RDC : Un nouveau président face à de multiples défis économiques ( Félix Tshisekedi )

Le nouveau président de la RDC fait face à de nombreux challenges, notamment sur le plan économique

La compétitivité des entreprises publiques et sociétés de l’État, la modicité de la mobilisation des recettes, l’efficacité du secteur bancaire, la requalification des paramètres environnementaux ainsi que l’amélioration du pouvoir d’achat des Congolais, tels sont quelques défis auxquels Félix Tshisekedi et ses services doivent prioritairement faire face, afin d’espérer redresser le secteur économique de la RDC.

Certes, la tâche ne sera pas facile, mais avec un peu de volonté et d’abnégation, le nouveau leadership congolais est capable de surprendre agréablement. Surtout quand on sait que Félix Tshisekedi a hérité des actifs et passifs d’un des pays les plus pauvres du monde, selon l’indice de développement des Nations unies.

Ce que le nouveau président de la RDC doit retenir est que les Congolais, en se rendant aux urnes, ont cru avoir voté pour le changement et espèrent une amélioration de leur niveau de vie. Pas autre chose. D’autant plus que pendant la campagne électorale, le vainqueur de la présidentielle a promis d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et partout à travers le pays. Un projet ambitieux quand on sait qu’en RDC, les trois quarts de la population vivent avec à peine un euro par jour. Un pays où des fonctionnaires demeurent impayés pendant plusieurs mois.

Des indicateurs encourageants

Le cadre macroéconomique indiquant des chiffres encourageants, la nouvelle équipe qui accompagne le président doit tout mettre en œuvre pour que ces chiffres croissent davantage. Ce qui permettra à l’économie congolaise d’envoyer des signaux forts au reste du monde.

Les statistiques indiquent que l’année 2018 par exemple, a été marquée notamment par la stabilité des prix sur le marché des biens et services, le taux d’inflation ayant baissé de 54,7 % en 2017 à 7,2 % en 2018, à la faveur de la mise en œuvre des mesures de stabilisation par le gouvernement et la Banque centrale du Congo.

Le taux de change, lui, est resté relativement stable au cours de l’année 2018. Sur le marché interbancaire, le franc congolais n’a perdu que 2,7 % de sa valeur face au dollar contre une dépréciation de 23,7 % et 2017 et 23,9 % en 2016. Quant au taux de change, il est passé de CDF 1592 le dollar américain en 2017 à CDF 1635 au 31 décembre 2018. Les réserves de change étaient à 913 millions USD au 31 décembre 2018. En ce qui concerne les finances publiques, elles connaissent une « situation provisoire équilibrée ».

Tous ces chiffres indiquent que si les efforts sont fournis dans le sens de promouvoir une gouvernance citoyenne, le continent africain peut compter sur la RDC pour son décollage.

La stabilité du cadre macroéconomique ne doit pas continuer à être un slogan creux tel que les Congolais l’ont vécu durant des décennies. Les services compétents ont l’obligation de travailler en faveur d’un cadre macroéconomique meilleur, un environnement économique où n’importe quel investisseur sérieux peut s’engager sans crainte.

Ne rien oublier

Le secteur des infrastructures ne peut en aucun cas être relégué au second plan car, d’après certains experts, les infrastructures constituent l’une des priorités d’un pays qui aspire à l’émergence.

Nul n’ignore que quelques efforts ont été fournis il y a quelques années, dans le cadre de la mise en œuvre de la « révolution de la modernité » prônée par l’ex Chef de l’État, Joseph Kabila, pour la réhabilitation et la modernisation des infrastructures de base du pays, afin de consolider l’intégration économique du pays.

Qu’à cela ne tienne, le nouveau leadership a l’obligation de résultats dans un secteur des infrastructures où tout est à refaire ou presque.

La RDC dispose de plusieurs atouts dans le secteur des infrastructures dont 238.935 km de routes ; 5.033 km de voies ferrées ; 500 pistes d’atterrissages, 270 aérodromes dont 101 ouverts à la circulation publique, 164 aérodromes privés et 5 aéroports international. Le pays dispose de 25 aéroports dotés des pistes revêtues ; 16.238 km de voies navigables ; 2.513 km linéaires de ponts dont 1.965 ponts ; 89 centrales hydroélectriques et plusieurs autres ressources renouvelables.

Des mouvements de grève et autres arrêts de travail enregistrés ça et là à travers le pays suite au non paiement de salaire des agents dans le secteur public et le secteur privé, doit aussi attirer l’attention des nouveaux dirigeants du pays. Une oreille attentive doit donc être accordée aux problèmes liés aux conditions sociales des travailleurs. C’est de cette manière que le pays peut être reconstruit. La restructuration des entreprises de l’État, les corrections dans le cadre de la réforme des entreprises du portefeuille ne doivent surtout pas échapper à la touche des experts du gouvernement.

Ici, allusion est faite aux sociétés telles que la régie de distribution d’eau (Regideso), la société nationale d’électricité (Snel) et autre où, depuis plusieurs années, l’État n’a fait que remplir des bureaucrates en lieu et place des techniciens. Ce qui, pendant longtemps, a rendu des très mauvais services aux abonnés qui, pourtant, doivent constituer la priorité de ces entreprises de l’État.

Construire une économie forte

Des analystes soutiennent que les différentes crises qu’a connues la RDC ont rendu improductif les entreprises publiques. Ces multiples et diverses instabilités politiques ou économiques, indiquent-ils, ont poussé l’État congolais à penser à mettre sur pied de nouvelles structures d’intervention pour renverser la tendance. Parmi les structures mises en place par l’État avec l’appui des partenaires, l’on peut citer le comité de pilotage de la reforme des entreprises publiques (COPIREP).

Une structure mise en place aux termes des décrets n°136/2002 du 30 octobre 2002 et 04/07 du 20 mai 2004 par le conseil du gouvernement, chargé de conduire la politique de la réforme des entreprises publiques surtout dans les secteurs considérés rentables pour l’État : mines, énergie, transports, télécommunications et finances.

Le plan de réforme des entreprises publiques de la République démocratique du Congo (RDC) a enfin été mis en œuvre par le premier ministre avec la signature, le 28 avril 2008, des décrets d’exécution des quatre lois promulguées en juillet 2008 par le chef de l’État dont la loi n° 08/007 du 07 juillet 2008 portant réforme des entreprises publiques congolaises.

Ce plan de désengagement progressif de l’État a amené le changement de statuts de près d’une cinquantaine d’entreprises publiques congolaises, dont 20 ont été transformées en sociétés commerciales, cinq autres en établissements publics, cinq en services publics et quatre ont été dissoutes ou liquidées.

Selon la démarche du gouvernement, il ne s’agit donc pas de privatisation mais de mesures qui, à terme, conduiront à un processus de désengagement progressif de l’État dans les entreprises publiques. L’objectif majeur des lois votées par le Parlement est d’insuffler une nouvelle dynamique et la compétitivité aux entreprises du portefeuille de l’État qui sont, dans leur état actuel, un poids plus qu’un moteur de l’économie nationale.

A cet effet, des dispositions seraient déjà prévues par le législateur pour l’intégration du personnel des entreprises dissoutes dans la fonction publique et un fonds spécial a été constitué pour résoudre les problèmes sociaux qui ne manqueront pas de surgir de cet important mouvement de transformation du portefeuille de l’Etat.

Félix Tshisekedi doit donc s’inspirer du modèle des dirigeants des grandes démocraties du monde pour espérer mieux gérer et laisser une empreinte indélébile après son mandat. Il devra constamment se souvenir du célèbre principe qui a toujours guidé son père biologique, politique et idéologique, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, à savoir : le peuple d’abord.

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