Qui héritera de la RDC ?

Il est vrai que les politiques congolais doivent se mettre ensemble pour cogiter et solutionner les divers et nombreux conflits qui les opposent diamétralement. Comme de coutume, ils vont surement s’accorder et se partager les parcelles du pouvoir à gérer durant une période de transition avant d’aller aux élections qui leur donnent la trouille. Pour la prochaine présidentielle, plusieurs candidatures sont exprimées tant à Kinshasa qu’à l’extérieur du pays. Qui sera le prochain président de la République ? C’est la grande question que d’aucuns se posent en dehors des agitations observées au sein de la société politique sinistrée par des petites guerres intestines qui ternissent l’image d’une démocratie naissante qui a du mal à émerger. Ici, force est de souligner que l’après-Kabila suscite des convoitises et avive les ambitions personnelles de ceux qui ont l’intention de descendre dans l’arène.

Du côté de la Majorité, on note en privé des ambitions en ordre dispersé des « lieutenants » politiques de Joseph Kabila. Faute de silence affiché par l’autorité morale de cette plate-forme politique on s’y bouscule sans le montrer au grand public. Des indiscrétions parlent d’Aubin Minaku, d’Evariste Boshab, d’Adolph Mizito, etc. A l’effet de baliser leurs chemins, ces grosses pointures de la Majorité, se rentrent dedans, se font des clichés et des caricatures, s’accusent de tous péchés pour taper dans l’œil du raïs, entretiennent des relations glaciales, malgré les politesses de façade. Une chose est vraie : les uns jouent du Beethoven, les autres du Mozart, les autres encore du Ngwasuma. Résultant : les violons ne s’accordent pas. Le G7 est une preuve qu’il y a des réseaux des frondeurs au sein de la famille politique de Chef de l’Etat. A commencer par le PPRD, dont la machine est foutrement enrayée depuis le règne de Boshab, occasionnant ainsi une fragmentation de l’électorat qu’Henri Mova a du mal à rassembler. Par ailleurs, les « kabilites joséphistes » de la 25e heure logés dans d’autres formations politiques de la majorité, brulent, eux aussi, de cet envie de la présidence. Mais ils ne peuvent pas le manifester de peur d’être accusés de délit d’ambition politique.

Du côté de l’Opposition où logent les professionnels de la protestation, l’on relève également les mêmes scenarios. Tous rêvent du fauteuil présidentiel. Vital Kamerhe, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, ainsi que d’autres opposants de la dernière heure qui attendent prendre part à cette course présidentielle. « Nous voulons une alternance au pouvoir », peut-on entendre dans les couloirs des castels des palais politiques à Kinshasa. Un slogan repris par la plupart des postulants à la présidence qui promettent le retour à l’orthodoxie dans la gestion du pays et de ses ressources minérales.

Depuis fin 2015, les opposants s’exercent à s’offrir des viviers électoraux dans les quatre coins du pays. Cependant, ceux qui n’ont pas de moyens de leur politique jouent aux frondeurs et s’emploient à faire trop de bruits et à manger dans tous les râteliers. Tous comptent sur les divisions de la Majorité pour jouer leur va-tout. Certains préfèrent à l’ombre de l’opposition, la lumière du pouvoir, d’autres parcourent le chemin inverse. Cette migration s’observe au sein des politiciens SDF (sans domicile fixe) et ceux qui n’ont rien de politique dans leurs tripes.

Ici, il est important de signaler des prétendants parmi les compatriotes de la diaspora qui ont annoncé leur retour au pays. C’est le cas de Matungulu, ancien argentier du gouvernement qui avait démissionné pour des raisons personnelles. Lui et tant d’autres n’auront pas cessé de fustiger le régime en place. Après plusieurs années à l’extérieur, ils voudraient, après avoir eu une part active dans les révoltes contre Kinshasa, convertir en voix leurs diatribes endiablées relayées jusqu’alors sur la Toile.

Aux urnes, Congolais !

Face à ce spectacle, les Congolais, eux, se préparent pour se rendre aux urnes librement et démocratiquement, afin de fermer la parenthèse des errements de tous ordres de nos politiques. En attendant, ils voient s’agiter devant eux des marchands d’illusions. Des girouettes formatées par la politicaillerie. Avec une société civile foutrement politisée sous toutes coutures, des prélats manœuvrés, des pasteurs scotchés à leurs tiroir-caisses, on se porte à conclure que personne ou presque n’a intériorisé le concept d’Etat et les valeurs d’abnégation au service d’une nation,

Pourtant, malgré le spectacle d’une classe politique versatile et en mal d’éthique, malgré le naufrage social, la perte des repères, etc., les Congolais semblent croire en ces élections pour battre froid dans les urnes. Les aspirations à une paix totale et au développement sont immenses, à l’exacte mesure des ambitions et de la démagogie de beaucoup de ceux qui sollicitent leur suffrage.

A l’issue de la prochaine présidentielle, une page politique devra être tournée. Ce sera un pas de plus dans le processus de la démocratisation entamé depuis 2006. Evidemment si l’on n’est pas entrainé dans le glissement contre lequel l’Opposition se dresse depuis un temps. Ici, le sociologue Alain Touraine n’aura peut-être pas si bien dit : « Une société n’est pas naturellement démocratique, elle le devient ». C’est ce moment que vit, depuis un paquet de temps, la RD Congo ployée sous les morceaux de bêteries, pour parler vieux français, qui lui tombent dessus.

« Les parrains » attentifs

Les grandes puissances, qui s’emploient à mettre la main sur les richesses minérales de la RD Congo, observent avec une certaine inquiétude ce rendez-vous électoral. Elles expriment discrètement leur préférence, tout en tentant d’influencer en fonction de leurs intérêts. Jusque-là, pour eux, Moise Katumbi et Vital Kamerhe ont toutes les allures du « right men at the right place ». Pour les Congolais, Moïse Katumbi vire en tête par rapport aux potentiels présidentiables. Evidemment, selon des sondages-minutes faits à la va-vite.

Il importe de signaler que la présidentielle de 2016 ne concerne pas seulement les Congolais, mais aussi l’ensemble de l’Afrique centrale, et au-delà, une communauté internationale directement intéressée par la stabilité de cet autre acteur géostratégique clé qu’est la RD Congo. Deux mille et demi de Km2 de superficie, neuf mille Km de frontière, neuf Etats voisins, des richesses minérales et hydrographiques insolentes, la RD Congo, comme l’a dit l’écrivain Frantz Fanon, est un peu « la gâchette de l’Afrique », un détonateur du pire et peut-être demain du meilleur.

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