Plus de peur que de mal. Alors qu’une convocation aux allures régulières a circulé sur les réseaux sociaux, depuis le lundi 7 septembre 2020, visant deux candidats malheureux à la présidentielle de décembre 2018, Martin Fayulu et le Pasteur Théodore Ngoy, des sources fiables du secrétariat du Parquet de la Gombe ont nié avoir établi cette double convocation. Une version confirmée par des sources sécuritaires qui auraient, par ailleurs, déjà contacté Martin Fayulu pour lui dire qu’il ne fait l’objet d’aucune convocation.
Les mêmes sources judiciaires ont soutenu que les canaux de convocation des justiciables ne passent nullement par les réseaux sociaux. C’est visiblement un fakenews sorti des officines qui ont tenté d’attirer l’attention de l’opinion publique sur ces deux acteurs politiques.
À ce stade, seul le pasteur Théodore Ngoy affirme avoir réceptionné ces convocations alors que Martin Fayulu confirme n’avoir rien reçu.
Le leader de l’Ecidé a-t-il été piégé par Me Ngoy ? Sinon, comment le pasteur Théodore Ngoy, professeur de droit et avocat de son état pouvait-il accepté de réceptionner une invitation adressée à Martin Fayulu alors que tout le monde, y compris l’huissier du Parquet, connait le domicile de ce dernier ?
Une blague de mauvais goût
Une chose est certaine, Martin Fayulu et Théodore Ngoy font l’objet d’une plainte de la part d’une association après avoir déclaré que le chef de l’État Félix Tshisekedi est passible de « haute trahison » pour violation de la Constitution après la nomination de nouveaux magistrats à la Cour constitutionnelle.
Le lundi 7 septembre, le pasteur Ngoy a avoué à la presse avoir réceptionné deux invitations, convoquant Fayulu et lui-même au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, ce mercredi 9 septembre 2020.
À en croire la lettre d’invitation adressée à ces deux personnalités politiques individuellement, les motifs de leur invitation leur seraient communiqués sur place. Du coup, le parti de Martin Fayulu, l’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), qui avait trouvé cette double invitation comme une provocation, menaçait déjà de descendre dans la rue afin de dénoncer ce qu’il qualifie d’« intimidation » vis-à-vis de leur leader. « À l’Ecidé, les deux invitations adressées au commandant du peuple, le président élu Martin Fayulu, ont été interprétées comme une déclaration de guerre politique et une provocation pour le peuple congolais », a estimé hier, son secrétaire général, Devos Kitoko. « Nous n’allons pas accepter et tolérer que notre liberté soit négociée et que la justice soit de notre pays soit instrumentalisée à des fins politiques pour régler des comptes à des adversaires politiques », a-t-il renchéri. Avant d’ajouter que « le président Fayulu est habitué aux attaques ».
Curieusement, alors qu’il est « convoqué » au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, ce mercredi 9 septembre 2020, selon la « fausse invitation », Martin Fayulu a rappelé, sur son compte twitter de mardi 8 septembre faire échec à tout individu ou groupe d’individu ; qui prend le pouvoir par la force, ou qui l’exerce en violation de la Constitution. « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la Constitution ». Nous devons « contrer toute tentative de dérive dictatoriale » en RDC
Il sied de rappeler que Martin Fayulu et Théodore Ngoy ont dernièrement pris position contre les nominations de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle par le président de la République, Félix Tshisekedi.
Allant plus loin, ceux-ci ont qualifié d’ « inconstitutionnels », plusieurs actes de Tshisekedi et auraient menacé de saisir le Parlement afin d’amorcer la procédure de sa destitution pour « haute trahison ».
Steve Kivuata sur la convocation de Fayulu : « Nous sommes surpris de ce volte face de la justice »
Le parquet ne reconnaît pas l’avoir invité contrairement à une convocation visiblement authentique qui a circulé sur les réseaux sociaux. Martin Fayulu, ancien candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, ne se présentera pas au parquet près la Cour d’appel de Kinshasa Gombe, ce mercredi 8 septembre 2020 comme annoncé.
Les proches de Martin Fayulu se disent surpris de cette annonce. Selon Steve Kivuata, porte-parole du coordonnateur de la coalition Lamuka, « le parquet a reculé et a eu peur de la colère populaire ». « La population était très mobilisée pour accompagner son président élu ce mercredi à la justice. Nous sommes surpris de ce volteface de la justice », a-t-il brièvement déclaré à la presse.
Steve Kivuata, porte-parole du coordonnateur de la coalition Lamuka
Pour rappel, Maître Théodore Ngoy et Martin Fayulu font l’objet d’une plainte du Centre de réflexion juridique de la lutte contre l’impunité (CRJLI), déposé le jeudi 03 septembre, auprès du Procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe pour provocation et incitation à des manquements envers l’autorité publique et offense au chef de l’État.
Ils accusent le chef de l’État d’avoir délibérément violé la Constitution en relevant de leur fonction deux juges de la Cour constitutionnelle en plein mandat. Théodore Ngoy propose ainsi au parlement de mettre en accusation le chef de l’État.
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