Plusieurs livres et une commission parlementaire cherchent à faire la lumière sur les dernières semaines de la présidence de Donald Trump, entre menace de coup d’état et de guerre civile.
La commission de la Chambre des représentants qui enquête sur les événements du Capitole le 6 janvier 2021 resserre son emprise sur l’ex-président Donald Trump et ses proches.
Au cours de la semaine écoulée, une cour d’appel de Washington a estimé que Donald Trump ne pouvait invoquer des privilèges présidentiels pour bloquer la transmission à cette commission de communications internes à la Maison Blanche. Son ex-chef de cabinet, Mark Meadows, comme d’autres anciens collaborateurs sont menacés de poursuites pénales pour refus de coopérer avec cette commission.
Les parlementaires ont déjà interrogé 300 témoins. Au centre de leur enquête, les manœuvres de Donald Trump pour renverser le résultat de l’élection de novembre 2020 et la possibilité qu’elles aient pu constituer une tentative de coup d’État.
Voici que l’on sait de ces semaines cruciales.
Trump persuadé de pouvoir rester à la Maison Blanche
Le rejet des résultats du vote du 3 novembre donnant la victoire à Joe Biden n’était pas qu’une coquetterie de mauvais perdant, mais bien la composante essentielle d’une stratégie réfléchie pour garder le pouvoir. Celle-ci s’est rapidement concentrée sur la cérémonie de certification des résultats de l’élection par le vice-président Mike Pence devant le Congrès, en principe une simple formalité.
Dès la mi-décembre, l’avocat John Eastman élaborait pour Donald Trump un plan précis visant à exploiter les failles de la loi sur le comptage électoral et à bloquer l’accession de Joe Biden à la Maison Blanche.
Sous pression, Mike Pence avait consulté Dan Quayle, l’ancien vice-président de George Bush père, qui lui avait assuré qu’il n’avait aucune marge de manœuvre légale et devait certifier la victoire de Joe Biden. « Vous n’imaginez pas dans quelle situation je suis », aurait alors dit Mike Pence, selon le livre « Peril » des journalistes Bob Woodward et Robert Costa.
Dans un palace de Washington, les 5 et 6 janvier, s’est constituée une « war room », une cellule stratégique de conseillers, dont le théoricien d’extrême droite Steve Bannon. Leurs contacts avec la Maison Blanche ont été fréquents.
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À la CIA, au Pentagone, la crainte d’un coup d’État
Le refus par Donald Trump de reconnaître sa défaite a fait naître la crainte qu’il n’utilise l’armée pour rester au pouvoir. L’idée qu’il puisse lancer une guerre dans ce même but a également donné des sueurs froides aux responsables militaires et du renseignement.
Le livre « Peril » relate une conversation entre la cheffe de la CIA Gina Haspel et le chef d’état-major Mark Milley quelques jours après l’élection du 3 novembre. « Nous allons tout droit vers un coup d’État fomenté par la droite. C’est une pure folie », aurait dit la cheffe espionne.
Risques de guerre
Comme « Peril », le livre « Betrayal » du journaliste de la chaîne ABC Jonathan Karl, évoque des projets de Donald Trump de frapper en Iran dans les dernières semaines de son mandat et la difficulté de ses conseillers et ministres à l’en dissuader, y compris un tout nouveau secrétaire à la Défense, Chris Miller.
La Chine aussi s’inquiétait de l’imprévisibilité du président américain dans ces semaines d’incertitude. Au point que le général Milley décide fin octobre d’appeler son homologue chinois pour le rassurer et éviter que les inquiétudes chinoises ne donnent lieu à un engrenage militaire. « Je veux vous assurer que le gouvernement américain est stable », a-t-il dit au général Li Zuocheng. « Nous n’allons pas vous attaquer ni mener d’opérations militaires contre vous ».
Déstituer Trump
Après le choc provoqué par l’attaque du 6 janvier contre le Capitole, plusieurs responsables républicains, y compris des membres du gouvernement, ont exploré les voies constitutionnelles pour démettre Donald Trump.
En vain. Mike Pence avait finalement certifié la victoire de Joe Biden dans la nuit du 6 au 7 janvier une fois les assaillants évacués du Capitole et le calme revenu dans la capitale fédérale. Mais il refusait d’envisager les mécanismes institutionnels qui auraient permis d’écarter le président.
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a alors appelé Mark Milley pour lui demander d’empêcher un « président instable » d’appuyer sur le bouton nucléaire. Conversation qu’elle avait immédiatement rendue publique. « Les boutons nucléaires sont sécurisés », lui a répondu le général, selon « Peril ». « Je peux vous assurer que cela n’arrivera pas ».
Puis le général Milley avait convoqué les plus hauts gradés américains. Les regardant dans les yeux, il leur avait demandé que tout ordre émanant de Donald Trump lui soit préalablement soumis.
sudouest / Provinces26rdc.net
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