
Les rebelles ADF sont de nouveau accusés d’avoir ôté la vie à, au moins, 39 civils après une incursion dans le village de Masala, entité du groupement Baswagha-Madiwe en territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu.
Selon maître Sikwaya Bin Mutsunga, activiste de la Nouvelle société civile locale, les corps des civils morts ont été découverts, dans la nuit de vendredi à samedi 8 juin 2024, par des jeunes volontaires partis pour des opérations de fouille.
Il indique que ces rebelles ADF ont également blessé 5 personnes qui sont admis dans des structures de santé des agglomérations de Cantine et Mabalako, toujours en groupement Baswagha-Madiwe. Il y a aussi plusieurs maisons ainsi que des motos qui ont été brûlées.
« Bref, les ADF ont tué et incendié tout le village de Masala », a-t-il déclaré.
Kakule Siviwe, chef de secteur de Beni-Mbau, confirme cette nouvelle. Il indique, par ailleurs, que 38 civils ont été tués et plusieurs autres civils blessés à côté de 80% des maisons des habitants du village Masala incendiées. Cette autorité coutumière révèle que ce bilan vient s’ajouter aux 28 autres tués au village de Masau, 6 tués de Keme, 15 autres tués à Manuku, toujours dans cette partie du territoire de Beni.
« Si vous faites de calcul, je suis dans plus de 100 personnes tuées dans moins de 10 jours. C’est un peu ça la situation générale dans le secteur de Beni-Mbau », a-t-il déclaré.
Lors d’un meeting tenu dans les agglomérations de Mangina et Cantine, samedi 8 juin 2024, le général de brigade Bruno Mandevu a invité la population à se désolidariser de l’ennemi. Il a invité les jeunes du milieu qui sont en complicité avec les rebelles ADF, à pouvoir abonner cette pratique et rejoindre la voix de la raison.
Massacre de 41 personnes à Beni : retour sur le fait (reportage)
Au moins 41 personnes ont été tuées dans une incursion des Forces démocratiques alliées (ADF) dans plusieurs villages du groupement Baswagha-Madiwe, territoire de Beni (Nord-Kivu), le vendredi 7 juin 2024. Les villages situés entre Cantine et Masala sont vidés de leurs habitations, la population emballée dans la terreur. (Reportage)
Sur la route Masala, longue de près de 19 Km de Cantine centre, la terreur est lisible. Les villages sont restés déserts. À partir du village Mahihi, des corps des victimes gisent sur le sol, des motos et des biens des personnes qui revenaient de leurs champs avant de tomber entre les mains des assaillants ADF incendiés.
Au village Pumzika, nous rencontrons, sous une véranda, deux hommes. Il s’agit de Etienne Musikiti Dewayo, un centenaire, le gardien de coutume de ce village, qui a vu les assaillants.
« Ils étaient nombreux, des hommes, femmes et enfants, porteurs des armes à feu et blanches, habillés en diverses tenues. Ils m’ont demandé la route qui mène vers Masala. Ils m’interdisaient de les regarder dans les yeux et ont poursuivi leur route », a-t-il expliqué.
Du village Pumzika jusqu’à Masala, la route est parsemée des corps. Certains calcinés avec leurs biens. Mais tout le village Masala est presque incendié.
C’est ce dimanche 9 juin qu’une équipe de l’auditorat militaire et de la police technique et scientifique est descendue dans la zone pour s’imprégner de la situation est comprendre les faits et, aussi, de récupérer les corps gisant encore sur le lieu de drame.
L’équipe des enquêteurs est arrivé jusqu’à Masala où certaines personnes venaient d’être enterrées dans une fosse commune par des inconnus, en dehors de normes du droit de l’homme. Au total, 11 corps ont été déterrés sur ordre du commandant secteur des opérations Sukola 1, le général Bruno Mandevu, emballés dans des sacs mortuaires. D’autres corps seront retirés de la scène de crime ce lundi pour être ramenés à Cantine où les familles devront procéder à leurs funérailles dignes.
Le bilan actuel de ces tueries fait état de 41 personnes tuées sur la route et au village Masala. En dehors de personnes portées disparues dont le nombre n’est pas encore connu, plus de 17 motos, 43 maisons, un véhicule et des moulins ont été incendiés.
Actu 30 / Provinces26rdc.com
Les enquêteurs de l’auditorat militaire se rendent à Masala, Territoire de Beni au lendemain du massacre des civils vendredi 7 juin 2024. © Photo Delphin Mupanda/MCP