RDC : Faute de moyens, la délégation congolaise absente d’une mission internationale sur l’affaire Mbororo à Dungu

Une mission internationale des délégués des pays membres du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale est en visite à Dungu, dans la province de Haut-Uélé, depuis ce lundi 25 mars 2019, pour « palper du doigt » la problématique de la « difficile cohabitation entre les populations locales et les Mbororo », issus des milieux Peulhs en quête d’espace pour l’élevage de leurs bétails. Selon des sources généralement bien renseignées, faute de moyens « ne serait-ce que pour assurer les frais de billet pour le voyage de ses membres », la partie congolaise n’a pas encore pu rejoindre les délégations étrangères déjà à l’œuvre à Dungu. Ceci est d’autant plus grave que la RDC court le risque de subir les conclusions de cette mission effectuée sur son propre territoire. Ce, après avoir fait, en 1994, la triste expérience de la vague incontrôlée des « réfugiés » munis d’armes en provenance des pays voisins de l’Est. 

Cette mission internationale à Dungu s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la 48ème session ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale prévue à Kinshasa fin mai 2019. Ces assises porteront sur « la transhumance et le pastoralisme ». Cette question est censée intéresser la RDC suite aux problèmes que pose la présence des Mbororo sur la sécurité de l’Etat, des populations locales ainsi qu’à l’écosystème.

En effet, les Mbororo, provenant généralement du Tchad et du Cameroun, sont accusés de poursuivre leur expansion en RDC, précisément sur des espaces frontaliers à la Centrafrique et au Soudan du sud, deux pays affaiblis par des conflits armés et dépourvus de capacités de contrôle de flux des populations. Selon Radio Okapi, « La société civile de Dungu dans la province du Haut-Uele a organisé ce mardi 26 mars une journée ville morte pour dénoncer un projet en gestation appelant les populations du territoire de Dungu à une cohabitation pacifique avec les éleveurs étrangers, les Mbororos. D’après Dieudonné Ngagupay, président de la société civile de Dungu, une délégation des pays concernés séjourne depuis lundi 25 mars à Dungu pour sa concrétisation. Il cite notamment les délégations de Tchad, Cameroun, République Centrafricaine, Guinée Équatoriale et Angola. »

Les évêques catholiques de la province ecclésiastique de Kisangani – qui englobe les provinces de Tshopo, Ituri, Haut et Bas-Uele (nord-est) – ont publié, la semaine dernière, un rapport qui dénonce l’expansion de ces étrangers sur le sol congolais. « Les éleveurs Mbororo s’installent de plus en plus sur le territoire congolais, et la présence d’autres éleveurs locaux devient une source d’insécurité pour la population dans les territoires de Watsa et de Rungu. De tels mouvements migratoires désordonnés font du nord-est du pays, où le pouvoir de l’Etat est quasiment imperceptible à certains endroits, le ventre mou du territoire national qui peut se prêter facilement au risque de la balkanisation du pays », écrivent les prélats.

La société civile de Mambasa parle de plusieurs milliers d’éleveurs arrivés avec les troupeaux en provenance de Gombari, dans la province de Haut-Uele. La même source indique que la population de la région se déplace massivement vers d’autres zones craignant l’insécurité.

Plutôt que de subir les événements, les autorités nationales feraient œuvre utile de se rattraper avant qu’il ne soit tard. La mission internationale boucle sa visite à Dungu le 30 mars 2019.

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