L’Observatoire de la dépense publique (Odep), une ONG créée en 2011 et qui regroupe des organisations qui suivent le budget du gouvernement, n’est pas tendre dans le premier bulletin qu’il adresse au nouveau pouvoir en place en République démocratique du Congo.
Dépenses extra budgétaires, contre-performances des régies financières et explosion des dépenses institutionnelles, explique en préambule l’Odep qui explique que les trois premiers mois de l’ère Tshisekedi « n’ont pas été tendres pour les finances de l’État ».
Il revient sur le fait que le nouveau régime a fait une croix sur la loi de finances 2019 votée et promulguée en décembre 2018.
Un des grands soucis de l’Odep, c’est le financement des projets retenus dans le programme d’urgence des 100 jours du nouveau chef de l’État. « Ces dépenses sont orchestrées en dehors de la chaîne des dépenses publiques et donc sans le moindre contrôle. Plus de 75% des dépenses publiques ont été exécutées en procédures d’urgence, foulant aux pieds les règles établies et en dehors des crédits votés par le Parlement », poursuit l’Odep qui y ajoute « le laxisme des régies financières qui a abouti à des contre-performances hors-normes et les dépenses de fonctionnement des institutions qui sont parties en flèches ». Un ensemble qui fait craindre que le budget de l’État s’engouffre sur une pente savonneuse qui pourrait mettre les finances publiques dans le rouge vif et fragiliser ainsi l’édifice macroéconomique de la RDC.
De janvier à mars 2019, le déficit budgétaire enregistré est de 151,1 millions de dollars. Un chiffre qui devrait en réalité être bien plus important quand on sait que les dépenses publiques ont été payées à hauteur de 42,46% au premier trimestre, explique l’Odep qui pointe notamment les dépenses de fonctionnement de la présidence de la République qui ont connu un dépassement de 120% sur ce premier trimestre.
« Au cours de la même période, les dépenses des institutions politiques, notamment la Présidence de la République (18 millions dollars US), la Primature (6,1 millions dollars US), l’Assemblée Nationale (17,1 dollars US), le Senat (5,2 millions dollars US), les Gouvernorats des provinces et les Assemblées provinciales (167,2 millions dollars US) ont coûté environ 213,6 millions de dollars US au trésor public », poursuit le rapport qui ajoute : « La réduction de ces dépenses pourrait faciliter la construction des écoles et des hôpitaux, la réhabilitation des routes, etc… ».
Recettes en baisse
Le rapport de l’Odep note qu’aucune régie financière n’a atteint ses objectifs au premier trimestre 2019. « La corruption, l’évasion fiscale, les exonérations illégales, l’immixtion du personnel militaire et policier sont des faits qui privent l’État congolais des moyens dont-il a besoin », peut-on lire
Dépenses sociales en baisse
Si les dépenses des institutions s’accroissent rapidement depuis le début de l’année, celles des secteurs sociaux diminuent. Les déficits enregistrés depuis le début de l’année vont inévitablement peser sur la possibilité d’entreprendre des investissements. Une fois encore, ce serait les dépenses sociales qui pourraient être mises à mal, creusant encore un peu plus les inégalités sociales,… « , malgré les bonnes intentions du Président de la République », poursuit l’Odep.
Laisser un commentaire