A un peu plus de deux mois des élections générales, la problématique de l’affichage des listes des électeurs s’est invité dans le débat au point de se poser en nouveau casus belli entre la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et certaines parties prenantes au processus électoral après le bras de fer au sujet d’un nouvel audit du fichier des élections.
Pas sûr que cette nouvelle problématique ne passe sans asséner un énième coup dur sur la transparence du jeu électoral en cours, à en croire les déclarations qui n’ont cessé de fuser de la part aussi bien des opposants que des églises catholique et protestante depuis que la CENI a communiqué sa décision de « publier graduellement par province, par antenne et par site de vote, avec indication du bureau de vote, la liste provisoire des électeurs » sur son site Internet.
Une décision qui répond à l’exigence de la Loi électorale. Sauf que la CENI, sous Denis Kadima, veut faire exception en renonçant à l’affichage sur papier de ces listes.
«Pour diverses raisons, notamment le manque d’espace physique dans les antennes de la CENI et le risque de vandalisme de ces listes ou d’intempéries-pendant la saison pluvieuse-, en lieu et place d’un affichage, la consultation desdites listes se fera auprès d’un agent appelé Préposé à l’affichage affecté à cette tâche au niveau de chaque antenne de la CENI», a expliqué l’institution électorale dans son communiqué du 5 octobre dernier.
En prenant l’option de privilégier l’affichage en ligne, la CENI a dit vouloir permettre à «tout électeur, tout candidat et tout parti ou regroupement politique» de consulter lesdites listes.
Pourtant, cette «innovation» peine à faire l’unanimité parmi les parties prenantes au processus électoral, tant elle est accusée de violer certaines dispositions de la Loi électorale, notamment l’article 8 qui stipule: «Dans chaque bureau de vote, la liste des électeurs est affichée 30 jours avant la date du scrutin. Elle reprend, pour chaque électeur, le nom, le post-nom et le prénom, le lieu et la date de naissance, le sexe ainsi que l’adresse du domicile ou de la résidence actuelle».
Les églises catholique et protestante, à travers leur mission d’observation électorale (MOE CENCO-ECC), ont donné de la voix dans un communiqué publié le mercredi 11 octobre pour rappeler que « cette disposition prise par la CENI entame les prescrits des articles 8 de la Loi électorale et 20 des Mesures d’application de cette Loi qui voudraient que tout électeur, tout candidat et tout parti ou regroupement politique puisse consulter ces listes de manière physique ou électronique ». Même si les deux églises ont dit « comprendre les raisons évoquées par la CENI », elles ont toutefois exigé « l’affichage » au niveau des antennes de la centrale électorale de ces listes de manière à offrir aux parties prenantes au processus électoral l’occasion d’« avoir un regard citoyen sur ces listes » et de « les évaluer ».
L’affichage des listes des électeurs, à scruter le communiqué de ces deux confessions religieuses, s’impose en dépit des raisons avancées. Elles considèrent que les «conditions fixées par la CENI» sont de nature à «restreindre la consultation des listes à la simple vérification de la présence ou non du nom d’un électeur dans cette liste électorale».
Il est peu de comprendre le communiqué de la MOE CENCO-ECC comme une exigence à la CENI de «prendre tous les arrangements nécessaires afin que les listes électorales soient affichées» et au gouvernement de «faire sa part en sécurisant tous les sites où les listes électorales provisoires devraient être affichées».
La même exigence est aussi portée par les opposants qui soupçonnent déjà la CENI de n’avoir pas, en réalité, un fichier électoral.
« La Loi électorale de la RDC oblige à la CENI et à son président d’afficher les noms de tous les électeurs dans toutes les provinces devant les bureaux et centres de vote. Cet affichage doit se faire en dur, c’est-à-dire sur les papiers », a rappelé Prince Epenge, communicateur de Lamuka aile Muzito dans un bref entretien avec le média en ligne Infos CD.
Un autre acteur a balayé d’un revers de la main les raisons avancées par la CENI. « Les élections de 2006, 2011 et 2018 étaient organisées pendant la période pluvieuse, dans les écoles et les églises, dans un contexte tout aussi tendu, mais Apollinaire Malumalu, Ngoy Mulunda et Corneille Nangaa ne s’étaient pas réfugiés derrière le manque d’espace physique, le vandalisme ou les intempéries pour ne pas afficher les listes des électeurs », a-t-il tempêté, non sans considérer cette décision de la centrale électorale comme des « signes avant-coureurs d’une fraude électorale planifiée ».
Africa News RDC / Provinces26rdc.com
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