L’ancien premier ministre, Adolphe Muzito, qui s’apprête à prendre la direction de la coalition Lamuka le 20 novembre prochain, a, au sujet de l’épineuse question du porte-parole de l’opposition qui divise sa plateforme, affirmé à Jeune Afrique que « par principe, je n’y vois pas d’inconvénient. Maintenant, dans la réalité, Tshisekedi et Kabila n’accepteront qu’un porte-parole qui sera en phase avec leurs intérêts », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : « On voit bien que, depuis 2007 et l’instauration de cette loi sur le statut de l’opposition, cette disposition n’a jamais été appliquée. Maintenant, nous avons besoin de plusieurs fronts de lutte. Si ce front-là peut exister, tant mieux ».
Adolphe Muzito estime que Martin Fayulu est sa dynamique est libre de s’opposer à la désignation du porte-parole de l’opposition. « Lamuka n’est pas un bloc monolithique, nous avons différentes sensibilités et les éléments d’appréciation peuvent évoluer. Si des camarades de Lamuka veulent exercer ce rôle-là, nous leur souhaitons bonne chance ».
Cependant, à l’image de Katumbi ou autres leaders de Lamuka, personne n’a la prétention de briguer le poste de porte-parole de l’opposition « parce que nous ne représentons pas la minorité, nous représentons la majorité. Nous devons faire la résistance dans toutes les couches sociales. À la limite on peut faire porte-parole de la résistance », a-t-il explicité.
« Combat pour la vérité des urnes » : fer de lance du mandat d’Adolphe Muzito à la tête de Lamuka
Dans la peau du futur président de Lamuka, Adolphe Muzitu, mise sur la continuité du combat pour la vérité des urnes. Il est connu pour ses accointances avec le candidat malheureux de l’élection présidentielle de décembre 2018, le président du parti Nouvel élan devra remplacer le président du Mouvement de libération du Congo (MLC) à la présidence tournante de Lamuka, à l’issue de la réunion des leaders de cette plateforme, annoncée pour ce mercredi 20 novembre. Au cours de son mandat de trois mois, l’ancien premier ministre va s’atteler à rafraichir la mémoire du peuple sur le fossé qui existe entre les promesses du pouvoir actuel et les réalisations. Il l’a dit dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique.
« Trois priorités s’imposent selon moi, tout d’abord la lutte pour la vérité des urnes. Informer le peuple sur l’écart entre les promesses faites et ce qui a été réalisé et lui démontrer la corrélation avec l’illégitimité du pouvoir. Un pouvoir illégitime ne peut pas travailler pour le peuple, seulement pour celui à qui il doit son pouvoir. Le combat pour la vérité des urnes est un combat éternel », a répondu Adolphe Muzitu.
Par ailleurs, le futur coordonnateur de la coalition Lamuka pense que la proposition de sortie de crise faite par Martin Fayulu est le remède qu’il faut pour mettre fin à la crise de légitimé dans laquelle le pays est plongé depuis la publication des résultats des dernières élections. Il soutient que cette proposition ne va pas à l’encontre du discours tenu jusqu’à présent sur la légitimité du pouvoir en place.
« On ne reconnaît pas le pouvoir en place parce qu’il est illégitime. Nous disons qu’il faut sortir de cette illégitimité et qu’il faut retourner aux urnes. Mais, pour ce faire, il faut des réformes. Et pour obtenir ces réformes, il faut instaurer un Haut conseil national des réformes institutionnelles (HCNRI) pour une période de dix-huit mois. Pendant ce temps, Tshisekedi et Kabila pourront gouverner le pays pour que ces réformes soient formalisées. Donc ce serait une reconnaissance mutuelle. L’intérêt supérieur de la nation exige que l’on travaille ensemble pour améliorer les choses », a-t-il soutenu avant d’affirmer que c’est une proposition qui n’est pas remise en cause par les leaders de Lamuka, jusque-là.
D’après Adolphe Muzito, la proposition de Martin Fayulu obligerait le président de la république, Félix Tshisekedi, à l’accepter au regard des tensions qui secouent son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila.
« Ce qui pourrait l’y obliger, c’est la situation de crise entre l’UDPS et le FCC. Regardez ce qu’il s’est passé à Kolwezi [où des affiches de Tshisekedi ont été brûlées et à Kinshasa]. Au départ, cela ne concernait que la base, mais l’opposition… pas républicaine », a-t-il souligné.
Le président de la république, Félix Tshisekedi, pour rappel, s’était déjà prononcé sur cette question au cours d’une conférence de presse tenue à Bunia ( Ituri), le 2 juillet 2019. Le chef de l’Etat avait déclaré qu’il ne voyait pas l’utilité d’une institution dénommée Haut conseil national des réformes institutionnelles (HCNRI).
« Les réformes ont des endroits pour être discutées. Fayulu est un élu. En allant au parlement, il peut emmener ce projet. Nous sommes en démocratie. Nous avons aussi la possibilité de refuser ou d’accepter ses propositions. Je ne vois pas l’utilité. Dans mon message du 30 juin, j’ai parlé des réformes, sans dire si je vais l’accorder à un individu. Moi, je ne vois pas l’utilité d’une autre institution ».
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