Cette monnaie commune pour les pays de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest devait entrer en vigueur en 2020. Ce lancement est reporté. Le sommet des chefs d’État de la région ce lundi à Niamey en a pris acte.
Les pays doivent maintenant élaborer une nouvelle feuille de route. Aucune date avancée pour le moment. Les partisans de la monnaie unique ont vu leurs projets perturbés par le coronavirus. La pandémie de Covid-19 est venue bouleverser un calendrier que beaucoup jugeaient déjà difficilement tenable.
À l’heure où les économies ouest-africaines se préparent à affronter une année de récession, ou au mieux de croissance faible, lancer la monnaie unique aurait été bien trop compliqué et trop risqué. D’autant que les institutions comme la Banque centrale fédérale ne sont toujours pas en place et les États de la zone sont toujours incapables de respecter les critères de convergence nécessaires à la création de la monnaie unique. Les pays n’étaient pas prêts, résume l’économiste sénégalais Moubarack Lo, directeur général du bureau de prospective économique du Sénégal.
« L’important, c’est d’assurer une bonne transition, juge-t-il. Parce qu’aujourd’hui, on est dans une transition avec la refonte des accords avec la France. Il y a des réformes à faire dans le cadre de l’Uemoa [‘Union économique et monétaire ouest-africaine], en termes de flexibilité, en termes d’ancrage… Sur toutes ces questions-là, l’Uemoa devra faire des efforts dans le futur. De la même manière, les autres également devront faire des efforts en termes de convergence, notamment en termes d’inflation. Si les taux d’inflation des pays sont très différents, bien évidemment, ça ne va pas faciliter la convergence. »
On s’attendait à cette décision. D’abord parce qu’on est pas prêts. Tout le monde est aujourd’hui d’accord sur l’objectif. Il y a des différences qui persistent sur l’approche et sur le calendrier…
La pandémie est venue compliquer le respect de ces critères, à tel point que les États de la Cédéao s’en sont eux-mêmes exemptés pour cette année. La priorité des pays de la zone étant d’abord de relancer leurs économies meurtries par la pandémie.
Le report pourrait durer. Néanmoins, la querelle qui divise la Cédéao entre d’une part les pays de la zone franc et les autre est provisoirement enterrée. La zone CFA va poursuivre sa mutation, c’est à dire la création d’une monnaie à laquelle la France ne participe plus qu’en offrant sa garantie de change.
Le report vu de Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire, qui se targuait il y a un an de respecter ces critères, table sur une croissance quasi-nulle cette année, rapporte notre correspondant Pierre Pinto. Elle devra consacrer l’année prochaine à relancer son économie. C’est le cas de nombreuses autres économies de la région, déjà moins dynamiques avant le Covid-19. La Cédéao met donc ces critères de convergence entre parenthèses, cette année au moins.
« L’Eco en tant que monnaie scripturale ou fiduciaire ne pourra pas voir le jour avant une période de trois à cinq ans, a déclaré Alassane Ouattara ce lundi, de retour du sommet de la Cédéao de Niamey. Pendant cette période, nous continuerons d’utiliser le Franc CFA, qui est une bonne monnaie appréciée de tous, et surtout des pays voisins. »
RFI /provinces26rdc.net
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