RDC-Bruxelles : Martin Fayulu évoqué une possibilité d’engager des pourparlers avec le pouvoir en place et dirigé par son ancien ami dans l’opposition Félix-Antoine Tshisekedi

Le candidat de la coalition Lamuka à la présidentielle de décembre 2018 a clairement Tshilombo.

Invité de Radio France Internationale ce jeudi 21 mars 2019, Martin Fayulu continue de revendiquer sa victoire à la présidentielle mais s’affiche un peu plus flexible même s’il croit toujours que c’est Kabila qui dirige et pas Tshisekedi.

Celui qui se considère toujours comme le président élu de la RDC refuse de se « dégrader » au niveau de député national.

Là où la brèche s’ouvre et très clairement c’est quand il évoque une réunion pour résoudre la question de la vérité des urnes. Une réunion qui devra mettre ensemble tous les congolais.

« Je suis le président élu, j’ai fait des propositions concrètes à l’Union africaine et au monde entier en disant que la solution aujourd’hui c’est une réunion où toutes les parties prenantes, tous les congolais vont se mettre ensemble pour résoudre cette question de vérité des urnes. Comment recouvrer la vérité des urnes, est-ce qu’on a encore les procès-verbaux des élections passées pour le recomptage. Et si on ne les a pas -parce qu’on sait que la Ceni a fait disparaître beaucoup de procès-verbaux-, nous refaisons les élections cette année et pendant ces discussions on va voir comment gérer le pays dans cette période intérimaire mais il faut une solution efficace » propose Martin Fayulu, le désormais « Commandant du peuple ».

Même quand on parle de la libération des prisonniers politiques que le monde trouve positif, Martin Fayulu ne veut pas les mettre sur le compte de la bonne foi du président actuel. « Ce sont des mesures de décrispation décrétées par l’accord de la Saint-Sylvestre. Il faut faire quelque chose et je crois qu’il n’a aucun mérite [parlant de Tshisekedi] », dit-il.

En tout cas, c’est un autre Martin Fayulu deux mois après la prise de pouvoir du président Félix Tshisekedi.

Cette sortie médiatique du porte-étendard de la coalition Lamuka à la présidentielle 2018 révèle un homme qui tente de changer de stratégie et de se conformer à la nouvelle donne politique en RDC.

S’il faut lire et réécouter les discours des acteurs politiques congolais au cours des 5 dernières années, on se rend compte que celui-ci n’est pas loin de cet épisode. Nombreux se sont par exemple opposés au pouvoir Kabila en demandant des rencontres pour reprendre leur pouvoir mais au finish Kabila restait à la tête en partageant une partie de son pouvoir notamment en distribuant des postes ministériels. Etienne Tshisekedi qui voulait recouvrer l’impérium avait finalement négocié sous la même formule. Vital Kamerhe également en octobre 2016 pour éviter disait-il le pire au pays alors que Kabila était incapable d’organiser les élections qui devaient le remplacer.

Comment « Mafa », pour les intimes pense-t-il prendre son pouvoir sur la table de négociation entre les congolais ? Pour l’instant, il n’y a peut-être que lui qui détient la formule.

Un Fayulu pourtant fragile mais combattif

Martin Fayulu sait qu’il est très fragile car actuellement beaucoup de leaders de sa plateforme Lamuka souhaitent aller de l’avant et aider Tshisekedi dans sa tâche. Selon un politologue congolais, Fayulu ne veut plus rester dans l’ombre de l’un ou de l’autre leader de la coalition Lamuka principalement Moise Katumbi et Jean-Pierre Bemba et veut faire sa propre pression. L’église catholique, pourtant très critique après la proclamation trouve les premiers pas de Tshisekedi rassurant.

D’ailleurs, quand Christophe Boisbouvier lui demande s’il ne craint pas un isolement dans la coalition, il préfère voir le peuple comme Lamuka sans faire allusion aux rapports avec les principaux leaders. « Je ne crains pas ça parce que de toutes les façons Lamuka c’est le peuple Congolais et personne n’a primauté sur le peuple Congolais », dit-il. Une sorte de désaveu annoncé envers les autres leaders de cette coalition qui prendraient une décision qui ne l’arrangerait pas, parce que désormais Lamuka c’est pour le peuple et le peuple ne demande que Fayulu, selon lui à la tête de la RDC.

C’est en tout cas un Martin Fayulu encore combattif mais désormais un peu conciliant et qui tente de cavalier seul si les autres leaders ne suivent pas sa position, en attendant bien sûr les conclusions de la réunion de Bruxelles.

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