RDC : Le quartier oublié de Kinshasa, Un petit tour à Pakadjuma

C’était un jeudi, lorsque j’ai effectué une descente à Pakadjuma pour un reportage. Et c’était la première fois je visitais ce quartier de Limete qui tire malheureusement sa célébrité du commerce du sexe qui y bat son plein à vil prix.

Je suis née à Kinshasa. J’ai toujours entendu parler de Pakadjuma. Et ce jour-là, lors de ma visite dans ce quartier, j’ai découvert ce que l’on ne m’avait jamais raconté : la misère dans laquelle croupissent les femmes et leurs enfants.

Des maisons construites à base de tôles usées

À Pakadjuma, les herbes sauvages, les eaux stagnantes et les immondices dégagent une odeur insupportable. Et juste à côté, les jeunes gens jouent au football. On ne bouche pas le nez, sinon vous êtes repérés à la minute. Ce qui peut vous attirer des ennuis.

En face de moi, je vois environ cent foyers. Des taudis construits à base de tôles usées et de feuilles de bois. Quelques enfants de 3 à 10 ans, torses nus, jouent aux billes, et à d’autres jeux. Puis, j’ai vu deux femmes, en singlets, pagnes et babouches. Ce qui a attiré mon attention c’est qu’elles portent dans leurs bras deux petits garçons apparemment très malades. Très fatigués et pâles… Signe de malnutrition. Les deux femmes, plutôt insouciantes, viennent chercher de l’eau. Oui, le manque d’eau est une autre réalité à Pakadjuma. C’est un autre Kinshasa que je découvre !

Pas d’installations sanitaires

Jusqu’à ce jour, la Régideso n’alimente pas ce quartier en eau potable. La Société nationale d’électricité non plus ne fournit d’énergie électrique . Et ce n’est pas tout ! Sur les toits des maisons, on observe de petits seaux de toutes les couleurs. Ils servent de cuves pour satisfaire ses besoin naturels. Il n’y a pas de latrines dignes de ce nom dans ce quartier. Attention ! Si un agent de police surprend l’un des habitants dans les herbes, en train de vider son petit seau, une amande de 50.000 francs congolais lui est imposée.

Difficile d’approcher les jeunes femmes qui me disent avoir « trop parlé aux medias, sans que les autorités viennent les visiter ». Certaines filles, à l’âge de la puberté « se plaignent d’être traitées de professionnelles du sexe alors qu’elles ne le sont pas en réalité ».

J’ai rencontré Charlie Mongala, 55 ans. Cette mère de cinq enfants dont une fille, est une ancienne « femme manœuvre » à Mont-Ngafula. Affaiblie par une maladie, elle a dû déménager pour Pakadjuma. « Je me débrouillais dans le petit commerce des poissons fumés avant de tomber malade en 2007. Quelques temps après, mon mari et l’un de nos enfants sont également tombés malades. Cette même maladie qui a commencé par le dos et qui a paralysé mes deux pieds, les a aussi atteints. Nous avons parcouru les hôpitaux et centres de santé pour en connaitre l’origine. Nous avons fait le dépistage volontaire et autres examens sans succès. Cette maladie m’a rendue infirme jusqu’à ce jour. Nos conditions de vie étaient devenues très difficiles quand nous avons pris l’option de venir à Pakadjuma », explique Charlie, sur le point de pleurer.

Charlie a décroché son diplôme en math-physique à l’Institut de Goma. Elle rêve de voir sa fille achever ses études à l’Université de Kinshasa. «  Même si je n’ai pas réussi à matérialiser mon rêve d’enfance, même dans ces conditions de vie très difficiles, je continue à croire qu’un jour ma fille reprendra ses études et deviendra médecin », espère Charlie. Son benjamin qui a 12 ans maintenant, n’a jamais été à l’école. Pourtant, affirme sa mère, « il parle bien français, réfléchit bien, a de petites notions de calcul… Il est intelligent ». Comme ce fils de Charlie, la plupart des enfants qui habitent ce quartier n’ont jamais connu l’école.

Une lueur d’espoir

J’ai contacté Espérance Kissimbila, coordinatrice de l’Association pour l’encadrement, la promotion et le développement de la femme et de l’enfant. Elle propose des séances de formation pour l’auto-prise en charge des femmes de Pakadjuma. Pour elle, comme pour plusieurs femmes ici, le cas de Pakajuma nécessite plus que des discours. Elle explique : « L’histoire des femmes de Pakadjuma date de très longtemps à Kinshasa. Il faut leur offrir de bonnes conditions de vie dans un milieu sain. Les faire bénéficier des formations sur des activité génératrices des revenus. Avec un appui du gouvernement, elles pourront se prendre en charge elles-mêmes et être utiles à la société. »

HABARI

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