Quels sont les enjeux du sommet des Trois Bassins forestiers tropicaux qui s’est ouvert à Brazzaville ?

L’objectif principal de la rencontre, qui se tient sans les représentants d’Amazonie et d’Asie, est de mobiliser des financements pour les forêts tropicales.

Organisé dans la capitale congolaise du 26 au 28 octobre, le sommet des Trois Bassins forestiers tropicaux peut-il tenir toutes ses promesses ? La question mérite d’être posée alors qu’il y a douze ans, une trentaine de pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie du Sud-Est, appartenant aux bassins du Congo, de l’Amazonie et du Bornéo-Mékong, avaient décidé de s’unir afin de définir une stratégie commune pour préserver ce qui reste de ce poumon de l’humanité, essentiel à la régulation du climat.

Ce jeudi 26 octobre s’est ouvert à Brazzaville un nouveau sommet rassemblant les principaux pays de ces trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux pour relancer leur collaboration. Comment lutter contre la déforestation et mettre en place des stratégies de développement et de conservation durables ? C’est tout l’objet de cette rencontre de Brazzaville qui aspire à une meilleure collaboration entre les pays forestiers, mais affiche aussi une volonté d’accélérer la coopération Nord-Sud, tout en développant un front commun dans le cadre des négociations internationales sur les forêts.

La rencontre a débuté avec les experts, avant de passer vendredi au niveau ministériel et samedi à celui des chefs d’État. Selon les organisateurs, en plus de l’hôte du sommet, Denis Sassou-Nguesso, plusieurs présidents africains sont attendus (Kenya, Rwanda, Gabon, Togo, Guinée-Bissau, Comores…). Mais aucun chef d’État d’Amazonie ou d’Asie ne fera le déplacement, comme en 2011. De nombreuses organisations, des scientifiques et des experts craignent que l’impact de ce sommet ne soit limité en raison de ces absences notables.

Politiquement, Brazzaville espère consolider sa position de leader dans la bataille pour la survie de la forêt tropicale ou du moins se prévaloir de pousser pour une coopération Sud-Sud en la matière.

Ce qu’il faut en attendre

À l’ouverture des travaux, dans un centre de conférences de la banlieue de Brazzaville, la ministre congolaise de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, a détaillé la participation : 145 délégations officielles, 18 organisations internationales, 427 ONG, 123 représentants de la communauté scientifique, 254 de la jeunesse, 326 de la société civile et des peuples autochtones, 354 du secteur privé, ainsi que 14 chefs d’État ou de gouvernement.

« Vous êtes venus à Brazzaville pour mettre en marche un mouvement historique et pour initier une coopération entre nos trois bassins à la hauteur de nos responsabilités et des défis qui se posent à nous », a-t-elle déclaré.

En effet, les trois bassins représentent 80 % des forêts tropicales du monde et « les trois quarts de sa biodiversité », soulignait récemment Mme Soudan-Nonault, en prédisant pour le sommet de Brazzaville « une déclaration de principe très forte ». En 2011, la capitale congolaise avait déjà abrité un sommet sur les trois bassins forestiers tropicaux. Les participants avaient alors promis, dans une déclaration commune, de coopérer pour lutter contre la déforestation et d’aller vers un front commun lors des négociations sur le climat, mais sans créer pour cela de structure permanente comme le souhaitaient certains pays africains.

Un front commun pour les forêts tropicales

Les rencontres, sommets et déclarations se sont multipliés depuis, mais la déforestation mondiale ne s’est pas arrêtée, loin de là. Dans un rapport publié mardi, un groupe d’ONG et de chercheurs a constaté que le monde était en train d’échouer à tenir sa promesse d’y mettre fin et d’inverser son cours d’ici 2030, en estimant que quelque 6,6 millions d’hectares de forêts avaient été perdus dans le monde en 2022, dont une grande partie de forêts primaires dans les régions tropicales.

La publication de ce rapport, comme la réunion de Brazzaville, survient quelques semaines avant la COP28, la conférence internationale des Nations unies sur le climat, prévue à Dubai du 30 novembre au 12 décembre. La déforestation risque cependant de passer au second plan, derrière les discussions sur les énergies renouvelables et l’avenir des combustibles fossiles.

Les forêts ne constituent pas seulement des habitats essentiels à la vie animale, elles sont aussi d’importants régulateurs du climat mondial et des puits de carbone qui absorbent les émissions provenant des activités humaines.

 


Le Point / Provinces26rdc.com

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