Le Parlement israélien a voté lundi 28 octobre à une écrasante majorité en faveur d’un projet de loi interdisant les activités de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Israël, malgré les objections des États-Unis et de l’ONU. Le texte a été approuvé par 92 des 120 membres de la Knesset (10 contre) alors qu’Israël, depuis longtemps très critique à l’égard de l’agence onusienne, a accusé certains employés de l’Unrwa d’avoir participé à l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Le chef de l’Unrwa estime que son interdiction par Israël va « aggraver les souffrances des Palestiniens ».
Le texte est adopté de manière définitive. Il bannit l’Unrwa du territoire israélien. Problème, l’État hébreu considère Jérusalem-Est comme étant en Israël. C’est dans cette partie de la Ville sainte, annexée et illégalement occupée par l’État hébreu, que se trouve le siège de cette agence de l’ONU, qui va donc devoir cesser ses activités.
L’Unrwa gère l’aide humanitaire, l’éducation et la santé à Gaza. Mais plus largement dans l’ensemble des territoires palestiniens de Cisjordanie occupée. Et même au-delà : Liban, Syrie et Jordanie. Si cette loi « est mise en œuvre, ce serait un désastre », dit l’Unrwa. En raison de l’impact sur les opérations humanitaires à Gaza, principalement.
En présentant le texte ce lundi soir, Yuli Edelstein, député Likoud, parti politique du Premier ministre Benyamin Netanyahu, a réitéré les accusations : « Il existe un lien profond entre le Hamas et l’Unrwa. C’est inacceptable », dénonce-t-il.
Cette version est répétée par l’ensemble des responsables israéliens. En début d’année, ces accusations ont même poussé les plus gros donateurs de l’Unrwa à suspendre leurs contributions. L’État hébreu affirmant qu’une vingtaine des 13 000 employés de l’agence à Gaza ont participé à l’attaque du 7 octobre 2023. Faute de preuves solides pour appuyer ces allégations, la plupart des donateurs ont depuis repris leur soutien, à l’exception notable des États-Unis.
Ce vote « viole les obligations de l’État d’Israël en vertu du droit international »
L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a dénoncé le vote « scandaleux » du Parlement israélien interdisant ses activités. « Il est scandaleux qu’un pays membre des Nations unies cherche à démanteler une agence de l’ONU qui s’avère être le plus important pourvoyeur des opérations humanitaires à Gaza », a déclaré à l’AFP la porte-parole de l’Unrwa, Juliette Touma.
« L’Unrwa est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base », a ajouté la porte-parole.
Cette mesure va entraîner l’effondrement de l’ensemble des structures humanitaires dans les territoires palestiniens, a dénoncé le porte-parole de l’agence onusienne, Adnan Abou Hasna, à la chaîne qatarie Al Jazeera Mubasher.
« Le vote du Parlement israélien (Knesset) contre l’Unrwa ce soir est sans précédent et crée un dangereux précédent. Il s’oppose à la Charte des Nations Unies et viole les obligations de l’État d’Israël en vertu du droit international. Il s’agit de la dernière campagne en cours visant à discréditer l’Unrwa et à délégitimer son rôle dans la fourniture d’une aide et de services de développement humain aux réfugiés palestiniens. Ces projets de loi ne feront qu’aggraver les souffrances des Palestiniens, en particulier à #Gaza, où les gens traversent plus d’un an d’enfer. Cela privera de l’éducation plus de 650 000 filles et garçons, mettant ainsi en danger toute une génération d’enfants », a écrit sur X chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarin.
L’Unrwa, créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie, et est considérée comme « la colonne vertébrale » de l’aide internationale à Gaza, en proie à un désastre humanitaire.
L’Autorité palestinienne « rejette et condamne » l’interdiction
Dans un communiqué, l’Autorité palestinienne « rejette et condamne » le vote de la Knesset. « Nous ne permettrons pas cela », a affirmé le porte-parole de la présidence de l’Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, estimant que « le vote écrasant par la soi-disant Knesset est une indication de la transformation d’Israël en État fasciste ».
RFI / Provinces26rdc.com
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