
En l’absence d’un calendrier électoral formel et public, le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a été accusé de naviguer à vue dans son pilotage du processus électoral en RDC.
Cette accusation a été portée le mardi 27 juin contre Corneille Nangaa par des journalistes, réunis pendant 2 jours dans un atelier de formation et de sensibilisation des professionnels des médias ayant pour thème: » Médias et élections en RDC ». Un atelier organisé du 26 au 27 juin par la CENI à travers son Centre d’informations électorales (CIEL) avec l’appui du PNUD notamment.
Premier intervenant lors de cet atelier, le président de la CENI, titillé par les chevaliers de la plume sur le défaut d’un calendrier électoral, a dit qu’il en avait bel et bien un.
Il a précisé aussitôt que le calendrier électoral n’est qu’une partie du chronogramme d’activités de son institution.
Rejetant toute accusation portée contre lui, le président de la Centrale électorale a fait remarquer aux journalistes, en formation au siège du CIEL dans l’immeuble ex Kin-Mazière, qu’il n’avait rien à cacher.
« On ne navigue pas à vue. On a un chronogramme « , a lancé Nangaa aux chevaliers de la plume.
Face aux doutes de son auditoire, après avoir un brin hésité, il a finalement promis de dévoiler le chronogramme mais à condition de ne pas être filmé.(on est en mode off).
Liant la parole à l’acte, il a déroulé le chronogramme d’activités de la CENI.
Une véritable mine d’or d’informations sur le processus électoral ce document de travail de la CENI!
1ère information: La présidentielle est prévue pour fin novembre 2018, le 29 exactement
2ème info: L’absence d’un projet référendaire, (un sujet qui divise pourtant la société)
Question: Pourquoi alors ne le rend-t-il pas public son calendrier électoral?
Corneille Nangaa répond qu’il travaille sur base de l’Accord du 31 décembre 2016.
Et que celui-ci prévoit que la date des élections soit fixée consensuellement par le Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA), le gouvernement et la CENI.
Sur l’échéance de la présidentielle contenue dans cet Accord politique, décembre 2017 au plus tard, Nangaa fait remarquer qu’il y a une incise juste après qui donne la possibilité aux 3 institutions précitées de repousser si nécessaire la date des 3 premières séquences électorales: présidentielle, législative et provinciale.
Le successeur de l’abbé Apollinaire Malu Malu, décédé le 30 juin 2016 aux USA, a aussi déclaré qu’il ne pouvait pas publier un calendrier irréaliste car en cas de sa non-réalisation c’est à lui que l’opinion demandera des comptes et non aux hommes politiques qui l’y poussent.
Dans son entourage on qualifie la date de la présidentielle en décembre 2017 de « date politique « , qui n’engage que les politiciens.
Tout en rappelant que l’échéance technique de la présidentielle, novembre 2018, avait été arrêtée par les experts de la Communauté internationale, particulièrement ceux de l’OIF avec le général Sangaré, et ceux de la CENI lors du Dialogue de la Cité de l’UA en octobre 2016; C. Nangaa a dit clairement que les délais des différentes étapes de son canevas sont incompressibles. Il s’agit notamment de la commande des bulletins de vote qui nécessite plus de 136 jours.
Cette commande sera précédée par la publication en janvier 2018 de la liste définitive des candidats.
L’accréditation des journalistes interviendrait elle en avril 2018 d’après le tableau de bord de la CENI.
Il ne comprend pas comment ce qui était déjà impossible de ramener la présidentielle de novembre 2018 à avril 2018, date politique, le serait avec l’échéance de décembre 2017.
Quelles étapes escamoter et quels délais raccourcir?
Le schéma vers les élections passe par les étapes suivantes d’après le document CENI:
1. Enrôlement des électeurs, 30 millions à ce jour;
2. Loi sur la répartition des sièges, à voter par le Parlement;
3. Commande (en principe par appel d’offre) du matériel électoral (urnes et bulletins notamment);
4. Déploiement du matériel électoral sur toute l’étendue du territoire national;
5. Recrutement, formation et déploiement des agents électoraux;
6. Vote et dépouillement;
7. Ramassage et agrégation des résultats;
8. Publication des résultats provisoires;
9. Contentieux
Toutes ces opérations ont des délais soit légaux, soit techniques, a précisé Nangaa.
D’ores et déjà la révision complète du fichier électoral ne sera bouclée comme prévue au plus tard en juillet 2017. Les troubles dans le Kasaï étant la principale cause.
Face aux appels de l’opposition et de la société civile qui demandent des élections en décembre 2017, la RDC voit s’éloigner l’objectif de réaliser des élections apaisées.
Une énième crise politique à résoudre dans le cadre du « dialogue permanent
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