RDC-Listes électorales : les indices de fraude

La machine CENI est gravement en panne technique. Elle avoue son incapacité à afficher les listes électorales comme prévu par la loi et propose une formule illégale pour contenir les vérifications des identités des électeurs dans le fichier électoral. Tâtonnements rejetés par la plupart des acteurs et parties prenantes au processus électoral congolais.

La mission d’observation de la Conférence épiscopale nationale du Congo et de l’Église du Christ au Congo (MOE CENCO-ECC) a réagi promptement à la décision de la CENI. Elle affirme comprendre les raisons évoquées par la Centrale électorale qui privilégie la voie de consultation de la liste des électeurs auprès d’un agent préposé plutôt que de l’afficher. Cependant, dit-elle, « cette disposition prise par la CENI entame les prescrits des articles 6 de la Loi électorale et 20 des mesures d’application de cette loi qui voudraient que tout électeur, tout candidat et tout parti ou regroupement politique puisse consulter ces listes de manière physique ou électronique ».

Dans son communiqué signé le mercredi 11 octobre 2023, Cyrille Ebotoko recommande à la CENI de prendre tous les arrangements nécessaires afin que les listes électorales soient affichées à travers les antennes. « La MOE CENCO-ECC en appelle ainsi au gouvernement de faire sa part en sécurisant tous les sites où les listes électorales provisoires devraient être affichées. Elle apprécie à juste titre la đécision N°0so/CENI/2023 relative à la publication de la liste provisoire des électeurs par centre de vote, avec indication du bureau de vote ; notamment, le fait que ces listes seront aussi publiées sur son site pour consultation. Selon la ligne 84 du calendrier électoral, cette publication devait intervenir dans la période allant du 22 mai au 18 septembre 2023 », a indiqué le coordonnateur de cette mission d’observation électorale. Cyrille Ebotoko ajoute : « Il est clair que les conditions à fixer par la CENI ne devraient pas restreindre la consultation des listes à la simple vérification de la présence ou non du nom d’un électeur dans cette liste électorale. En plus, les partis et regroupements politiques devraient, par cette occasion, avoir un regard citoyen sur ces listes afin de les évaluer », écrit-il.

Kadima pris au piège de son mensonge 

Dans sa réaction particulière virulente, la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE) a considéré que la CENI paie déjà les conséquences de ses turpitudes électorales. « Incapable d’afficher les listes inexistantes d’enrôlés, la CENI passe à des mises en scène », dénonce Simaro Ngongo Mbayo. Pour le numéro un de cette organisation spécialisée en matière électorale, la CENI a du mal à afficher les listes puisqu’elles ont été fabriquées dans les officines de l’Union sacrée. « La Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient d’avouer son inaptitude. Elle viole la loi électorale en improvisant un dispositif tout à fait inattendu pour la consultation des listes des électeurs congolais (Communiqué de presse n•050/CENI/2023) », s’indigne la CASE non sans rappeler que « la CENI ne dispose pas d’une liste électorale fiable et qu’elle se contente de quelques fragments d’électeurs collectés manuellement dans la plus grande opacité ». Ainsi, déclare Simaro Ngongo, plusieurs Congolais ne se retrouvent pas sur ces listes « torsadées ».

Simaro Ngongo Mbayo rappelle en outre que « les observateurs nationaux et internationaux ont toujours demandé d’évaluer cet outil de gestion des élections sans jamais l’obtenir ». Les audits sollicités ou planifiés n’ont jamais été acceptés par crainte de voir la vérité de l’incompétence technique éclater au grand jour, poursuit la Case qui s’étonne de constater que les acteurs politiques respectés se soient dédits en souscrivant à un processus électoral bancal, irraisonné et susceptible de nuire à la démocratie. “L’attitude irresponsable du gouvernement congolais qui pousse à la tenue bouleversante des élections, le comportement cascadeur de la CENI qui joue un rôle tortueux dans ce processus et le forcing politique assumé à travers les déclarations du président Félix Tshisekedi offrent un décor sulfureux au processus électoral“, résume l’organisation, avant de conclure que «ce processus sera drôlement maléfique».

L’équipe Kadima appelée à démissionner 

Kilosho Museme, communicateur d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi Chapwe est monté au créneau pour dénoncer les insuffisances de la CENI. « Nous demandons et nous exigeons à la CENI et à ses animateurs d’afficher les listes des électeurs. C’est une obligation, ce n’est pas un cadeau. La CENI ne doit pas nous imposer un jeu, la CENI est régie par des textes, ce n’est pas à monsieur Kadima de nous dire qu’on va faire ça et qu’on ne va pas faire cela. C’est une obligation et s’il ne le fait pas, il doit démissionner », a-t-il déclaré mercredi soir en plateau lors d’un débat sur une chaîne de télévision de Kinshasa. L’opposant estime que la CENI doit respecter les lois. La loi prévoit l’affichage des officielles des listes (Article 6 de la loi électorale) : « La qualité d’électeur est constatée par l’inscription sur la liste des électeurs et la détention d’une carte d’électeur ou, en cas de perte de celle-ci, d’un duplicata délivré par la Commission électorale nationale indépendante. La Ceni publie, par centre de vote, la liste provisoire des électeurs avec indication du bureau de vote. Tout électeur, tout candidat et tout parti politique ou regroupement politique peut consulter ces listes dans les conditions fixées par la Commission électorale nationale indépendante. Toute réclamation portant sur une liste électorale est, dans les trente jours à compter de l’affichage provisoire, introduite auprès de l’agent de la Commission électorale nationale indépendante préposé à l’affichage ou, à défaut, auprès de l’antenne territorialement compétente pour le site de l’affichage », fin de citation.

Le jeune katumbiste insiste sur la nécessité obligatoire pour la CENI de s’y conformer : « Si la CENI est incapable de respecter les lois, cela veut dire qu’elle est incapable d’organiser des élections. Nous exigeons à la CENI d’afficher les listes des électeurs, c’est une obligation légale. Au cas contraire, le président Denis Kadima et toute son équipe doivent démissionner », a-t-il souligné.


Ouragan / Provinces26rdc.com

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