Droit vers un état d’urgence

Nous l’aurions indiqué plusieurs fois dans nos précédentes éditions. L’insécurité va crescendo sur l’ensemble du territoire, et plus particulièrement dans le Kivu, le Kasaï central et la ville province de Kinshasa, où jours et nuits l’on ne cesse de comptabiliser des cas de vol armé, de tuerie, de kidnapping et autres actes infrahumains perpétrés par des rebelles et autres personnes « non autrement identifiées » et qui auront déjà développé la peur et l’inquiétude au sein de la population. A cela s’ajoutent plus de 8 000 criminels évadés récemment des prisons à Kinshasa, Kasangulu, Kalemie et Beni. La situation prend tellement de l’épaisseur que les forces en charge de la sécurité et du maintien d’ordre public ne savent plus rien contenir, laissant ainsi libre cour aux autorités publiques à décréter un état d’urgence.

La coupe est presque pleine. Dans la province martyre du Nord-Kivu, la tragédie continue à Beni et environs, malgré l’« Opération sukola » menée par les Fardc. Les rébellions y ont considérablement un esprit de suite que les populations autochtones se résolvent à se dire que la situation est belle et bien entretenue par des personnalités politico-militaires qui mènent la dolce vitae à Kinshasa et ailleurs. Plus, à Goma, c’est le kidnapping d’enfants qui est à la mode depuis un bail. Plusieurs ont été égorgés par leurs ravisseurs, tandis que d’autres relâchés après versement des rançons exigées par ces derniers. Ce phénomène aura déjà gagné la ville de Bukavu dans le Sud-Kivu, où les parents lancent des cris d’alarme. Au lendemain de la libération de ses deux agents enlevés par des hommes armés à Lubero, dans le Nord-Kivu, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit attendre des garanties sécuritaires avant de reprendre ses activités dans cette parie du territoire national. L’organisation avait suspendu ses activités dans la province à la suite de l’enlèvement de ses agents. Elle va continuer l’analyse de la situation et de l’environnement avant toute reprise, a fait savoir le chargé de communication de la délégation du CICR à Goma, James Matthieu. « Nous voulons continuer à fournir de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin, mais nous ne pouvons faire cela que si nous recevons des garanties acceptables de sécurité », a-t-il indiqué.

Au Kasaï central, l’épisode « Kamuina Nsapu » semble être à mille diables de sa fin. L’insécurité y est signalée à tout bout de champ, presque chaque jour. Les autochtones en rébellion continuent à tirer sur tout ce qui bouge, à décapiter toute personne qui les aborde à l’effet de les dissuader à déposer les armes. La violence a atteint une intensité rare. Face à l’insécurité perpétrée par ces insurgés, les populations n’ont une autre solution que celle de vider les villages pour aller s’abriter ailleurs. Celles qui ne savent pas prendre le large, attendent d’être « fumées » à la Kalachnikov ou au fusil de chasse (calibre 12). En l’espace dix ans, le Kasaï central, havre de paix depuis plus de quarante ans, s’est transformé en zone de conflit. Depuis la mort du chef Kamuina Nsapu, on dénombre plusieurs milliers de morts, au moins quarante-deux fosses communes et plus d’un million de déplacés. Des sources indiquent que l’insurrection se double de conflits interethniques instrumentalisés à des fins politiciens.

A Kinshasa, au phénomène Kuluna que les forces de l’ordre peinent à contenir, s’ajoutent avec force le banditisme et le terrorisme commis par des bandits armés et des kidnappeurs qui marquent la ville depuis peu. Tous ces malfaiteurs braquent de paisibles citoyens, les dépouillent de leurs biens, les malmènent, les tuent…gratos. Les patrouilles policières et militaires organisées à cet effet tombent dans les mauvaises mœurs décriées par les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Aussi, dans d’autres parties du territoire national, des sources indiquent-elles des cas d’insécurité commis par des hommes en uniforme et autres « non autrement identifié ». C’est le cas, entre autres, de l’Ituri, de Haut-Uélé, de Bas-Uélé, de Tanganyika… Dans cette province issue du démembrement de grand Katanga, plus de vingt mille déplacés internes ont été enregistrés à Moba, a rapporté vendredi 16 juin à Radio Okapi, l’administrateur de ce territoire, François Kazembe. Selon lui, ces personnes cantonnées dans plusieurs villages ont fui les conflits communautaires entre les Pygmées et les Bantous à Moba, Kalemie et Nyunzu en mars et avril derniers.

A tout prendre, la situation sécuritaire est telle que d’ici peu la coupe pourrait déborder, poussant le gouvernement à prendre des mesures musclées du genre état d’urgence. Ici, on ose croire que ce n’est pas dans la stratégie de la majorité, tel que d’aucuns l’indiquent

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