Le gourou de la secte politico-mystique Bundu dia Mayala, Ne Mwanda Nsemi, réapparu lundi à Kinshasa après son évasion de la prison de Makala deux ans plus tôt, a, on le sait, à nouveau disparu mardi, le 7 mai, alors que son arrestation avait été ordonnée. Se serait-il réfugié chez le consul général honoraire d’Haïti? Il en avait, en tout cas, fait la demande le 2 mai.
Dans une lettre du 2 mai, le directeur du bureau politique de Bundu Dia Mayala (BDM) et « porte-parole de Ne Mwanda Nsemi », Joseph Sita Nsoni, a en effet sollicité auprès du consul général honoraire d’Haïti « un asile politique » en faveur du fugitif, présenté comme « député national honoraire, notable kongo, autorité morale de BDM, leader charismatique et incontournable des Bakongo, icône africaine et grand visionnaire ».
Liens ancestraux
La lettre justifie cette demande par « les liens ancestraux » entre Bakongo et Haïtiens. La population de ce pays caraïbe est en effet majoritairement formée de descendants d’esclaves de l’ancienne colonie française de Saint-Domingue, qui a déclaré son indépendance en janvier 1804 sous le nom d’Haïti, devenant ainsi la première république noire de l’histoire. Or, selon les historiens de l’esclavage, les derniers arrivages de captifs sur la moitié française de l’île d’Hispanolia provenaient essentiellement du Royaume kongo – royaume dont Ne Mwanda Nsemi voudrait voir les anciens territoires gagner leur indépendance du reste de la RDCongo.
Le premier ambassadeur d’Haïti au Congo, Jean David, a été enterré au Kongo-Central (ex-Bas-Congo), près de Mbanza-Ngungu, où la tradition familiale situait l’origine d’un ancêtre arraché à l’Afrique, sur base des indications portées sur son certificat d’affranchissement. La lettre de M. Sita Nsoni semble suggérer que le consul général honoraire actuel, dont le nom n’est pas mentionné, est le fils de ce diplomate défunt. Avant d’être ambassadeur d’Haïti, Jean David avait été représentant de l’Onu à Léopoldville et avait amené dans l’ancienne colonie belge un contingent d’enseignants pour pallier au départ des enseignants belges après l’indépendance du Congo.
Selon la lettre de M. Sita Nsoni, cet asile serait temporaire, le temps pour Ne Mwanda Nsemi de demander la levée des poursuites judiciaires contre lui au Procureur général de la RDCongo, avec l’aide de Joseph Olengankoy, président du CNSA (Conseil national de suivi de l’Accord de la St-Sylvestre).
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