Marche de l’opposition : Voici les 7 leçons politiques à en tirer

On ne va pas se mentir ! La marche de l’Opposition congolaise, à l’exception notable de l’UDPS qui n’y a pas pris part, n’a pas été un succès. Loin s’en faut !
C’est loin de la mobilisation observée lors du retour de Jean-Pierre Bemba en août.
C’est encore très loin du triomphe réservé par les Kinois, à feu Étienne Tshisekedi en juin 2016.

Des dizaines de milliers des partisans, seulement, notamment de Ensembe (Katumbi), du MLC (Bemba), de l’UNC (Kamerhe), ont battu le pavé pour protester contre l’usage de la machine à voter lors des élections générales prévues le 23 décembre 2018. Et pourtant, les opposants déclarent que le peuple n’en veut pas.
Vient le temps de le démontrer, le peuple en question se fait discret !

Alors, eu égard à cela, quelles sont les leçons à tirer de cette marche ?

1. La messe est dite en ce qui concerne l’unité de l’Opposition.
Malgré leurs multiples déclarations publiques, selon lesquelles ils resteront unis pour concrétiser la première alternance pacifique au pouvoir, les opposants congolais ont démontré à la face du monde que leurs égos, leurs intérêts personnels sont toujours au-dessus de toute autre considération.
Car, comment comprendre que ceux-là qui ont affirmé travailler à la première alternance historique du pouvoir en RDC, en soient arriver à se quereller pour une divergence mineure avec l’un d’entre eux ? Tous sont d’accord que la machine à voter n’est pas bonne. Mais ils divergent sur la forme que doit prendre cette contestation. Pour les uns marche, pour les autres pas marche. Pour si peu, on sort des coutelas. Et là, on assiste à une guerre fratricide !
Même si Félix Tshisekedi, conforté dans son leadership de l’Opposition, a félicité ses  »partenaires » au sujet de la marche et leur a même demandé de rester unis ; l’unité si difficilement acquise, appartient au passé désormais.

2. La marche n’aura aucune incidence sur la machine à voter. Elle sera maintenue ! Ça ne fait l’ombre d’aucun doute. L’engouement observé lors de cette marche, n’a pas bouleversé les rapports de force politiques, pour que le pouvoir renonce à utiliser la machine à voter.

3. Il n’y aura pas de candidat commun de l’Opposition, malgré la promesse d’en désigner un au plus tard le 15 novembre, faite par les principaux leaders de l’Opposition.
Les intérêts divergent entre les validés d’une part (Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe), les invalidés d’autre part, et les exclus (Katumbi et Bemba).

Entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, c’est de la concurrence légitime. C’est une question de gestion des ambitions. Et celle-ci est toujours délicate.
Les deux ont des prétentions politiques fondées d’accéder à la magistrature suprême.
Pour que l’un s’efface au profit de l’autre, c’est quasiment impossible !
Que dira F. Tshisekedi à sa base, réputée bouillante, bruyante et brutale parfois, en cas de son désistement en faveur de l’ancien speaker de la chambre basse ?
Sa position sera intenable ! Il sciera à coup sûr, la branche sur laquelle est assis son jeune leadership. L’heure est à sa consolidation.

Pour Vital Kamerhe, pareil presque. L’expérience (ancien président de l’assemblée nationale et ancien ministre) parle pour lui, pour occuper le fauteuil présidentiel.
Ses partisans également verraient d’un très mauvais oeil qu’il se désistât en faveur d’un autre candidat. Ça risque de demobiliser les troupes et partant, avoir des conséquences fâcheuses sur les autres scrutins. Donc attention à l’effet domino du désistement.

Les exclus, victimes d’une grave injustice, il faut l’admettre avec courage et lucidité, ont un autre agenda que celui des validés.
Ils veulent coûte que coûte revenir dans le jeu politique, dont ils ont été arbitrairement écartés.
Pour eux, tous les prétextes sont bons pour bloquer le processus électoral, pourvu qu’ils y rentrent afin de briguer la présidentielle.
Ils sont donc prêts à tout pour empêcher la tenue des élections sans eux.
En cela, leurs intérêts ne concordent pas avec ceux des validés qui bénéficient objectivement de leur exclusion, dont par ailleurs, ils (validés)n’en sont responsables.

4. Le rejet de l’UDPS par une certaine frange de l’Opposition, offre une nouvelle opportunité à la Majorité de se rapprocher de Limete après les élections. Car en ce moment, l’UDPS est consciente que son atout politique, c’est sa relative virginité politique pour n’avoir jamais co-geré avec la Majorité Présidentielle.

5. Un risque de provoquer une augmentation du taux d’abstention des partisans de l’Opposition, blasés par les bisbilles entre opposants. Plusieurs se disent dégoûtés par le spectacle qu’offre les différentes factions de l’Opposition.

6. Les divisions dans l’Opposition ont donné à la Majorité Présidentielle un peu de répit. Pendant que les opposants sont occupés à se canarder, la MP poursuit son bonhomme de chemin.

7. La marche anti machine à voter du vendredi 26 octobre, consacre officiellement la fin du Rassemblement, plus grande plateforme née à Genval en Belgique, dont la mission principale était de faire respecter la Constitution !

Les conséquences négatives sur l’Opposition sont de loin importantes que les dividendes engrangés.
Mieux aurait fallu que l’Opposition n’organise cette marche, pour garder son unité de façade.
C’est trop tard hélas ! le mal est déjà fait.

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