félicité du fait que son pays, qui a financé à 100 % ses élections, soit « resté maître de son processus électoral », avant d’appeler au respect du rôle primordial de la Céni et de la Cour Constitutionnelle, notamment dans la proclamation des résultats.
DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A L’OCCASION DE LA FIN DE L’ANNEE 2018
Mes chers compatriotes,
Plus que quelques heures nous séparent de la nouvelle année, laissant derrière elle des mois riches en évènements, tant dans la vie de la Nation que dans celle de chacune et de chacun de nous.
Il M’est agréable, en ce moment, d’apporter toute Ma compassion à celles et ceux qui ont perdu des êtres chers.
J’adresse Mes encouragements à celles et ceux qui ont été affectés par des maladies ou des accidents. J’exprime ma sympathie à nos compatriotes qui ont été forcés à quitter leur toit à cause de la folie meurtrière des actes terroristes ou anarchistes qui sèment la terreur et la désolation dans quelques entités territoriales de notre pays.
A ceux de nos concitoyens qui ont entrepris des projets dont ils attendent légitimement une issue heureuse, Je les exhorte à être tenaces et à persévérer jusqu’à l’atteinte heureuse de leurs objectifs.
Mes chers compatriotes,
Depuis trois ans, notre Nation est mobilisée autour de trois grands défis dont dépend notre avenir à tous.
Une fois de plus, le pays fait face à l’épidémie dévastatrice à virus Ebola. Après avoir été vaincue à l’Equateur, elle met à rude épreuve l’expertise et la détermination de nos professionnels de santé à Beni et à Butembo dans le Nord-Kivu.
Cette grave épidémie continue malheureusement à se rependre, occasionnant un bilan tragique : depuis le début, le cumul est de 593 cas, dont 545 confirmés et 48 probables. Au 28 décembre 2018, il y avait 359 décès et 203 personnes guéries. Il y a encore 66 cas suspects en cours d’investigation.
Nous constatons donc que, jusqu’à ce jour, malgré d’immenses efforts fournis, nos médecins n’arrivent pas encore à contrôler, de manière satisfaisante, ce véritable drame sanitaire.
Nous saluons ici, le courage exceptionnel et l’abnégation de toutes les équipes qui participent à cette rude épreuve que nous finirons par vaincre.
Je profite de cette circonstance pour lancer un appel au civisme à nos compatriotes des régions touchées par cette catastrophe. Si nous avions pu vaincre les précédentes attaques de cette maladie, hautement contagieuse, dans d’autres régions de notre pays, c’est notamment grâce à la collaboration des populations et à la discipline. Je prie nos compatriotes de contribuer directement et efficacement à la lutte salutaire que mènent nos spécialistes
Mes chers Compatriotes,
Pour ce qui concerne nos compatriotes du Territoire de Yumbi, dans la province du Maï-Ndombe, à côté des condoléances que Je présente aux communautés concernées, J’exhorte chacun à retourner aux bons sentiments de tolérance mutuelle et de patriotisme. A eux et aux compatriotes de Beni et Butembo, J’affirme que les élections auront lieu dès que les situations respectives le permettront.
Le pays est également confronté, de manière récurrente, au fléau du terrorisme qui endeuille nos populations et menace gravement la stabilité de la Région. Que nos forces de défense et de sécurité, qui luttent avec courage et sacrifice contre cette barbarie et assurent la sécurité et l’ordre public à travers l’ensemble du pays, trouvent ici, l’expression de la reconnaissance de toute la Nation.
A ces défis, social et sécuritaire, s’ajoute celui d’ordre économique lié à la baisse des cours mondiaux des matières premières à laquelle nous avons fait face avec détermination depuis 2017.
Les réformes entreprises ces dernières années ont permis, à notre pays non seulement de relever le niveau des recettes publiques et de l’offre des devises, mais également de relancer la croissance. De 2,4% en 2016, nous sommes passés à 3,7% en 2017, pour clôturer l’année finissant avec une prévision de 4,2%.
Il est évident qu’au plan politique, le défi majeur demeure l’organisation du troisième cycle électoral, historique à plus d’un titre.
Assumé à hauteur de 90 % en 2011, nous nous sommes engagés, cette année, pour la toute première fois de notre histoire, à financer nous-mêmes, entièrement notre processus électoral. Il s’agit, pour nous, d’un effort visant à soustraire notre pays des ingérences étrangères susceptibles de contrarier la volonté d’autodétermination de notre peuple.
Chers compatriotes,
Il n’y a pas de doute. Le République Démocratique du Congo est aujourd’hui non seulement une République mais bien plus, une démocratie.
Il s’agit là d’un deuxième acquis à préserver, après celui nous légué par les pères de l’indépendance, à savoir : un pays libre et uni.
Vous ne me contredirez pas ! il reste à poursuivre des réformes institutionnelles en vue de la rationalisation des coûts opérationnels excessifs des processus électoraux.
En ce moment où s’ouvre dans quelques heures les différents scrutins de ce cycle électoral, Je voudrais rassurer notre peuple que ce processus est véritablement le sien.
De la même manière qu’il s’en est approprié lors des précédentes étapes, à savoir : la préparation et l’adoption des dispositions légales nécessaires au processus, la mise en place de la Commission Electorale Nationale Indépendante, l’organisation du financement de l’ensemble du processus, la publication du calendrier électoral, l’enrôlement des électeurs, l’enregistrement des candidatures et, bientôt, la tenue des élections proprement dites, le peuple congolais est demeuré maître de son processus. Ainsi, il prouve à la face du monde qu’il en connaît les vrais enjeux : ceux de l’affirmation de sa dignité et de la consolidation de sa souveraineté.
Je voudrais, en outre, rassurer notre peuple que les dispositions ont été prises avec le Gouvernement pour sécuriser toutes les parties prenantes au processus (Candidats comme électeurs, y compris les observateurs).
C’est ici aussi, le lieu d’en appeler au respect des règles du jeu. Notre Constitution, et toutes les parties aux différents accords l’ont reconnu, ne confère la compétence d’organiser les scrutins et d’en publier les résultats qu’à la CENI, elle seule et, in fine, à la Cour Constitutionnelle.
Mes chers compatriotes,
A la veille du jour de l’an, J’ai instruit le Ministre de la Justice de mettre en exécution les mesures de grâce que J’ai prises en faveur de certaines catégories des prisonniers.
Mes chers compatriotes,
La République Démocratique du Congo n’a pas besoin de détruire le bel élan de stabilité et de croissance pris grâce aux efforts de chacun et de tous.
La République Démocratique du Congo veut consolider sa démocratie, aller vers son développement et améliorer les conditions de vie de sa population.
La République Démocratique du Congo veut demeurer un pays ouvert, soucieux d’établir des relations de partenariat justes, équitables et respectueuses de la dignité humaine et de l’égalité souveraine des Etats.
Que la grâce de notre Dieu et sa paix demeurent sur la République Démocratique du Congo.
Bonne et heureuse année 2019.
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie.
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