RDC : cri d’alarme sur la « spoliation » de parcs nationaux (AFP)

Derniers hippopotames des Virunga. Suite aux guerres, les hippopotames ont presque disparu de l'est de la RD-Congo. Il y'a encore 20 ans, ces animaux constituaient la plus grande population d'hippopotames d'Afrique. Photo: Flickr bjectifbrousse

Entre empiètement agricole, limites contestées, braconnage, extraction minière, corruption et barrage hydroélectrique, une ONG congolaise a dressé dans un rapport consacré à deux parcs nationaux du sud-est de la RDC un panorama des menaces qui pèsent sur les aires protégées, amenant les autorités à ouvrir une enquête.

« A laisser faire la pression humaine sur ces deux parcs, il est certain que toutes les espèces protégées vont disparaître ou migrer vers d’autres lieux incommodes », a alerté l’organisation « Justicia » de promotion des droits humains et du développement durable dans une récente étude consacrée aux parcs de l’Upemba et de Kundelungu, dans la région minière du Katanga.

« Ce ne sont pas seulement ces deux parcs. Tous les parcs sont envahis, spoliés, on est en train de les détruire ! », a mis en garde mardi le général Albert Massi Bamba, le commandant du corps chargé de la sécurisation des parcs et réserves (CorPPN) au sein de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), au cours d’un point de presse organisé en réaction au rapport de Justicia.

Partout des gens « veulent des champs », veulent « la carbonisation » (faire du charbon de bois) ou exploiter des minerais. Il faut éduquer, associer, développer et faire profiter les riverains des recettes potentielles de l’énorme capital touristique du pays, a déclaré le général.

Dans son rapport, Justicia constate des « conflits » entre des villageois et les parcs dont ils disent « ne pas maîtriser les limites » et qu’ils accusent d’avoir volé « leurs terres ancestrales », s’autorisant de ce fait à y construire des maisons, cultiver, chasser ou chercher de l’or. Sans parler des conflits entre les hommes et les hippopotames ou les éléphants.

Le rapport s’inquiète aussi d’un projet de construction d’un barrage hydroélectrique sur une rivière du parc de l’Upemba et de l’empiètement sur le parc de Kundelungu d’une ferme appartenant à l’ancien président Joseph Kabila.

Sur ces deux points, il est prévu de « créer une commission indépendante mixte, incluant des représentants de la société civile et des leaders des communautés vivant autour des parcs », afin d' »établir les responsabilités et émettre des recommandations au gouvernement », a indiqué le CorPPN dans un communiqué remis aux journalistes.

L’ICCN n’est pas « contre l’érection d’un barrage dans le parc », mais « il faut des études, menées avec tous les gens concernés, par des techniciens », afin de transmettre un rapport aux autorités qui décideront si cet ouvrage est nécessaire aux populations, a dit le général Massi. « Nous allons descendre sur le terrain », a-t-il promis.

Créé en 1939, le parc de l’Upemba renfermait à l’époque d’importantes populations de rhinocéros noirs, d’éléphants, des buffles, des léopards, des lions, etc. Le parc de Kundelungu a été créé en 1970 pour la conservation des zèbres et des guépards, rappelle Justicia.

L’ICCN gère en RDC neuf parcs nationaux et quelque 80 réserves représentant 14% du territoire national. Mais « malheureusement, la perte de la biodiversité continue », estime l’ONG.

Radio Okapi/provinces26rdc.net

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