Le trop-plein de candidats à l’élection présidentielle ne donne finalement que deux blocs : 23 compétiteurs face à Félix Tshisekedi, le candidat de la majorité présidentielle (Union sacrée de la nation). Cependant, les positions clairsemées de différents candidats de l’opposition éloignent les chances d’une déventure électorale efficace. Mais de l’avis d’un politologue congolais réputé, le bilan du pouvoir actuel pourra toujours faire les affaires d’un candidat sérieux de l’opposition.
Une guéguerre de positionnement se dessine irrémédiablement entre les 23 candidats présidents de la République positionnés en face du président Félix Tshisekedi. Les opposants inscrits comme candidats politiques ou indépendants se font des coups de boule réciproques, les uns contre les autres au point de perdre leurs principaux objectifs de conquête du pouvoir. “Nous observons depuis quelques semaines que certains candidats à la présidence de la République n’ont plus l’ambition de conquérir le pouvoir. Ils passent leur temps dans l’autoflagellation. Les uns accusent les autres et d’autres vont même jusqu’à attaquer leurs collègues candidats au niveau de la justice. Ceci est tout simplement inexplicable”, a déploré le directeur d’un centre de recherche spécialisé de questions politiques de Kinshasa. Jusqu’à présent, les alliances entre candidats à l’élection présidentielle ne s’annoncent pas. Sinon, timidement. Même les quatre leaders de l’opposition congolaise qui s’étaient réunis à Lubumbashi le vendredi 14 avril 2023 afin d’œuvrer ensemble pour l’aboutissement du processus électoral en cours dans le pays, ne rassurent plus d’une cohésion possible avant la tenue des scrutins. Il s’agit de Matata Ponyo, Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Martin Fayulu. Ils avaient pourtant pris une déclaration commune dans le sens d’une perspective vers une candidature commune.
Katumbi prend des allures de présidentiable
Les dernières tournées politiques du candidat numéro 3 ont permis de mesurer le niveau de sa popularité au niveau national. Son parti Ensemble pour la République s’est suffisamment implanté dans l’arrière-pays au point que sa percée politique inquiète notamment l’équipe de campagne de Félix Tshisekedi. Dans un témoignage rapporté à travers une vidéo, le pasteur Denis Lessie reconnaît les atouts politiques et sociaux de Moïse Katumbi Chapwe. “Katumbi fait des dons jusqu’au Bandundu. Une fois, j’étais dans la province et cela avait coïncidé avec le séjour de Katumbi dans la contrée. Nous avions notre réunion pour lancer la cotisation afin d’acquérir une morgue à Bandundu. La personne qui nous avait sauvé en payant la totalité des frais, c’est Moïse Katumbi Chapwe. Un Katangais qui se soucie du peuple du Bandundu. Quelqu’un comme ça, dites-moi, si moi je ne vote pas pour lui, quelqu’un d’autre du Bandundu votera pour lui. Il a marqué une époque. Il partage dans ses actions politiques”, avait-il témoigné. L’homme de Dieu enchaînera en rappelant qu’il était une autre fois à l’hôtel Karavia de Lubumbashi, il surprit un cafard dans sa chambre : “j’avais surpris un cafard dans ma chambre. Je l’avais présenté à la presse. Savez-vous que lorsque Katumbi a suivi cela, le même jour il a ordonné les travaux de modification de l’hôtel ? Au complexe scolaire Kiwele, j’avais filmé quelques espaces malpropres que j’avais fait diffuser à la télévision. Je voulais simplement énerver Moïse. Il m’appela pour me dire, Denis Lessie, tu es courageux. La première personne qui m’a acheté une maison dans ma vie, c’est Katumbi. Il avait dit, tu m’as défié. Il avait réhabilité tout le bâtiment de Kiwele. Tu vois un homme, dans son esprit là. Un tel adversaire est redoutable. En plus, la RDC est un pays des sportifs, or lui il aime le football. Moïse sait calculer le futur, il a le sang des blancs. Moïse sera président de la République dans ce pays”, avait-il prophétisé.
Manager talentueux, Katumbi a des atouts pour faire développer rapidement le Congo qu’on rêve, explique un membre du patronat congolais pour qui le leader Ensemble est le seul qui sort du lot de tous les 23 postulants. Sa gestion à la tête de l’ex-Katanga donne des indications sur les capacités de cet homme aussi bien à changer la vie de ses concitoyens qu’à transformer le pays. Pas avec des promesses chimériques comme c’est le cas aujourd’hui mais avec réalisations palpables. Kamerhe, l’alors président de l’Assemblée nationale avait conseillé aux autres gouverneurs d’aller apprendre chez Katumbi. L’actuel VPM de l’Économie était, depuis cette époque-là, séduit par l’homme, son pragmatisme et surtout sa force de concevoir et de mener à bien les grands projets de développement.
L’ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Daniel Shekomba a ouvertement choisi Katumbi vainqueur. Il n’a pas mâché les mots pour démontrer le réalisme du boss du TP Mazembe. « Après avoir analysé la liste des candidats à la présidence, sans aucune complaisance, le JOKER, c’est Katumbi en cas des élections transparentes », a-t-il écrit sur X ( ex-Twitter). D’après lui, une fois la candidature de Katumbi acceptée, il sera le nouveau président de la République démocratique du Congo. « Si sa candidature est acceptée, il va gagner, si sa candidature est rejetée, c’est la personne qu’il va appuyer qui va gagner» , a-t-il tranché.
Mukwege baigne dans le monde scientifique
Le candidat Denis Mukwege ne cesse de brasser des soutiens massifs dans les milieux scientifiques et intellectuels du pays. Sa dernière messe politique à Kinshasa a rassemblé des jeunes de toutes les catégories. Pour certains professeurs d’université, aucun pays, aucun peuple au monde ne se développe avec le style de vie de superficialité, de course aux mendicités et demandes d’aides qui se transforment en détournements et vols en RDC. “Non, Congolaises et Congolais, nous devons nous arrêter, réfléchir, examiner nos institutions et nos dirigeants qui ruinent nos vies et notre pays, et chacun doit dire non, assez c’est assez. Que le président soit de ma tribu, que le dirigeant soit de mon village ou de ma province, on ne dirige pas un peuple avec des mensonges, tromperies et démagogies mafieuses chaque année comme ça. Remplaçons tous nos dirigeants avec d’autres que nous allons surveiller de près, et au moindre dérapage, nous allons les chasser par des marches massives sur toute l’étendue de la république”, a justifié l’un des scientifiques. Mukwege semble donc remplir les conditions pour affronter Félix Tshisekedi, affirment plusieurs intellectuels congolais. “Nous mourons de faim, les routes sont impraticables, des tracasseries et insécurités partout, mais nos dirigeants ne font que se protéger avec des gardes comme des seigneurs, et ils bouffent tellement qu’ils ont des gros ventres; mais nous autres, nous sommes maigres et pauvres; non, assez c’est assez. Aux élections du 20 décembre 2023, nous voterons massivement pour un nouveau président honnête, crédible, compétent, soucieux du bien-être de notre pays, pour nous diriger sur le chemin de la renaissance nationale”, jure un éminent écrivain congolais.
Et les autres ?
A quoi servent les élections en RDC quand cette opération demeure la voie la plus sûre pour investir les malhonnêtes et les voleurs, des commerçants et des tricheurs à la tête des institutions ? Les élections pour un peuple moins mature politiquement comme les Congolais, c’est simplement pérenniser un cycle des arrangements à l’africaine et de la corruption permanente, se découragent certains congolais. “Nous avons besoin d’une bonne révolution politique pour éradiquer d’abord ce système corrompu et plein de corrupteurs insensibles face à la douleur du peuple“, a morigéné un enseignant d’école primaire de Kinshasa. Dans une lettre ouverte aux Congolais, Me Idesbald Byabuze Katabaruka, avocat au barreau du Sud-Kivu soutient que tout Congolais épris de paix et de patriotisme devrait saluer l’aboutissement du processus électoral désormais à l’abri de menaces. “Le financement du processus électoral s’étant sevré du moindre sou des donateurs étrangers, la situation se compliquait pour ceux des politiciens qui avaient boycotté jusqu’à leur propre enrôlement en sollicitant aussi une méfiance de leurs supposées bases électorales s’agissant de cette opération”, écrit-il en faisant allusion à Martin Fayulu.
Maître Byabuze rappelle des défections de caciques des temps anciens, des alliances nouvelles et des marathons de positionnement qui ont abouti aujourd’hui à l’enregistrement par la CENI de 24 candidatures à la présidence de la République, aucune n’ayant été rejetée par la centrale électorale. “Le contraire souhaité par l’un ou l’autre candidat aurait sûrement été de l’eau en abondance au moulin de ceux qui méprisaient les efforts consentis par les institutions de la République pour le respect et la réalisation de l’important pilier de la démocratie à savoir, les élections”, taquine-t-il. Et déjà, poursuit-il, chaque candidat déclaré et fort heureusement retenu se projette désormais à sa manière dans son imaginaire au sommet de la pyramide de l’Etat congolais. “Tel se prévaut d’un carnet d’adresses étrangères inégalable ; tel autre jure d’être le sauveur dispensateur du bonheur longtemps attendu aux Congolais”. Dans la même flopée des candidats, un se présente comme seul de tous, conjoint d’une érudite et un autre en réparateur de la RDC quand d’autres n’arguent que leur verte jeunesse comme seule recette de bonne gouvernance. D’autres, sans discours sinon qu’avec des chapelets d’insultes et de la rengaine au maximum, font de la figuration en offrant à la limite aux futurs électeurs une image très écornée de la prestigieuse qualité de candidats chef de l’Etat.
Le tenant du pouvoir actuel pour sa part a choisi de rempiler pour la poursuite de ses actions à impact visible. Tout compte fait, la foi dans la tenue des élections, le doute, les suspicions de fraude massive, le rejet ou l’empressement de dernière minute sont autant de faits qui soulagent les Congolais et les confortent dans leur ardent désir d’exercer le libre choix de leurs futurs représentants.
Ouragan / Provinces26rdc.com
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