
En 1964, des quantités importantes d’or ont été transférées au Soudan par le gouvernement rebelle de Stanleyville. Le trésor n’a jamais été rétrocédé au Congo. Pourquoi ? L’ancien président congolais Joseph Kabila connaît peut-être la réponse.
Plus de 54 ans après avoir été transféré au Soudan, l’or amassé par les rebelles Simba n’a toujours pas été rétrocédé au Congo. Comment cela se fait-il ? Dans un récent livre, « Soumialot et le secret des Simba » (amazon.fr, 418 pages 34,80 euros) Yves Hofmann, fils du confident suisse du dirigeant révolutionnaire Gaston Soumialot qui a fait transférer ce trésor, a mené l’enquête.
Une chose est sûre. Trésor il y a. Christophe Gbenye, président de l’éphémère République populaire du Congo qui sévit d’août à novembre 1964, dont Gaston Soumialot fut ministre de la Défense, en a reconnu l’existence en 1991.
En novembre 1964, la rébellion qui détient 1500 otages dans sa capitale, Stanleyville (Kisangani) voit avec crainte progresser vers elle, la colonne Ommegang du colonel belge Frédéric Vandewalle. Les rebelles évacuent alors au Soudan un butin considérable : des diamants, de l’ivoire, des francs belges et l’or saisi dans les banques locales et les coffres de la Société des Mines de Kilo-Moto qui, durant les décennies 1950 et 1960, en a produit plus de 85 tonnes. Au Soudan, les rebelles sont reçus à Juba par le général Omar el Béchir, qui prendra le pouvoir en 1993. Le trésor est transféré à la Bank of Sudan, à Khartoum. Le gouverneur, El Sid el Fil, délivre un reçu pour la livraison de 27,64 tonnes d’or, le 21 novembre 1964, dont l’auteur publie le fac-simile.
Selon l’avocat soudanais de Soumialot, Anwar Adham, il y a eu un autre dépôt d’au moins 5 tonnes, en 1965 à la Bank of Sudan ainsi quatre ventes d’or par celle-ci à l’Union de Banques Suisses (UBS) entre décembre 1964 à février 1965. Sans compter d’autres dépôts, l’or transféré, représente au cours actuel une valeur d’un milliard de dollars
Des dissensions éclatent entre Gbenye, Soumialot et le troisième membre du triumvirat, le général Nicolas Olenga, compliquant la récupération du butin. Olenga meurt dans des circonstances inexpliquées en 1986 à Brazzaville. Le 15 juillet 1987, Gbenye et Soumialot demandent à la Bank of Sudan de transférer l’or à une Fondation qu’ils ont créée en Suisse avec Martin Hofmann. En vain.
On croit l’affaire oubliée. C’est alors que Laurent Kabila, subordonné de Gaston Soumialot en 1964, devenu président du Congo, contacte Martin Hofmann en 1998. Le Suisse se dit prêt à lui remettre tout le dossier, à condition que les fonds servent à améliorer le sort des 20 000 réfugiés Simba au Soudan et à des projets sociaux au Congo. Laurent Kabila tente de contourner Hofmann pour accéder au trésor : en mars 1999, il se rend avec le vice-gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) à Khartoum mais sans succès. Après la mort de son père, Joseph Kabila entre alors en scène, donnant mandat le 19 septembre 2001 à son chef de cabinet, Léonard Beleke pour entamer des démarches avec Martin Hofmann pour récupérer le magot.
Laisser un commentaire