Trois militaires de Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été condamnés, ce samedi 5 octobre 2024, à mort pour vol à mains armées par le tribunal de garnison de Beni, dans un procès en flagrance dans la province du Nord-Kivu (Est du pays).
« Le tribunal condamne les trois prévenus à la fois à la peine à perpétuité pour violation des consignes et à la peine capitale pour vol à mains armées, faisant application de l’article 7 du Code pénal militaire. Le tribunal les condamne à la seule peine unique, la plus forte qui est la peine de mort », a dit dans le prononcé, le capitaine-magistrat Jean Ndombe Kitupu, président du tribunal militaire de garnison de Beni.
Le tribunal, a-t-il ajouté, a aussi condamné ces militaires au paiement en francs congolais de la somme équivalent à 15.000 USD (quinze mille dollars américains).
Les trois militaires de 1ère et 2ème classes condamnés, ont vandalisé, le jeudi 03 octobre dernier, une maison de transfert d’argent, située dans le quartier Malepe, de la commune de Beu, dans la ville de Beni d’où ils ont emporté la somme de 2.000.000 FC (deux millions de francs congolais) et de 2.000 USD (deux mille dollars américains) ainsi que trois téléphones portables qui servaient au transfert d’argent.
« Nous sommes en moitié satisfaits, d’autant plus que les bandits qui avaient vandalisé le shop de notre client, qui travaillait pour l’intérêt de la population, ont subi la rigueur de la loi », a déclaré Me Philémon Ndambi wa Ndambi, l’un des avocats de la partie civile.
Pourtant, a-t-il ajouté, cet opérateur économique paie ses taxes dues à l’Etat. « Mais au-delà, de ça nous voudrions qu’il y ait réparation des préjudices subis (…) », a dit cet avocat.
Les trois militaires condamnés appartiennent au 33ème bataillon militaire. Il s’agit de Dieu Merci Amando, Samy Kongo et Jonas Tambu qui ont été mis à la disposition du ministère public.
Nord-Kivu : entre l’activisme du M23, les velléités des ADF et la défense des Fardc et des Wazalendo, le territoire de Lubero dans une psychose permanente
La population du territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, reste dans une psychose permanente. Le territoire est coupé en plusieurs morceaux, contrôlés d’une part par les Forces armées de la RDC qu’appuient les Wazalendo, et de l’autre par les groupes armés qui sèment la terreur et la désolation à la population.
D’abord les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Ils contrôlent les grandes agglomérations et villages stratégiques, situés au sud du territoire de Lubero. Ils y règnent en maîtres et établissent leur administration. Dans ces zones, les populations sont régulièrement victimes des violations des droits de l’homme. Malheureusement, il n’y a pas d’opérations militaires pour les déloger. Les Forces armées de la RDC observent le cessez-le-feu tel que demandé par la feuille de route de Luanda et les accords conclus dans le cadre du processus de Nairobi.
Les ADF élargissent leur influence
L’autre groupe, ce sont les Forces démocratiques alliées. Ils sont les plus violents dans les territoires de Beni, Mambasa et Irumu (Ituri) où ils sont accusés d’être les auteurs des massacres de centaines de civils depuis une décennie. Ce groupe armé d’origine ougandaise affilié à l’État islamique a élargi son champ d’action vers le territoire de Lubero. Ses premières actions remontent au mois de juin 2024 dans le secteur de Bapere, après avoir simultanément attaqué plusieurs villages (Masala, Keme, Masau…) près de Cantine, groupement de Baswagha-Madiwe.
D’après les sources militaires, le groupe ADF qui cherche à s’installer dans ce secteur, est dirigé par Ahmed Mahmoud Hassan, reconnu sous le nom de Abuwakas. C’est le Sheikh en chef ou maître du camp. Il a fui les offensives de la coalition des Forces armées de la RDC (FARDC) et des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) dans la partie Est de la RN4, en territoire de Beni. C’est son groupe qui continuerait à mener des attaques à l’ouest, au bord de la rivière Asefu-Ituri, au nord de Lolwa, dans le territoire de Mambasa, en Ituri voisin.
Les Wazalendo : une autre menace oubliée !
Depuis l’avancée des rebelles du M23 vers le Grand Nord de la province du Nord-Kivu, plusieurs groupes armés dits d’autodéfense ont vu le jour dans la province du Nord-Kivu. Les Wazalendo, « Patriotes » en Swahili, est un terme générique désignant des groupes d’autodéfense, constitués de civils engagés pour la défense de leur pays, et de combattants de milices armés convertis en supplétifs des FARDC. Les premiers groupes de Wazalendo apparaissent à la suite de l’appel de Félix Tshisekedi du 3 novembre 2022, demandant à la jeunesse congolaise d’organiser des groupes de vigilance et de soutenir les forces armées de la république contre le mouvement du 23 mars (M23). Ces groupes armés élargissent petit à petit leur influence, jusqu’à sortir de l’objectif, la défense de la partie. Parfois, ils s’affrontent entre eux et les civils en payent des conséquences.
De la défense populaire à l’exploitation de l’or
Dans le secteur de Bapere, au moins 6 groupes armés locaux y sont actifs et se sont installés dans des carrées minières. Ils y règnent en maîtres et excellent dans des violations graves des droits de l’homme.
Le Nduma Defense of Congo/Rénové (NDC/R) de Guidon Shimiray Mwissa contrôle plusieurs carrés miniers dans la partie nord-ouest de de Manguredjipa, jusqu’à la rivière Lindi. Il est dirigé dans la zone par un certain Arobase, accusé de plusieurs cas de tracasseries envers la population. Il s’est déjà donné le monopole du commerce de certains produits comme le tabac, le chanvre, les boissons fortement alcoolisées etc. Il menace à mort des leaders locaux et activistes de la société civile qui tentent de s’opposer à ses exigences. Mais aussi, il est accusé de traitements inhumains et dégradants, arrestations arbitraires des responsables des coopératives minières à qui il exige des amendes payables en nature, l’or…
Le Front des patriotes pour la paix/Armée du peuple (FPP/AP) du général autoproclamé Kabido est très actif dans le sud du secteur de Bapere. Il contrôle les carrés de Fungulamacho, Matiba, Itika, Ombole, Robinet… Il fait payer des taxes illicites et a pris le monopole du commerce de certains produits dans sa zone d’influence.
L’Union des patriotes pour la libération et le développement (UPLD) est constituée en majorité du peuple Kumu. Dirigé par un certain Shokoro, il est positionné à Isange au nord de Manguredjipa, même-si son État-major se trouve dans la Tshopo. C’est un groupe qui a fait son entrée dans le Bapere lors de l’arrivée des ADF dans la zone.
L’Union des patriotes pour la libération du Congo (UPLC) est située précisément dans le village de Kambau, groupement de Bapakombe-Bapere. Ils ont également plusieurs barrières illicites sur la route à Byambwe et Liboyo. Les usagers sont obligés de payer entre 1 000 et 5 000 Francs Congolais avant tout passage. Ils font également payer d’autres taxes dans les carrés miniers de Kasopo, Dela, Bilulu, Lubumbashi, Makumo…
Les Maï-Maï Lamuka d’un certain Mangaribi sont positionnés à Mabuo, dans le nord-ouest de Manguredjipa, après plusieurs affrontements avec les NDC/R pour le contrôle des espaces.
Le dernier groupe, c’est l’UDECO, dirigé par un certain Saddham. Composé de plus de 250 jeunes, majoritairement du clan Piri, ce groupe armé cherche à défendre la population contre « l’esclavage » de NDC/R. Il se positionne aux environs de l’agglomération de Manguredjipa.
Une confusion dans les opérations conjointes FARDC-UPDF
Autant de groupes armés dans la zone, une confusion règne au sein de la population. Ils sont susceptibles de gêner les opérations menées conjointement par les forces de la coalition FARDC-UPDF. Ces groupes des Wazalendo vivent dans les mêmes zones où se déroulent des incursions des ADF. Les opérations conjointes FARDC-UPDF visent uniquement les ADF, mais la présence de ces groupes crée la confusion, déplorent les Forces armées de la RDC.
Lors de son séjour dans le secteur de Bapere, le général-major Bruno Mandevu, commandant du secteur opérationnel Sukola 1 Grand Nord, a échangé avec plusieurs couches de la population. Les notables, chefs coutumiers, membres de la société civile et associations féminines ont exposé les défis sécuritaires dans la zone. L’autorité militaire a également reçu en audience les Wazalendo à qui elle a demandé de quitter la zone avant le lancement des opérations contre les ADF. Il leur a demandé de regagner leurs États-majors connus par les autorités en attendant le contrôle biométrique.
ACP / Provvinces26rdc.com
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