Que se passe-t-il au sein de Transco, la société publique de transport de bus congolais ? L’ONG congolaise ODEP, a publié un rapport dénonçant des années de mauvaise gestion au sein de cette entreprise, voire même une « escroquerie d’État ». Elle réclame des enquêtes pour faire la lumière sur les raisons de sa mauvaise santé financière, alors qu’un plan de relance est en cours d’élaboration.
La sonnette d’alarme est tirée très tôt à Transco. En septembre 2014, la société d’audit KPMG fait un état des lieux et pointe de sérieux problèmes de gestion, parmi lesquels un structurel : l’absence de rentabilité lié au faible coût du ticket. Selon un rapport confidentiel, à l’époque, la toute jeune société publique dispose encore de quelque 500 bus, dont plus de 120 jamais utilisés, mais elle connaît déjà des soucis de traçabilité, entre autres, la gestion des stocks, de la trésorerie ou même le contrôle budgétaire ne sont pas « formalisés », note le rapport.
Il y a aussi des écarts entre les stocks annoncés et leur réalité. Pire encore, ce ne sont pas les pièces de rechange les plus vitales qui ont été commandées. Le résultat est que Transco doit se fournir au cas par cas et localement pour maintenir l’état de son parc. Envoyés pour aider à la création de la société, des « experts de la RATP », la société française de transport, ne vont pas tarder à claquer la porte, dénonçant eux aussi des malversations dans des notes internes rendus publics par la presse.
Un nombre de bus divisé par cinq
Six ans plus tard, il n’y a plus qu’une centaine de bus en activité. L’État doit remettre la main au portefeuille pour racheter 440 bus et relancer la société. Sans préjuger de la gestion passée, la direction actuelle pointe que le gouvernement n’a jamais payé l’intégralité des subventions prévues.
Elle ajoute que la société a perdu plus de 70 % de ses recettes depuis mai 2019 avec la construction des sauts-de-mouton et les embouteillages à Kinshasa, et plus encore depuis mars suite aux trois mois d’état d’urgence sanitaire lié à la pandémie de Covid-19, ce qui aurait empêché depuis toute maintenance du parc de véhicules.
Des discussions sont en cours entre le gouvernement et Transco sur la restructuration des dettes de la société, mais aussi de l’État à son égard et mettre en place un système de compensation. Parmi les dettes de la société, Transco ne paie plus les cotisations sociales patronales sur les salaires et les primes depuis des années, ce qui inquiètent les syndicats. La direction promet qu’il n’y aura aucune conséquence pour les employés.
Retards de salaires
Des agents de Transco ont décidé de monter au créneau. Ils disent cumuler des retards de salaires, mais aussi de primes et d’avantages pour des périodes allant de 6 mois à deux ans. « Les employés sont abandonnés, dans deux semaines, il y a la rentrée scolaire, ils ont des loyers, des charges à payer, il faut trouver de quoi manger », déplore Daddy Makambo Libulia du syndicat General Syndicale. « Il n’y a plus qu’un bus sur cinq en activité, il faut se poser la question, comment en est-on arrivé là ? »
Pour ce syndicaliste, les explications de la direction ne suffissent pas à expliquer la mauvaise santé financière de l’entreprise. Il dit avoir transmis deux mémorandums depuis un an au chef de l’État pour dénoncer des malversations, réclamer un audit sur la gestion de l’entreprise depuis 2013 et dit depuis subir des menaces et des intimidations.
De son côté, la direction assure que les primes et avantages ont été payés. Son directeur affirme également ne pas reconnaître M. Makambo Libulia comme président de la délégation syndicale de son entreprise. Le syndicat dit avoir contesté la révocation de ce dernier par Transco auprès de l’inspection du travail, estimant les raisons fallacieuses.
RFI /provinces26rdc.net
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