Le premier, membre du gouvernement sortant, est arrivé en tête avec 35,9 % des voix. Le second, admirateur de Trump et Bolsonaro, confirme sa percée avec 30,5 %. Le second tour aura lieu le 19 novembre.
Le ministre de l’Économie, Sergio Massa, et l’économiste ultralibéral « antisystème » Javier Milei sont arrivés en tête, dimanche 22 octobre, du premier tour de l’élection présidentielle argentine et disputeront le second tour le 19 novembre, selon des résultats officiels partiels.
Sergio Massa, 51 ans, candidat du bloc gouvernemental (centre gauche) a surmonté le handicap d’une inflation record, arrivant en tête avec 35,9 % des voix, devant Javier Milei, 53 ans, à 30,5 %, qui confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans, selon les chiffres communiqués par l’Autorité électorale, avec 76 % des votes comptés.
Rarement depuis le retour de la démocratie il y a quarante ans scrutin aura été aussi incertain pour l’Argentine, troisième économie d’Amérique latine à l’inflation chronique, désormais parmi les plus élevées au monde (138 % sur un an).
Un « trumpiste » au second tour
Javier Milei, 53 ans, à 30,5 %, confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans. MATIAS BAGLIETTO / REUTERS
Javier Milei, économiste ultralibéral « anarcho-capitaliste », comme il se décrit, qui promet de « tronçonner » l’Etat, admire Donald Trump et nie la responsabilité de l’homme dans le changement climatique, a renversé la table en deux ans à peine en politique, au point de se trouver en tête des intentions de vote.
« Nous sommes préparés à faire le meilleur gouvernement de l’histoire », a déclaré M. Milei, un polémiste surgi des plateaux de télévision en 2021. Il suit depuis un fil rouge « dégagiste », contre la « caste parasite », selon lui les péronistes (centre gauche) et les libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. « Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste plus un ! », a-t-il lancé en clôture de campagne.
Selon les sondages, qui l’ont sous-estimé par le passé, M. Milei, 53 ans, était crédité d’environ 35 % d’intentions de vote, devant Sergio Massa (30 % à 31 %), ministre de l’économie de 51 ans et candidat du bloc gouvernemental (centre gauche), et Patricia Bullrich (26 %) de l’alliance d’opposition (centre droit), une ex-ministre de la sécurité de 67 ans sous le président libéral Maurico Macri (2015-2019). Pour être élu au premier tour, un candidat doit obtenir au moins 45 % des voix, ou 40 % mais avec 10 points d’avance sur le deuxième.
Massa, ministre de l’inflation, « plus politique que technicien »
Il peut paraître stupéfiant que le ministre d’une économie surendettée, à l’inflation parmi les plus élevées du monde (138 %) et dont la monnaie dévisse, soit qualifié pour le second tour. C’est tout l’art de Sergio Massa, 51 ans, élégant et amène avocat de formation, mais homme politique à temps plein depuis vingt-cinq ans, d’avoir tracé son sillon au point d’apparaître comme la moins mauvaise option pour un exécutif impopulaire.
Centriste, jadis libéral, il fut chef de cabinet de la présidente péroniste Cristina Kirchner, puis candidat à l’élection présidentielle en 2015 contre ces mêmes péronistes, avant de se rallier à eux. En 2022, il s’est vu confier un « super ministère », pompier au chevet d’une économie en soins intensifs.
Plus « politique » que technicien, homme de dialogue et surtout pragmatique, Massa a su manœuvrer en maintenant le dialogue avec le Fonds monétaire international (FMI) sur les ajustements requis. Tout en gardant l’oreille des syndicats, et sans déclencher d’incendie social. Mais sans enrayer le rognage du pouvoir d’achat. Un peu comme un médecin « qui n’a pas guéri la maladie, mais dont le malade n’est pas encore mort », railla Clarin, quotidien proche de l’opposition.
En campagne, il s’était évertué à dissuader du « saut dans le vide » avec M. Milei, à assurer que le pire de la crise est passé, avec la fin d’une sécheresse historique – qui a privé le pays de 20 milliards de dollars d’agro-export. Il a promis un « gouvernement d’unité nationale », gageure dans un pays polarisé.
Incertitudes économiques
Les Argentins ont appris à vivre avec l’incertitude du lendemain : 12,4 % d’inflation en août, 12,7 % en septembre (record mensuel en trente-deux ans) et des étiquettes de prix valsant d’une semaine sur l’autre. Et une lutte quotidienne pour déjouer les prix : achats en début de mois, jonglage entre divers crédits.
Le peso a dégringolé en deux ans de 99 à 365 pour un dollar au taux officiel – et près de 1 000 pesos au taux parallèle de la rue, véritable « baromètre de l’angoisse » des Argentins, selon M. Gedan. Et ils n’oublient pas le choc du lendemain de la primaire d’août, « répétition » de la présidentielle, qui avait vu la percée surprise de M. Milei (30 %) : le peso, sous pression, avait été dévalué de 20 %. « Lundi, l’Argentine continue (…) il faut transmettre de la tranquillité », a voulu rassurer dimanche Sergio Massa.
AFP / Le Monde / Provinces26rdc.com
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