Le ministre de l’Économie argentine Sergio Massa confronté à une inflation record de 138 % et l’économiste ultralibéral « antisystème » Javier Milei, s’affronteront au second tour de l’élection présidentielle en Argentine le 19 novembre prochain.
Sergio Massa, 51 ans, candidat du bloc gouvernemental de centre-gauche, a surmonté le handicap d’une économie en souffrance, pour arriver en tête de l’élection présidentielle en Argentine, avec 36,68 % des voix, selon un décompte partiel, incluant 98,5 % des suffrages, ce lundi 23 octobre 2023.
Il devance Javier Milei, 53 ans, avec 29,98 %, qui confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans.
Les deux candidats disputeront un second tour le 19 novembre, en vue d’une investiture le 10 décembre.
Incertitudes
Les sondages, qui par le passé avaient sous-estimé l’ascension de Javier Milei, l’avaient ces dernières semaines placé en tête des intentions de vote, devançant Sergio Massa.
Les Argentins ont voté dans un climat d’incertitude et d’inquiétude, comme rarement depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans, sur fond d’endettement chronique et d’inflation désormais parmi les plus élevées au monde.
Autour des bureaux de vote, les mots de « ras-le-bol », « anxiété », « pas de formule magique », revenaient chez les électeurs approchés par l’Agence France-Presse (AFP), traduisant une atmosphère partagée entre désir de changement et peur d’un « saut dans le vide ».
Dégagisme
« On a besoin d’un changement. Ce pays est un désastre, vraiment, entre la pauvreté, l’inflation, les gens ne vont pas bien », se désolait Gabriela Paperini, 57, ans, près d’un bureau de vote du quartier de Palermo.
« Nous sommes préparés à faire le meilleur gouvernement de l’histoire », a lancé au moment de voter Milei, un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV. Il a suivi depuis un fil rouge « dégagiste » contre la « caste parasite », selon lui les péronistes de centre-gauche et libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans.
Sa colère, ses formules mordantes, son style électrique, ont parlé à un public souvent jeune et sans grande perspective. Mais ses propositions, comme « tronçonner » l’État et le service public, « dollariser » l’économie pour laisser le billet vert remplacer le peso, ont aussi semé doute, voire inquiétude.
Convaincre que le pire est passé
Sergio Massa, un centriste d’ADN qui s’était déjà présenté à la présidentielle en 2015, contre ses alliés péronistes d’aujourd’hui, a pris soin en campagne de se distancer de l’exécutif. Il a tenté de convaincre que « le pire de la crise » est passé, grâce à un prochain boom exportateur, et la fin d’une sécheresse historique entre 2022 et 2023, la pire en 100 ans, qui a privé l’Argentine, géant agro-exportateur, de 20 milliards de dollars de recettes.
Il a surtout ces derniers mois multiplié les largesses budgétaires : réduction du nombre d’imposables, subventions, exemptions de TVA, pour amortir le choc de l’inflation. « Irresponsabilité électoraliste », ont hurlé ses adversaires, alors que l’Argentine peine à rembourser au FMI un prêt de 44 milliards, explique encore l’AFP.
Pour autant, dès ce lundi, les Argentins auront les yeux rivés sur le peso, qui en deux ans s’est effondré de 99 à 365 pour un dollar au taux officiel – et près de 1 000 pesos au taux parallèle de la rue.
Ouest France / Provinces26rdc.com
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