C’était le 24 novembre 1965 que le général Joseph-Désiré Mobutu est arrivé au pouvoir au Congo-Kinshasa, après un coup d’État militaire, alors qu’il n’avait que 35 ans.
Le jeune officier avait promis de ne régner que pendant cinq ans pour restaurer la paix, avant de laisser le pouvoir aux politiques (civils).
Mais le « Grand Léopard » s’éternisera pendant 32 ans, avant d’être chassé, le 17 mai 1997, par Laurent-Désiré Kabila. S’il était encore au pouvoir, le maréchal aurait battu le record avec 56 ans de règne.
Même stratégie appliquée par Joseph Kabila lorsqu’il a succédé à son père le 26 janvier 2001. Dans son discours d’investiture, le Raïs avait annoncé qu’il se battrait bec et ongles pour réunifier le pays qui était émietté par des rébellions, avant d’organiser les élections « auxquelles je ne participerai pas ». Et bien, cinq ans plus tard, soit en 2006, il y a eu élections, et Joseph Kabila était, contrairement à sa parole, candidat à sa propre succession. Il est resté au pouvoir 17 ans, avant de passer le bâton à Félix Tshisekedi.
Pour revenir à Mobutu, quelques jours après son coup d’État, dans l’espoir de frapper les esprits, il avait prononcé un discours devant 30 000 personnes au stade Roi Baudoin (l’actuel stade Tata Raphaël). Concert de la Garde Républicaine, carrousel de motocyclistes de l’escorte présidentielle, démonstration de close-combat exécutée par des parachutistes, tout était fait pour tenir le public en haleine.
Lorsqu’il s’approche du micro, les ministres présents se lèvent pour le discours qu’ils écouteront debout jusqu’à la fin. Le nouvel homme fort, en chemise de parachutiste, col ouvert, explique les raisons de son coup d’État. Il en avait assez des conflits politiciens, de l’inertie administrative, de la corruption, etc. Il entendait désormais « balayer cette politicaille ».
Le général assure qu’il restera au pouvoir pendant cinq ans. « On pourrait, en 1970 dresser le bilan : le Congo d’aujourd’hui avec sa misère, sa faim et ses malheurs sera transformé en pays riche et prospère », avait-il promis, exhortant tous les Congolais à se « retrousser les manches » pour travailler.
Il faut noter qu’en octobre 1965, un mois donc avant le coup d’État de Mobutu, les tensions entre Kasa-Vubu et Tshombe étaient si vives que des rumeurs circulaient sur un affrontement, en pleine capitale, entre l’armée (fidèle au président) et des mercenaires (fidèles au Premier ministre).
Dans un discours en forme de réquisitoire, le chef de l’État avait alors fustigé Tshombe pour la sécession katangaise et sa corruption. Il lui avait surtout reproché d’être rejeté par l’Afrique entière pour son rôle dans l’assassinat de Patrice Lumumba, le dirigeant nationaliste assassiné en 1961.
Le député national Juvenal Munubo se souvient encore de cette date du 24 novembre 1965, et rappelle que « le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu prend le pouvoir par un coup d’état militaire. Pendant ses 32 ans de règne, cet événement (24 nov. de chaque année) était célébré avec faste, plus que la journée nationale (30 juin, jour de l’Indépendance) ».
Jean-Marie Kingombe ( un témoin de l’épopée Mobutu) estime quant à lui que le 24 Novembre est une date historique que nous ne devons pas occulter. « Tous ceux qui ont critiqué, vilipendé le régime de la 2e République n’ont pas fait mieux. Le débat continue. La paix, l’unité, le nationalisme et les grandes réalisations restent les acquis de la 2e République ».
Un autre Congolais pense plutôt que » s’il avait mieux fait, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui « .
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