RDC-Election : Même des partis les plus diamétralement opposés n’est plus à exclure pour la cohabitation

En ce moment à travers la RDC toute entière une nouvelle configuration politique est en train de voir le jour entre les partis de l’ancienne majorité au pouvoir et ceux de l’ancienne opposition. Dans la province du Sud-Kivu, cela n’est plus illusoire car l’UNC de Vital Kamerhe et l’AFDC de Bahati Lukwebo se sont mis d’accord pour présenter une liste au poste de gouverneur de province, ce qui vraisemblablement risque de consacrer l’émergence de la pensée unilatérale au détriment de la démocratie multipartiste.

Le vent de l’alternance n’a pas seulement remplacé un homme au sommet de l’Etat, ni un courant politique ancien par un courant rénovateur. Loin de cette perception des faits, il faut voir le profond chambardement de la classe politique qui s’en est suivi et qui s’en suivra certes progressivement.

Comme aucune coalition ne s’est arrogée le monopole lors des dernières élections [pas même le FCC car il a perdu la présidence bien que majoritaire dans les différentes assemblées], la faction et la réfaction seront irréfutablement moult selon la suprématie de telle ou telle autre tendance dans tel ou tel coin de la république.

Du coup, la cohabitation entre des partis même les plus diamétralement opposés n’est plus à exclure désormais. Sans tabou, un parti du Cap pour le Changement se verra dans certaines circonstances obligé de faire la paix avec un tiers parti de Lamuka, selon que l’adversaire à contrecarrer sera de plus redoutable.

De même sans engager une union formelle CACH-FCC, comme c’est le cas pour l’instant dans la province du Sud-Kivu, un parti fort de la coalition de l’ancien chef de l’Etat contractera une alliance avec une formation fidèle au nouveau président selon que le dinosaure en face et à abattre apparait comme un frère ennemi. Pour le cas du Sud-Kivu, l’AFDC trouvera plus doux de communier avec l’UNC, dans une alliance ouverte où elle est prise comme un partenaire de premier plan, que de se cramponner derrière le PPRD en risquant de ne ramasser que les miettes.

Des déclarations fusant des cercles privés de la plateforme Lamuka déclarent ne pas garder dans leur ligne de mire le président Tshisekedi qui jadis fut un allié. Si rien n’a toujours été concrétisé entre la branche modérée de la coalition de soutien à Fayulu et la famille présidentielle du moment, il reste envisageable que, dans certaines régions, ce mariage contre nature surgisse.

Sans pont direct et durable, les interconnexions entre les mouvements politiques semblent zipper à coup sûr les barrières idéologiques entre les partis politiques qui, du reste, ne sont unis que par leur fidélité envers une personnalité consensuelle.

Cette reconfiguration en perspective, ou en conception enlèvera tant soit peu la saveur de la démocratie car celle-ci se nourrit traditionnellement de la diversité d’opinion. A cet effet, le rôle de contrepoids devra se trouver un nouveau titulaire.

A défaut d’une opposition bien structurée, les organisations de la société civile ne tarderont pas à monter au créneau. Pourtant, dans le contexte politique du moment, la société civile n’a plus l’essence de son combat. Pour certains analystes averti, la société civile actuelle s’est substituée en une pépinière où doivent ses ressourcer les partis politiques pour gonfler leurs rangs.

Faire foi en la société civile traditionnelle étant devenu peu rassurant, les mouvements apolitiques alternatifs peuvent être susceptibles de colmater ladite brèche. La prolifération de mouvements citoyens, et leur activisme semble constituer une autre voix dont peut se glorifier la démocratie en RDC. Ceci ne semble pourtant pas rassurant, non plus à moins que ces mouvements changent de méthodologies, et même d’objectif.

Dans leur tradition, les mouvements citoyens se mettent en place pour une mission donnée, et une fois la mission atteinte, il s’observe un désengagement dans les rangs de ces militants qui pour la plupart sont jeunes.

Par ailleurs, un courant risque de perdurer plus longtemps. Il s’agit de la branche de la plateforme Lamuka entièrement acquise à la cause de Martin Fayulu. S’il est presqu’évident que certains vont quitter le navire et laisser à bord des mailles difficiles à combler, l’ancien candidat président de la République Martin Fayulu devra compter sur quelques compagnons fidèles.

Cependant, il serait imprudent de s’hasarder à énumérer qui devra endurer à l’opposition pendant les cinq prochaines années aussi longtemps que la politique congolaise restera dans son « dynamisme » historique. Toutefois, une chose est certaine, la coalition pour mieux mener une opposition républicaine et constructive, Lamuka devra procéder par un redimensionnement de ses objectifs et de son message.

Toutefois, la naissance d’autres forces vives n’est pas exclue étant donné que le consensus autour des nouveaux dirigeants ne sera pas forcement automatique. De toutes les façons, il faut une nouvelle voix discordante pour aider la démocratie à s’enraciner davantage dans le pays de Lumumba

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