Les étudiants de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) pourraient compter sur l’implication de Pierre Lumbi dans le dénouement de la situation de crise qui prévaut depuis le 6 janvier sur leur campus. Chevronné des questions sécuritaires, Pierre Lumbi n’ignore pas les conséquences d’un soulèvement populaire sur la sureté de l’Etat. C’est à juste titre qu’il condamne énergiquement les événements malheureux, assortis d’extrêmes violences, survenus dans la première semaine du mois de janvier en cours sur « la Colline inspirée ». Dans sa lettre adressée au Chef de l’Etat, ce sénateur du Sud-Kivu juge inappropriée, injuste et disproportionnée, la sanction collective et globale du ministre de l’ESU contre les étudiants de l’ex-Lovanium.
A la suite du principe pédagogique qui postule que la sanction doit être proportionnelle à la faute commise, Pierre Lumbi passe sous scanner la décision du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), prise en guise de mesure conservatoire sur la situation à l’Unikin. Pour ce sénateur élu de la province du Sud-Kivu, l’option de sanctionner indistinctement n’est pas seulement disproportionnée, mais aussi et surtout inappropriée et injuste.
Dans sa lettre adressée au Président Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi souligne que ce châtiment collectif frappe à la fois les étudiants innocents et les auteurs présumés des émeutes du lundi 6 janvier, dont seuls les résultats des enquêtes sauraient prouver le statut d’étudiant. L’auteur de la correspondance au Chef de l’Etat sur la situation à l’Unikin ajoute que même des milliers de parents ayant consenti d’énormes sacrifices pour envoyer leurs enfants sur « la Colline inspirée », sont des victimes collatérales de cette mesure de fermeture.
Partant, le sénateur Lumbi n’accepte pas qu’une majorité soit punie à la suite de l’incivisme d’une négligeable minorité d’instigateurs de troubles que personne, au stade actuel de la situation, ne saurait dire avec exactitude que ces derniers étaient tous des étudiants régulièrement inscrits à l’Unikin. Sans prendre parti pour les étudiants, Pierre Lumbi exhorte le Gouvernement à rétablir l’ordre public, tout en plaçant le curseur sur l’équilibre entre la punition et le dialogue social, gage du retour d’une paix durable sur le campus universitaire.
Instruit par la triste expérience des années 1990 et 2000, marquées par des fermetures en série de certains établissements d’Enseignement supérieur et universitaire en RD Congo, l’élu des élus du Sud-Kivu demande au Président de la république, en sa qualité constitutionnelle de garant du bon fonctionnement des institutions du pays, de s’impliquer personnellement dans la sortie de crise à l’Unikin.
Au Chef de l’Etat, ce parlementaire ne demande donc pas mieux que de veiller de manière à éviter une longue période de fermeture de la plus grande université du pays. C’est dans ce cadre que l’expéditeur du courrier adressé à Fatshi exhorte Thomas Luhaka, le ministre de tutelle, à fixer une date précise de la réouverture de l’Unikin et la reprise du dialogue avec les étudiants. Forum des As publie en fac-similé, ladite missive.
ci-dessous intégralité du message
A Son Excellence Monsieur le Président de la République,
Excellence Monsieur le Président de la République, des informations à notre disposition attestent que des événements graves se sont déroulés depuis lundi 05/01/2020 à l’Université de Kinshasa.
Tout en reconnaissant aux étudiants la légitimité de leur droit de manifester, nous condamnons la violence qui s’en est suivie, avec mort d’homme. Elle est intolérable, et les coupables sont punissables!
Cependant, la sanction collective et globale prise par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire est non seulement disproportionnée mais inappropriée et injuste!
En effet, cette sanction punit à la fois et les étudiants innocents, et les fauteurs de troubles dont le statut d’étudiant reste à prouver ; même les parents qui ont consenti des sacrifices énormes pour envoyer leurs enfants à l’université!
Comme cela a été constaté, le comportement de la majorité des étudiants était pacifique, II est donc inacceptable que cette majorité soit punie à cause d’une infime minorité de fauteurs de troubles alors qu’il n’a pas été établi que ces derniers aient le statut d’étudiants régulièrement inscrits dans cette université.
Ainsi, nous invitons le gouvernement à rétablir l’ordre public tout en privilégiant l’équilibre entre la sanction et le dialogue.
Excellence Monsieur le Président de la République, nous tenons à rappeler que par le passe, entré 1985 et 2000, il a été procédé à des fermetures intempestives des établissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaires qui ont causé des dommages incommensurables dont notre enseignement porte, encore aujourd’hui, les stigmates.
Raison pour laquelle, nous en appelons à votre responsabilité, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions de la République de veiller à ce que cette fermeture ne se prolonge au-delà du temps strictement nécessaire pour le rétablissement de l’ordre public. Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire doit fixer une date précise de la réouverture de l’Université de Kinshasa et la reprise du dialogue avec les étudiants pour éviter de perturber, si pas de perdre l’année académique.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de nos sentiments distingués,
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