Le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu a condamné, à une peine de prison à perpétuité, le chef milicien Masudi Alimasi Frédéric alias Koko-di-Koko pour des exactions qu’il a commises à Kabikokole, Keba, Wameli, Kamungini, Geuza, Bimpanga et bien d’autres villages du territoire de Shabunda. Le jugement ayant étant rendu ce mardi 19 novembre 2019 au siège du Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu, à plus d’une centaine de Kilomètres de la victime la plus proche, l’énigme plane sur la formule par laquelle les différentes victimes seront informées du sort de leur bourreaux.
S’il a été démontré que dans un dossier de violence sexuelle, la condamnation l’auteur fait partie intégrante du processus de guérison de la victime, le dossier Koko-di-Koko semble avoir une ampleur un peu différente.
En effet, bien que le prononcé du jugement se soit passé dans une audience publique, il y a lieu de constater l’absence quasi-totale des victimes des exactions imputées à Masudi Alimasi alias Koko-di-Koko ainsi qu’à ses compagnons. Habitant des villages perdus au cœur de la forêt, à Mwenga et à Shabunda, les populations victimes sont si pauvres qu’elles ne pouvaient pas se déplacer pour venir assister au prononcé du verdict contre leurs bourreaux.
A cet effet, le gap aura persisté si la décision n’est pas bien explicitée aux populations victimes en ce sens qu’elles ont pris le risque de se constituer parties civiles croyant voir les malfrats répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.
Des avocats des parties civiles dans le procès Koko di Koko. Ph. Laprunellerdc.info
Ce problème, qui ne semble pas avoir trouvé satisfaction à l’occasion même du prononcé du jugement, peut être résolu par des bonnes pratiques découlant de la coutume des conseils des parties civiles. A en croire Me David Bugamba, avocat des parties civiles et coordinateur de la Clinique juridique de la Fondation Panzi, un tas de mesures a été mis en place pour que les victimes soient informées des différentes peines qui ont incombé à leurs bourreaux, mais également des frais qui leur ont été alloués en termes de dommages et intérêts.
Pour Me. Bugamba, la charge de l’avocat ne s’arrête pas à assister son client lors des comparutions devant le magistrat. Elle s’étend aussi, a-t-il fait savoir, à expliciter à son client les décisions prises par le juge. A cet effet, les conseils de la défense s’emploieront à descendre dans les différents villages, tant eux-mêmes que par le biais de leurs auxiliaires, pour élucider la teneur du jugement rendu aux différentes victimes.
« Après cette étape, bien-sûr que nous avons des points focaux, nous avons des para-juristes, mais nous-mêmes avocats nous ferons des descentes pour expliquer le contenu de ces décisions », a-t-il renseigné au reporter de Laprunellerdc.info.
Par ailleurs, l’avocat s’est félicité du fait que les juges du Tribunal Militaire, dans le secret du délibéré, ont tenu compte de la demande de réparation qu’ont formulée, dans leur note de plaidoirie, les avocats des parties civiles ; une nouvelle qui fera sans doute du bien aux victimes. Pourvu que ce jugement soit accompagné de la matérialisation.
Rappelons que le seigneur de guerre Masudi Alimasi a écopé d’une peine à perpétuité et deux de ses co-prévenus, Mwilo Katindi et Samitamba Mekese alias Kaburi Wazi, ont été condamnés à des peines de 15 et 20 de servitude pénale. Solidairement avec l’Etat Congolais, les trois insurgés sont sommés d’allouer des dommages-intérêts, en termes de réparation, aux victimes qui se sont constituées parties civiles.
Signalons que le montant de dommages-intérêts varie d’une personne à une autre en fonction du préjudice qu’il a subi. L’Etat congolais, ne s’étant pas sorti d’affaire, est condamné d’avoir péché par négligence en assistant pas les populations civiles au moment de leur détresse, pendant qu’il était alerté par le biais de ses services.
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