Les organisations de défense des droits humains du Nord-Kivu lancent une alerte d’ampleur nationale et internationale. Dans un communiqué rendu public à Beni, jeudi 27 novembre 2025, elles affirment que le Rwanda met en œuvre « un nouveau plan de sabotage des processus de paix de Washington et de Doha » et cherche à étendre les combats vers plusieurs provinces stratégiques de la RDC.
Les organisations déclarent que Kigali veut saper à tout prix les efforts de paix en cours et poursuivra les opérations militaires pour tenter « de s’emparer des villes de Kalemie, Kindu et Kisangani ». Elles soulignent que, selon le régime rwandais, « la prise des villes de Goma et de Bukavu par le RDF-M23-AFC n’a pas mis le Gouvernement congolais en position de faiblesse », avant d’ajouter que le Rwanda « veut la conquête d’autres grands espaces pour pousser Kinshasa à céder sans tergiversation aux exigences du Rwanda via le M23-AFC ».
Les organisations affirment disposer d’informations dignes de foi selon lesquelles les combattants M23-AFC ont quitté certaines premières lignes pour laisser place aux forces spéciales rwandaises.
« Les combattants M23-AFC se retirent des premières lignes et laissent place aux militaires de la Force Spéciale Rwandaise, bien équipés pour poursuivre la conquête des villages et villes», laissent entendre les organisations.
Elles ajoutent que ces repositionnements visent à renforcer une stratégie militaire alors que Kigali « ne se sent pas en bonne position avec l’évolution des pourparlers de paix » à Washington et à Doha, affirmant que le Rwanda « ne jure que par la politique du chaos pour tenter de ramener les cartes politiques à sa faveur ».
Pour ces organisations, les mouvements de troupes observés le 20 novembre 2025 illustrent cette inquiétude.
« Les militaires rwandais déployés dans le territoire de Nyiragongo ont quitté leurs positions et se sont rassemblés dans l’ancienne base de la Force de l’EAC à Kibati pour être redéployés vers les lignes des fronts entre Masisi et Walikale », indiquent les organisations.
Elles précisent également que d’autres contingents « viennent directement du Rwanda et entrent au Sud-Kivu pour renforcer les lignes menant vers Shabunda à Lulingu », zone qui donne accès au Maniema et à la Tshopo, deux provinces riches en cassitérite et en or.
Les organisations disent exprimer des vives inquiétudes quant aux conséquences humaines d’une telle offensive. Elles redoutent « des déplacements massifs » et une aggravation d’une crise déjà dramatique.
« Ces nouvelles attaques peuvent provoquer une cohorte de crimes graves sur les civils et augmenter une autre catastrophe humanitaire à celle qui existe déjà », préviennent-elles.
Dans leur communiqué, les acteurs de la société civile adressent une série de recommandations au Gouvernement congolais. Elles disent exiger :
« Une réaction immédiate, coordonnée et déterminée » avec l’État-major des FARDC pour stopper l’expansion militaire rwandaise.
« Un suivi rigoureux des actions des commandants et forces engagées » afin d’éviter toute infiltration ou défaillance.
Elles appellent également le Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine et le Qatar à utiliser « tous les leviers diplomatiques pour obtenir le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises » et à prendre « des mesures vigoureuses pour empêcher Kigali de saboter les processus de paix en cours ».
Au-delà des alertes et des recommandations, les organisations affirment que leur message vise avant tout à rappeler l’urgence d’une action internationale cohérente face à une crise qui menace de basculer vers l’irréversible. « Le moment d’agir c’est maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », insistent-elles, en soulignant que l’avenir de millions de Congolais dépend des décisions prises dans les prochains jours. Elles préviennent que l’histoire jugera sévèrement toute inaction et que la protection des civils doit redevenir la priorité absolue.
Tazama RDC / Provinces26rdc.com
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